Leçon numéro 1 pour recevoir la grâce d’après l’Ancien Joseph l’Hésychaste

joseph l'hésychaste

 

 

 

 

 

 

Extraits de la lettre numéro 9 de Saint Joseph l’Hésychaste

(…)

Sache en premier mon enfant que tout ce qui est bon (ou encore : tout bien) a son origine en Dieu. Il n’y a pas une pensée bonne qui ne vienne de Dieu ; de même toute pensée mauvaise vient du diable. Ainsi, tout ce que tu penses de bien, toute bonne parole que tu prononces, toute bonne action que tu effectues est un don de Dieu. Nous n’avons rien qui nous soit propre.

Toute personne qui désire recevoir la grâce (la grâce divine) – et Dieu veut la donner gratuitement – doit comprendre de façon correcte en quoi consiste la nature de son existence.  « Connais-toi toi-même ». C’est une vérité première. Toute chose possède son principe (qui est à son origine). Si tu ignores ce qu’est l’origine alors la fin peut être déplorable.

La vérité première pour chacun d’entre nous est que chacun d’entre nous comprenne qu’il n’est rien, il est zéro (nullité), et que tout ce qui est venu à l’existence est sorti du néant « Car Il n’a eu qu’un mot à dire et ils ont commencé à exister, Il a ordonné et ils ont été créés » Ps. 148 :5.  Il a dit une parole et la Terre fut. Il prit de la poussière du sol (de l’argile) et il a façonné l’Homme. Sans l’âme et sans la conscience (l’intellect), l’homme n’est que de l’argile. C’est ce dont tu es fait. C’est notre état à nous tous : nous sommes terre et poussière.

C’est la leçon numéro 1 pour celui qui non seulement veut recevoir la grâce mais qui souhaite qu’elle demeure en lui en permanence. De cette leçon on obtient la connaissance complète et exacte. De cette leçon naît l’humilité ; non pas des paroles creuses sous une forme modeste, mais comme celui qui possède un fondement solide pour proclamer ce qui est vrai : « Je suis terre, je suis poussière, je suis argile » (…)

Mais le Seigneur t’a accordé une âme vivante et voici que tu es un homme sage, tu parles, tu travailles, tu écris, tu enseignes…mais n’oublie pas qu’à la base tu es poussière et que si Celui qui t’a donné ton âme la reprend, tu redeviens de la matière avec laquelle on construit les murs ; c’est pourquoi « Souviens-toi de ta fin dernière et tu ne pècheras plus ».

Cela est le premier moyen non seulement pour attirer la grâce mais pour la garder et la rendre plus abondante…si on ne commence pas ainsi, l’homme va recevoir un peu de grâce qu’il perdra (par la suite) car il ne construit pas sur un terrain solide mais il suit des chemins qui sont le reflet de sa volonté propre…

Sources : Biographie et lettres de l’Ancien Joseph l’hésychaste. A partir de la version arabe présentée par l’Archimandrite Touma (Bitar) higoumène du monastère saint Silouane à Douma au Liban.

En français on peut trouver cet ouvrage aux Editions de l’Age d’Homme.

 

 

L’Ancien Joseph l’Hésychaste (1898-1959) est l’une des figures majeures de la spiritualité orthodoxe au xxe siècle Il fut, au Mont-Athos, le principal restaurateur du mode de vie hésychaste, en particulier de la « prière de Jésus ». Ses disciples peu nombreux, mais remarquables ont, après sa mort, répandu, par leur acti­vité et leur rayonnement, son enseignement et sa pratique dans tout le Mont-Athos, puis dans toute la Grèce, à Chypre jusqu’en Amérique du Nord. (Voir: http://orthodoxie.com/vient_de_paratr-6/).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sagesses de l’Océan Indien

 

maido

 

SAGESSES DE L’OCEAN INDIEN

Entre Illumination et Communion

 

 

 

Liminaire

 

J’ai été touché précocement d’une passion de l’histoire et du patrimoine : cela, depuis mon enfance dans le Jura autour des ruines des châteaux – mes terrains de jeu privilégiés – autour de Lons le Saulnier : Pymont, Montmorot, Montorient, Saint Etienne de Coldre, Presilly près d’Orgelet que dominait la figure de son dernier châtelain le père Jules de Montmorot, vieux curé en soutane et bonnet de prêtre qui nous guidait parmi les murailles branlantes. Plus tard, je poursuivis ma quête dans le Bourbonnais, terroir de mes ancêtres paternels et je consacrais vingt ans de ma vie et de mes modestes ressources à la restauration des ruines le château de Naves ancien domaine des comtes de Naves puis des archevêques de Bourges.

 

Et puis ce fut La Réunion et la rencontre du domaine de Clermont, conjointement à la restauration du patrimoine littéraire et poétique de La Réunion et de l’Océan indien.

 

Dans ce parcours, il n’est pas indifférent que mon métier la psychanalyse repose sur un travail de reviviscence de l’histoire inconsciente du sujet.

 

Mon engagement spirituel oecuménique dans l’Eglise chrétienne – orthodoxe, comme mon intérêt fraternel et philosophique ne m’a aussi amené naturellement à édifier, lors de mon entrée  dans ce domaine, une chapelle votive à la mémoire des esclaves qui y ont vécu et y sont morts. C’était un devoir sacré de Mémoire et d’invocation.

 

J’ai dédié ce domaine au Paraclet, à l’enfance, à la nature, aux animaux, au Livre. J’aimerais le rebaptiser Domaine du Paraclet, reprenant le titre d’un beau roman de Michel Bernard inspirée par un monastère joachimite au moment de la chute du royaume latin de Jérusalem.

 

Septembre marque à La Réunion, un moment de l’année ou s’éveille la montée de la lumière : Le Sud connaît son printemps, le Nord son automne.

 

Ce seront bientôt la Toussaint, Dipavali, puis les fêtes de Saint Nicolas et de Saine Barbe, Noël.

 

Quand l’Occident célèbre la descente vers la terre et la Nuit, puis la germination, vers la montée de la lumière ; La Réunion est portée par le mouvement inverse.

 

Comment se construit, ici, cette première maison qui est la notre : notre corps, notre âme, notre personne, notre espace psychique quand elle est portée par ce double mouvement ? Cette diffraction ? C’est là une source de méditation sur l’homme austral.

 

 

Esprit de vérité toi qui est partout présent

Et qui remplis tout

Trésor des biens et donateur de vie

Viens

Fais ta demeure en nous

Purifie nous de toute souillure et sauve nos âmes toi qui es bonté

 

C’est par cette prière au Saint Esprit, de la tradition orthodoxe que je commencerai ce propos entre histoire, nature et spiritualité.

 

Trois objets ont disparu du domaine : la statue de Saint Joseph et de l’enfant Jésus qui couronnait la terrasse, la cloche du magasin qui appelait les enfants de l’école à la prière, et la piano donné par la reine Ranavalona III.

 

Objets manquant, symboliques de l’investissement familial et religieux de son dernier grand propriétaire, Narcisse de Heaulme, qui l’a préservé, en le dédiant à Sainte Scholastique et à Saint Joseph et l’enfant Jésus, mais aussi en pratiquant des soins gratuits et en animant une école  pour les enfants du quartier dans une  époque de misère des Hauts.

 

Très dévot, il agrandit au fil des années, la maison au fur et à mesure de la naissance de ses enfants.

Il avait également aussi stipulé qu’après sa disparition, les terrains voisins soient donnés aux pauvres.

 

Ce domaine sera ainsi sorti de sa période antérieure marquée par l’isolement et l’esclavage sans beaucoup de témoignages et a été consacré à un autre destin.

 

L’âme des maisons, la sagesse des maisons

 

Il existe une âme des maisons et une âme du paysage. Elle ne se livre pas toujours au premier regard, à la première lecture.

 

Il existe aussi une sagesse d’une maison et d’un paysage. Celle ci aussi ne se découvre qu’en suivant son message, enfoui, immergé, recouvert.

 

Sagesse ! Soyons attentifs !

Telle est la formule liturgique qui précède les lectures  des écritures, dans la tradition liturgique byzantine, qui invoque la sagesse

Platon quatre siècles avant Jésus Christ, oppose les désirs humains : philo-hèdonos (amour du plaisir), philo-sómatos (amour du corps), ou philo-nikos (amour de la victoire) à l’amour de la sagesse.

Pour lui ce dernier anime la partie plus qu’humaine des hommes, et il est philomathia,  amour de la connaissance. On ne saurait pourtant la qualifier de pulsion épistémique. Il est une aspiration à un savoir, une sagesse que l’on ne possède pas. Socrate, lors de son procès rapporté dans l’Apologie de Socrate, affirme être ami de la sagesse, et non pas sage. C’est ce qui l’amène à trouver dans sa condamnation à mort une chance ultime de séparation de son corps, qu’il considère proprement humain, et de son âme, qu’il considère proprement intellectuelle, cette âme pouvant contempler le savoir après la mort.

Il existe une sagesse de l’Océan indien.

 

Sophia le mot grec qui fonde la philosophie renvoie donc au bonheur du savoir.

 

La Sagesse est une vertu fondamentale de la Révélation chrétienne. Byzance, puis l’orthodoxie grecque et Russe en ont fait en ont fait une dimension fondamentale, une quasi hypostase de la Divinité. Le père  Serge Boulgakov et avant lui Vladimir Soloviev ont forgé au début du XXème siècle le terme de sophiologie.

 

La cathédrale Sainte Sophie, à Constantinople en est le meilleur exemple de cette vénération originelle. La Sagesse est au cœur de la tradition chrétienne première. L’icône russe de la Sagesse de Dieu a été souvent commentée et illustre cette vénération.

 

Dans celle ci, la Sagesse porte aussi la lumière de la beauté, l’amour de la beauté. La Philocalie porte à la communion.

 

La beauté et la sagesse conduisent à cette union de la créature, de l’homme et du Monde avec l’incréé, son créateur.

 

Le premier septembre est le commencement de l’année liturgique. Orthodoxe où l’on tresse la couronne de l’année. Le patriarche Démétrios de Constantinople l’a consacré en fête de l’environnement. Le Patriarche actuel, Bartholomée, a fait de la défense de l’environnement une cause majeure de l’engagement chrétien. Il rappelle dans son étude Les merveilles de la création les prières de la liturgie de  Saint Jacques

 

Souviens toi Seigneur, des temps favorables, des averses douces, des belles rosées, d’une récoltes abondante, des saison parfaites accompagnée d’un couronnement de l’année avec la bonté.

 

Il cite également aussi dans cette étude, un grand Saint, Maxime le Confesseur, qui parle de liturgie cosmique où chantent les logoi des  créatures, des choses et des êtres.  Il rappelle plus loin le message d’un autre Saint du VIIème siècle, Abba Isaac de Ninive, qui vivait dans le désert de Syrie aujourd’hui bien meurtri :

 

Qu’est ce qu’un cœur miséricordieux ? C’est une flamme qui embrase le cœur pour toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les animaux, pour les démons et pour tout être créé

 

Il poursuit avec Dostoïevski qui fait parler ainsi Fiodor dans Les Frères Karamazov

 

Aime toute la création de Dieu toute entière et chaque grain de sable. Aime chaque feuille, chaque rayon de la lumière de Dieu.

 

La fête de la Théophanie célèbre aussi

 

La nature des eaux est sanctifiée, la terre est bénie, et les cieux sont illuminés. Afin que les éléments de la création, et par les Anges, et par les êtres humains, par les choses visibles et invisibles, le plus Saint Nom de Dieu soit glorifié

 

Saint Serge de Radonège, Saint Séraphin de Sarov en Russie, Saint François d’Assise en Occident, et bien d’autres ont célébré la même louange.

 

Paracelse, au XVIème siècle, parlait de la signature des êtres végétaux ou animaux sur laquelle se fonde l’harmonie entre le micro et le macrocosme. Plus près de nous Teilhard de Chardin a évoqué ce rapport fondamental entre l’incréé et la création dons son retour au point Omega.

 

C’est dire, que cette sagesse rayonnante, irradie aussi des paysages de l’Océan indien, façonnés par les hommes qui y ont vécus et y sont morts, y reposent avec leurs histoires, leurs propre sagesses, leur propre mémoires :africaine, malgache, indienne, chinoise, européenne. A ce titre, La Réunion est aussi le livre ouvert à chaque aube, refermé à chaque crépuscule, d’une Théosophie de la beauté et de la communion, ou se conjuguent comme les serpents enlacés du sceptre indien ou grec les deux serpents de l’illumination et de l’incarnation. Eucharistia action de grâce, Eulogia bénédiction, auquel on peut adjoindre, Karuna compassion, agapé charité.

 

Les théosophes dan un autre registre, ont établi en 1875 le premier pont spirituel entre l’Inde et l’occident. Helena Blavtavsky, sa fondatrice élabora dans son maitre ouvrage La doctrine secrète, l’idée d’un continent de l’Océan indien et de sa race première, la Lémurie.

Cette vision sera reprise par philosophes et poètes de La réunion et de Maurice, Jules Hermann, R-E Hart et Malcolm de Chazal.

 

L’âme des maisons

 

François Vigouroux, romancier et essayiste, dans son étude parue en 1980 l’âme des maisons décrit la demeure comme un être vivant avec son réel mais aussi sa dimension secrète, inconsciente, son mystère qui se transmet de génération en génération de propriétaire, en propriétaire. D’ou les émotions qui peuvent envahir les visiteurs et les nouveaux habitants d’une demeure inconnue porteuse de son insu inconscient. D’ou, aussi, les phénomènes de hantise et tous les récits liés aux lieux. André Breton dans l’Amour fou évoquait ainsi l’aura spectrale, de ruines visitées en Bretagne. La maison avait connu un drame quelques années plus tôt.

 

Le meilleur exemple littéraire de cette âme des maisons, serait sans doute à mes yeux le roman de Marc Elder, romancier nantais du début du 20eme siècle, La maison du pas périlleux, qui décrit dans le Nantes ancien le devenir d’une maison construite à la belle époque de la traite par un armateur fortuné pour ses domestiques dans l’arrière cour de son hôtel particulier. Elder décrit par le menu, les métamorphoses de la bâtisse devenue le repère de marginaux de génération en génération jusqu’à sa démolition dans l’entre deux guerres. Le descendant du Chevalier de Plumengatte périt lui même sous les décombres alors qu’il prêchait la révolution le partage et la révolution communiste dont il était devenu un fervent défenseur.

 

Il existe un investissement de la maison qui a pris un sens tout particulier à La Réunion. La maison Heim, c’est le foyer, c’est l’habitat, comme les habits, elle est le mur social du biotope humain, le creuset de sa reproduction. Elle porte l’être humain en son sein. C’est la coquille de la famille. Comme la spirale de la Vie elle va du centre à la périphérie. Sa périphérie est exaltée dans l’ostentation de soi et quelquefois la vanité.  Elle arbore ses marques, son écriture, son graphe, sa signature son logoï. Ses frontières sont toujours menacées.

 

Faire construire : voilà l’idéal quasi universel des familles et construire son espace biotopique, sa microsociété protégée, souveraine.

 

J’avais pointé dans un essai non publié et écrit peu après mon arrivée en 1985 à La Réunion l’ile du sanblan, cet investissement majeur des autochtones et des exotes pour leur habitation, leur kour. Quelles que soient les conditions et les classes, les origines, le temps qu’il y passaient de la varangue au jardin des animaux au salon.

La mer en ce temps là dans les hauts semblaient lointaines, et les routes périlleuses ou incertaines. J’avais parler alors de phénomènes d’ilettisation : d’insularité double – océanique et intérieure-

 

L’investissement du foyer peut être aussi une solution : une guérison reconstructive de soi même dans cette nouvel espace, cette nouvelle enveloppe. La passion de bâtir quand elle s’égare porte toujours en elle même une résistance à la mort: on construit quelquefois ainsi son mausolée, son tombeau. Contemplons le palais du peuple de Ceaucesu, ou les palais des dictateurs. N’oublions pas Louis II de Bavière..

 

Cette dimension se cristallise sur les demeures historiques, en Europe Châteaux et Palais, chapelles et cathédrales ; ici sur les demeures créoles anciennes. Il suffit de relire dans les Mémoires d’Outre tombe les pages célèbres et nostalgiques de Chateaubriand sur le château de Combourg ou il passa son enfance. Rappelons pour mémoire que son père René avait acquis cette demeure grâce à une fortune acquise à la belle époque de la traite, à Nantes au XVIIIème siècle

 

Pourtant ce sont quelquefois des bâtiments plus modestes qui peuvent sembler investis de pouvoirs singuliers. Un banal pavillon, un appartement de cité peut porter lui aussi son message. Fantômes,  souterrains  et trésors ne sont pas l’apanage que des châteaux.

 

A La Réunion, à l’île Maurice et dans le Monde créole l’habitation venue de la société de plantation cristallise cette fascination dont l’archétype se trouve en Louisiane, Tara du roman célèbre. Elle porte en elle le roman potentiel, la saga de ses vivants et de ses morts.

 

Eudora sortilèges créole, le roman de Marie-Hélène Mahé est le roman qui a mis le mieux en scène celle ci au travers de l’histoire du domaine de Mahavel échelonné sur plusieurs siècles. Sa malédiction, ses maléfices et ses enchantements dans la famille De Kerouet de Sylvie à Eudora.

 

La maison de maitre et les dépendances de l’habitation sont en effet ancrées dans le paysage matériel, humain et spirituel de l’histoire des terres créoles, de la fondation, de l’esclavage et de ses violences, de l’histoire croisées des familles des maitres et des esclaves, des libres et des colons. A ce titre elle acquière une importance d’autant plus particulière que construite en matériaux périssables en zone tropicale, elle disparaît, souvent détruite par les intempéries ou les termites. De la plus belle demeure du Sud, le château du Gol, il ne reste ainsi aucune trace et les belles habitations se sont rares ou sont vendues en lot comme le domaine du Chaudron, ou en espace commercial comme le domaine de Montgaillard, La belle demeure créole ou fut tournée la Sirène du Mississipi à l’entrée du Tampon survivra t’elle longtemps ? La maison Carrère à La confiance est en péril.

 

Seuls les poètes ou les écrivains peuvent quelquefois les faire revivre, les immortaliser : à Marie Hélène Mahé il faudrait adjoindre Jean Lods qui dans ses premiers romans La morte saison et le Bleu des vitraux a immortalisé la demeure de Salazie, résidence secondaire de ses parents adoptifs ou il passa une partie de son enfance. Les maitres romans de Marius-Ary Leblond, Le miracle de la race et Ulysse cafre, ne mettent pas par contre en scène les habitations.

 

L’habitation est comme un navire échoué dans les hauts ou au milieu des champs de cannes. Son plan même comme toutes les maisons créoles reproduit celui d’un château arrière d’un navire. Ce sont des charpentiers de marine qui en furent les architectes et leurs matériaux même venaient à la fois de la forêt proche et des navires. Les briques qui décorent la varangue arrière de Clermont venaient d’une de ces cargaisons. Elles lestaient les navires et étaient revendues à l’arrivée.

 

Clermont et ses mystères

 

Clermont – où nous sommes- possède une histoire apparente et une histoire secrète. Apparente, celle d’une demeure ou vécurent d’abord dans des conditions que nous ignorons et dont les seul témoignages sont des registres notariés, des esclaves et des maitres dans l’isolat des hauts : Qui étaient les Hoarau, les premiers attributaires de la concession du battant des lames au sommet des montagnes ? D’ou venaient ils ? Quelles furent leur filiation ? Quels étaient leurs sentiers ? Leurs routes ? Que produisaient ils ? On ne sait rien de leurs vies et leurs souffrances, de leurs bonheurs ? Et celles de leurs esclaves sont enfouies dans le silence.

 

Quels liens unissaient cette maison avec celle qui dominait les plaines de Savannah et l’Etang ? Et ce mystère se poursuit après la vente en 1838 du domaine par Clermont Hoarau à la famille Cabanne de Laprade.

 

On peut supposer qu’avec la révolution industrielle de la canne, ce domaine  qui produisait du bois et des épices est resté à l’écart.

 

Histoire manifeste, histoire secrète. Inconsciente, Forclose ?

 

Un travail d’exploration reste à faire et il appartient à des chercheurs qui s’y attelleront comme ceux que dirige Prosper Eve et le très regretté Sudel Fuma dont je saluerais ici la mémoire.

 

On connaît mieux l’histoire la plus proche : l’alliance de Narcisse de Heaulme avec Marie Bellier de Villentroy, apparentée aux Villèle. Son installation initiale à Bellemène ou il exploite la sucrerie, la faillite de cette dernière en raison de le pression de la banque – le crédit colonial- Son installation à Clermont, bien de son épouse ou il va vivre près de soixante ans.

 

Le personnage est la figure de proue du navire: catholique, il s’engage contre l’expulsion des sœurs de Saint Joseph de Cluny et est mis en garde à vue.

 

Sa dévotion lui fait aménager un oratoire dans la maison qu’il construit ou agrandit progressivement, au fur et à mesure de la naissance de ses enfants. Elle est construite avec le bois des forets voisines : nattes, tamarins, bois de fer. Des rails du petit train sont récupérées et ferment les massifs de l’esplanade. L’ancienne sucrerie fournit des bassins et des canalisations. On imagine une vie dévote et familiale rythmée par le saisons : l’esplanade est dominée par une statue de Saint Joseph et de l’enfant Jésus. Le domaine est dédié à sainte Scholastique et avant la coupe on bénit les couteaux.

 

Quand et ou Narcisse de Heaulme a t’il reçu les rudiments d’une formation médicale? S’il gère son domaine avec ses colons, il administre également dans une pièce adjacente à la latrine, des soins médicaux ; l’une  de ses sœurs fait les piqures et les pansements. On connaît le désert médical des hauts au début du siècle et ses grandes épidémies dont la grippe espagnole.

 

Le magasin où il stocke des marchandises  sert aussi d’école gratuite pour les enfants du quartier. Une cloche, fixée au dessus du pignon appelle les élèves à la classe et à la prière.

 

Cette maison s’est construite au travers de l’histoire de cette famille et de ses enfants. Comment vivaient ils ? Le couple De Heaulme, huit enfants au total, des domestiques ? Ou puisait on l’eau ? Comment circulait elle ? Le climat était il plus humide ? Autant de questions que l’on peut se poser naturellement.

 

Cette maison est modeste. Construite de plain pied, elle n’a une emprise que de moins de deux cent mètres au sol, sur de la terre battue avec un soubassement de pierre. Elle n’a pas l’arrogance ostentatoire des grandes demeures. C’est la vie familiale qui a présidé son implantation progressive. C’est un aspect de son âme, de sa sagesse : une échelle humaine et consacrée.

 

Lors de ma vie antérieure dans le Bourbonnais, j’étais fasciné par le château de Fourchaut, voisin de Saint Pourcain sur Sioule et qui appartenait aux Bourbon Parme, dont c’est le territoire d’origine et qui l’avaient mis en vente. C’est un immense donjon quadrangulaire couronné de tourelles et qui domine les collines. Une association où j’avais des amis – une jeune collègue qui avait été mon interne, se proposa de l’animer. J’assistais à ce son et lumière un peu rustique. La troupe était composée d’infirmiers psychiatriques de l’hôpital d’Yzeure et de jeunes du coin, aux idées d’extrême gauche. Ils ne ménageaient pas dans leur spectacle, les Bourbons et les bisiaux, les châtelains nombreux dans cette région ou l’aristocratie est toujours bien vivante.  Un mot me revient que je reprendrais dans ce spectacle évoquant une période d’un siècle sans histoire apparente : S’il ne se passait rien c’est que ce furent sans doute des temps de bonheur.

 

J’imagine qu’il en fut ainsi pour la famille de Heaulme.

 

Lors d’une de ces journées un descendant visita la maison de son enfance. Paul de Heaulme était accompagné de son épouse dont j’appris par sa bouche qu’elle était la célèbre Geneviève de Galard, héroïne de Dien Bien Fu. Paul De Heaulme l’avait rencontrée dans l’avion, quand, jeune officier, il l’avait ramenée du camp vietminh ou elle avait été prisonnière quelques mois.

 

Il me rappela ses souvenirs de jeune officier affecté à Madagascar. Quand il revenait à La Réunion, il avait établi un dispositif de signaux de reconnaissance envoyés du navire approchant du Port : jeux de miroir le jour, jeux la nuit. Ils se répondaient du Navire à Clermont, annonçant sa proche arrivée.

 

Lors de sa visite, il espérait trouver dans la maison le  piano de la Reine Ranavalo III – disparu hélas depuis longtemps ! Il m’apprit que cette dernière, lors de son exil à La Réunion, s’était liée d’amitié avec la famille avait été reçue à Clermont. Après son départ, elle avait offert à Narcisse de Heaulme, son piano.

 

Ce dernier quitta la maison au milieu du 20eme siècle. Le bien fut mis en SCI et loué. Il connut alors bien des déboires et faillit disparaître. Il fut repris ensuite pour quelques années par la famille Le Garnisson et ensuite par Jean Michel Nativel qui sauva ce domaine. Ce dernier le fit classer et restaurer en partie sous la direction de Mr Ogeard l’architecte des bâtiments de France. Jean Michel Nativel voulait abriter dans cette propriété, ses collections de meubles, tableaux, livres et objets consacrés à Paul et Virginie qu’il rassemblait depuis son adolescence et faire de cette maison un musée qui soit consacré au chef d’œuvre de Bernardin de Saint Pierre. Ce projet fut malheureusement déçu car il ne fut pas entendu par les collectivités territoriales et il dut se séparer de son bien. On lui doit, outre la réfection partielle de la maison, l’aménagement du parc avec de nombreuses plantations d’arbres rares dont le pied de bois-de senteur situé près du bâtiment et près d’un kilomètre de murets de pierre sèche. Il l’aura sauvé et fait revivre.

 

Comme dans le poème de Guillaume Apollinaire, Cortège, j’ai repris le flambeau. Un de mes premiers actes fut la construction de la chapelle dédiée à la vierge noire et toutes ses péripéties. Je les aie relaté dans un texte paru dans mon ouvrage AYESHA.

 

Dans les années 60, une émission de l’ORTF avait un grand succès, Chefs d’œuvre en péril animé par P de Lagarde. Elle suscitait une émulation et des vocations et témoignait de l’intérêt des pouvoirs publics. A La Réunion, en 2014, il existe d’innombrables chefs d’œuvre en péril. Je ne citerai que deux églises, celle de Saint Paul, l’une des plus anciennes de l’île dont le chantier de restauration est bloqué depuis plus d’un an et demi, de la chapelle de Jeanna d’Arc à Saint André ;  et que dire de la magnifique Eglise de Champ borne et son cimetière, la seule de l’île adossée au rivage et que nul ne penserait même plus restaurer.

 

Il faut aussi évoquer tout les périls qui menacent le paysage, les arbres et les plantes, la faune terrestre les tuituit et les papangues, les fouquets et les pétrels, les tangues et les lièvres. Et la faune marine, mérous requins et barracudas, les baleines et les dauphins, le corail des récifs. Le massacre des lastics de la place de l’Eglise à Saint André, toutes les espèces qui vont suivre le perroquet de Bourbon et le Dodo.

 

Prions donc que tous, prennent conscience  de cette sagesse de ce savoir émanant des êtres et des choses et lui donne toujours vie  car elle est aussi notre Vie.

 

Que cette évocation s’achève ici avec le sublime Cantique des créatures de Saint François d’Assise :

 

Très-Haut, tout puissant et bon Seigneur

A toi louange, gloire, honneur et toute bénédiction ;

A Toi seul, Très-Haut, ils conviennent

Et nul homme n’est digne de te nommer.

 

Loué soit tu Seigneur pour toutes tes créatures.

Et tout spécialement messire frère Soleil

Par qui tu nous donnes le jour la lumière

Il est beau rayonnant d’une grande splendeur

Et de Toi, le très Haut, il nous offre le symbole

 

Loué soit tu, mon Seigneur pour sœur lune et les étoiles

Dans le ciel tu les as formées claires, précieuses et belles.

 

Loué sois tu, mon Seigneur pour frère Vent

Et pour l’air, la sérénité du  ciel  les nuage

Et tous les temps :

Par lesquels à tes créatures tu donnes soutien

 

Loué sois tu mon Seigneur pour sœur Eau

Qui est très utile et très humble, précieuse et chaste

 

Loué sois tu, mon Seigneur pour frère Feu

Par qui tu illumines la nuit

Il est beau joyeux robuste et fort

 

Loué sois tu, mon Seigneur pour notre Mère la terre qui nous porte et nous nourrit

Qui produit la diversité des fruits

 Avec les fleurs diaprées et les herbes

 

Loué sois tu, mon Seigneur pour ceux

Qui pardonnent par amour pour Toi

Qui supportent épreuves et maladie :

Heureux s’ils conservent la paix

Car par toi, le très Haut,  ils seront couronnés

 

Loué sois tu, mo, Seigneur pour notre sœur la Mort corporelle

A qui nul homme vivant ne peut échapper

Malheureux seront ceux qui meurent en péché mortel ;

Heureux ceux qu’elle trouvera accomplissant ta volonté

Car la seconde mort ne pourra leur nuire

 

Louez et Bénissez mon Seigneur

Rendez lui grâce et servez le

En toute humilité

 

 

 

 

 Le 21 Septembre 2014  au Domaine de Clermont

 

 

Dr  Jean François Reverzy

 

 

Une petite histoire

C’était un jour tranquille ». Aucune arme, aucun mortier ni bombe n’avait été entendu.

Le jeune soldat sut qu’il était dimanche, le jour saint du Seigneur. Comme il était assis là, il sortit un vieux jeu de cartes et les étala sur le banc.

Alors survint le Capitaine qui lui dit :   « Pourquoi n’es-tu pas avec le reste du régiment ? « J’ai pensé que je pouvais me mettre de coté et passer un temps avec Le Seigneur » répliqua le jeune soldat.

Méfiant, le Capitaine dit : « il me semble que tu sois sur le point de jouer aux cartes … », – «  Non mon capitaine, vous savez, depuis le jour où on ne nous permet pas d’avoir ni bible ni aucun livre chrétien dans ce pays j’ai décidé de parler au Seigneur a travers ce jeu de cartes »

–  Comment vas-tu faire cela ?

Vous voyez l’AS, mon capitaine ? Il me rappelle qu’il n’ y a qu’UN SEUL Dieu.

Le 2  me rappelle qu’il y a 2 parties de la bible, l’ancien et le nouveau testament.

Le 3 représente Le Père, Le Fils et Le Saint-Esprit

Le 4 représente les 4 évangiles : Matthieu, Marc, Luc et Jean .

Le 5 représente les 5 vierges qui furent glorifiées parce qu’elles eurent de l’huile dans leurs lamper et entrèrent dans le festin de l’Agneau.

Le 6 représente les 6 jours pendant lesquels Dieu créa le Ciel et la Terre

Le 7 représente le jour où Dieu se reposa après avoir terminé toute sa Création

Le 8 représente la famille de NOÉ, sa femme, leurs 3 enfants et les épouses de ces derniers

Le 9 représente les 9 lépreux qui ne remercièrent jamais Jésus après qu’il les eus guéris. Seul un revint pour rendre gloire.

Le 10 représente les commandements donnés à Moise par Dieu. Dieu les écrivit de sa propre main sur des tables de pierre.

Le J représente Satan, un des premiers anges de Dieu. Il fut précipité du ciel et joue maintenant le rôle joker de la perdition éternelle

La Reine représente Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. C’est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à la débauche…. ( Ap.17:1-)

Le Roi représente Jésus-Christ car Il est Le Roi des rois

Si j’additionne tous les nombres sur les cartes cela donne 365. Donc une carte pour chaque jour  Il y a 52 cartes pour les 52     Semaines de l’année

 

Les 4 suites représentent les 4 saisons que Dieu créa : été, hiver, automne, printemps.

Maintenant, quand je veux parler au Seigneur, je n’ai qu’à tirer une carte et cela me rappelle la chose pour laquelle je dois être reconnaissant à Dieu.

 

Le capitaine resta là debout, avec les larmes dans les yeux, il dit :« peux-tu me prêter ton jeu de carte, soldat ? »

Source: internet

Dimanche des Pères du premier Concile

concile1-325

 

Le premier concile œcuménique est celui qui a eu lieu à Nicée en 325. Nicée se trouve dans la Turquie actuelle. Ce concile dont la première séance a eu lieu le 20 mai a été présidé par l’évêque Ossius de Cordoue. L’empereur Constantin était également présent à l’ouverture du concile.

La première chose qui pouvait frapper était les séquelles des persécutions (qui avaient alors cessé) sur les corps de la plupart des participants. En effet certains avaient subi des amputations, d’autres avaient des corps déformés ou bien tout simplement ils portaient les traces des coups de fouet, des blessures et des coups qu’ils avaient subi pour témoigner de la Foi vivante qu’ils ont affermi à Nicée. Cette foi qui était gravée dans leurs cœurs et leurs intellects et écrite sur leurs corps. Et il n’est caché à personne que ces souffrances accompagnent les saints martyrs (en tout temps). Ainsi le diacre Athanase qui accompagnait l’évêque d’Alexandrie (et qui devait devenir le héros du concile de Nicée) a subi plus tard par cinq fois l’exil de la ville d’Alexandrie dont il devait devenir évêque.

La première chose que les 318 évêques présents à Nicée ont faite est de condamner l’enseignement d’Arius, qui était un prêtre libyen vivant à Alexandrie. L’enseignement d’Arius (qui se répandait rapidement) ne reconnaît pas la divinité du Christ. Pour Arius, il y avait un temps où le Fils de Dieu n’existait pas, ainsi le Fils de Dieu est une créature et qui est la plus élevée de la création. De même pour Arius le Saint Esprit est une créature.

En conséquence notre Seigneur Jésus Christ est créé et par suite il ne peut y avoir d’union entre la nature humaine et la nature divine

Alors la question suivante peut être posée : Qu’est-ce que l’humanité peut souhaiter d’un Dieu qui reste au Ciel ? Et de quel amour de Dieu nous parlons si Dieu ne s’est pas fait homme ? Mais Dieu s’est fait homme sans rien perdre de Sa nature divine afin que l’homme devienne Dieu par la grâce et fils de Dieu par adoption.

Parmi les décisions du Concile (autre que la condamnation de l’enseignement d’Arius) :

–          Elaboration du Credo (dans une version qui sera complétée au deuxième concile œcuménique en 381).

–          Adoption et définition du terme grec qui signifie que le Christ est de même nature que le Père.

–          Questions relatives aux baptêmes et des textes liturgiques.

 

Tropaire du Dimanche des Pères du premier concile :

 

Tu es glorifié par-dessus tout, ô Christ notre Dieu, Toi qui as établi sur terre nos Pères, comme des luminaires, et qui, par eux, nous a tous conduits à la vraie foi. Ô Plein de miséricorde, gloire à Toi !

Extraits de : http://www.antiochpatriarchate.org/ar/page/574/