L’intellect, le cœur et les sentiments

Une fois qu’on a pris conscience de ce qu’est vraiment l’essence de la vie chrétienne et quand on a découvert qu’il s’agit de quelque-chose qu’on ne possède pas encore, l’intellect se met à l’œuvre dans l’espoir de l’acquérir. On se met à lire, à réfléchir et à parler. On en vient à réaliser que la vie chrétienne dépend de l’union avec le Seigneur. Mais tant qu’on réfléchit à cette vérité seulement avec son intelligence, elle demeure loin du cœur et n’est aucunement « sentie ». Et de ce fait, rien ne porte de fruit.

Théophane le Reclus (dans L’art de la prière de l’Higoumène Chariton de Valaam. Spiritualité Orientale n°18. Abbaye de Bellefontaine).

Cultiver le jardin de ce monde

Ce n’est pas un hasard si l’Occident moderne, méconnaissant la doctrine patristique des énergies divines et des logoi, s’est presque exclusivement intéressé aux choses en elles-mêmes, a porté toute son attention sur la consistance purement matérielle et « naturelle » de la création et en a fait l’objet d’investigations scientifiques de plus en plus poussées. Au contraire, dans l’univers patristique et orthodoxe, sans négliger cet aspect, — il y a toujours eu des savants à Alexandrie, à Constantinople ou chez les chrétiens syriaques, — on a attaché une plus grande importance à ce qui est la signification ultime de ces réalités, à leur sens symbolique. Mais il faut ici donner au mot « symbolisme » son sens profond : le symbolisme des êtres, c’est leur capacité à manifester les intentions créatrices qui sont à l’origine de leur existence, leur aptitude à révéler la grandeur, la beauté du Créateur, et son dessein d’amour à l’égard de l’humanité.
Selon le livre de la Genèse, Dieu plaça l’homme dans le jardin d’Eden « afin de le cultiver et de le garder » (Gen, 2, 15). Ces mots sont susceptibles d’une double interprétation. Le lecteur moderne verra dans cette consigne divine donnée à l’homme une incitation à travailler pour transformer le monde, pour l’humaniser en le mettant à son service, et par conséquent en se tenant exclusivement dans l’ordre de la nature, dans l’ordre de la technique, de l’usage pratique du monde. Cette mission donnée à l’homme de cultiver le jardin est interprétée par les Pères et la tradition orthodoxe plutôt comme une invitation à la contemplation ; le travail le plus important pour l’homme consiste à découvrir dans la création le reflet de Dieu, à la percevoir comme une première incarnation du Logos divin.»
P. Placide Deseille
(in La Création – « Certitude de l’invisible »
Éditions des monastères St Antoine et Solan)
Source: https://orthodoxologie.blogspot.com/

Avons-nous trouvé le Paradis?

aimilianos

Avons-nous trouvé le paradis ?
Archimandrite Aimilianos de Simonopetra.

Le jeudi 9 mai, l’Archimandrite Aimilianos, l’Ancien  Higoumène du monastère  de Simonopetra, père spirituel de nombreux moines, religieuses et laïcs, s’est endormi dans le Seigneur au monastère de l’Annonciation à Ormylia (Chalkidiki) à l’âge de 85 ans, après une longue maladie. Mémoire éternelle !

 

L’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. (Genèse 2 :15).

Les plantes (du jardin d’Éden) ressemblaient à une parure de la beauté divine, formant un monde naturel, une expression naturelle de la majestueuse sainteté de Dieu. Le monde naturel était le reflet de la grandeur de Dieu et, à travers la nature, Dieu était visible aux yeux de nos premiers ancêtres. En s’occupant du jardin, ils s’occupaient de la gloire et de la majesté de Dieu, labourant avec soin et cultivant les êtres vivants qui les entouraient.
En premier lieu, alors, il y a le travail. Nous ne pouvons jamais faire l’expérience de Dieu sans travail. Les personnes qui ne travaillent pas avec effort dans leurs activités terrestres ont peu de chances de connaître beaucoup de succès dans leur vie spirituelle. Nous devons travailler.
Après avoir placé Adam et Eve dans le jardin, Dieu leur dit : « Vous pouvez manger de n’importe lequel des arbres au paradis » (Genèse 2 :16). Ne soyez pas surpris par ça. Manger est aussi une tâche spirituelle, car le paradis est un lieu qui relie à la fois les sens du corps et ceux de l’intellect. Adam a communié avec Dieu au moyen du fruit des arbres, qui était une figure de la nourriture du ciel, à propos de laquelle Christ a dit : Prenez, mangez et buvez (Mt 26 :26-27). En mangeant de la nourriture du jardin, Adam ne nourrissait pas seulement son corps, mais aussi son âme. C’était une façon pour lui de participer à Dieu. Et ainsi lorsque nous entendons les mots : Prenez, mangez, buvez, nous entendons la voix de Dieu nous appelant à la communion du paradis. Mais alors que la nourriture d’Adam était le fruit du jardin, nous mangeons le pain qui est descendu du ciel (Jean 6.32-35).

Pour Adam, le fait de manger et de boire était une ascension vers Dieu. Et il en est de même pour nous : nous sommes nourris par les enseignements divins et par toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4.4). Les paroles des Pères sont aussi nourriture et boisson, de même que la vie des saints, ainsi que toutes les prières et tous les cantiques de l’Église. Et c’est notre jardin de délices, notre Éden, un banquet divin, une jouissance et une ivresse avec Dieu. C’est ainsi que le royaume de Dieu nous est rendu agréable, digestible et donc capable de s’offrir à nous comme nourriture spirituelle.
Bien sûr, il y avait un arbre, comme vous le savez, dont il était interdit de manger à Adam, car il n’était pas encore prêt, il n’avait pas suffisamment mûri. Pour que quelqu’un reçoive un grand don spirituel ou la révélation d’un grand mystère, il doit grandir et mûrir dans l’obéissance, afin de montrer, sur une longue période, que c’est ce qu’il désirait. C’est pourquoi votre père spirituel peut te donner une règle : »Pendant deux ans tu feras ceci ou cela », pour que tu puisses montrer au cours de ces deux ou deux mois, ou quelle que soit l’heure, qu’il y a eu un changement pour le meilleur, votre obéissance étant le signe de votre engagement. C’est ce que Dieu a fait avec Adam.
Le fait que Dieu ait cherché à amener Adam à la connaissance progressivement peut être compris par l’introduction d’animaux dans le jardin. Avant de lui présenter Eve, Dieu a présenté les animaux à Adam et lui a demandé de les nommer (Genèse 2 :19). Il ne lui a donné aucun autre ordre ou instruction. Il voulait qu’Adam se rende compte qu’il était le roi de la création, capable d’imposer des noms à toutes les créatures. Mais qu’est-ce qu’Adam a ressenti ? Exactement ce que Dieu voulait qu’il ressente : qu’il était seul. Tous les animaux l’ont approché par paires et tous les couples ont vécu collectivement dans des troupeaux, groupements ou divers types d’arrangements. Adam, cependant, était unique parmi les créatures en étant seul. Il a ainsi perçu le besoin d’aide, de communauté humaine et de société.
C’est alors que Dieu a dit : Je vais le secourir en lui donnant un partenaire semblable à lui (Genèse 2 :18). Alors Dieu a créé la femme. Et pourtant, ce n’était pas à cause d’un problème moral, ni à cause de quelque chose de biologique ou physique, parce que le mariage ne se réduit pas à une relation physique, même si le corps y participe. Ainsi, la création d’Ève était un rite sacré, un acte mystique, un rite d’initiation, car le mariage est un passage vers la plénitude de la vie : le Christ. Se marier, c’est entrer dans le royaume, entrer au paradis.

Et cela devient clair lorsque nous nous rappelons les paroles du prophète Malachie : « Vous vous étiez engagés devant le Seigneur envers la femme épousée dans votre jeunesse. C’était votre compagne, vous vous étiez liés à elle  (et pourtant vous l’avez trahie)» (Mal 2.14). En d’autres termes, vous et votre femme ne faites qu’un et vous avez signé tous les deux l’alliance avec Dieu. Le mariage est donc un serment prêté devant Dieu, l’établissement d’une alliance. Et cette alliance n’est pas signée avec le sang, comme le Christ a signé la Nouvelle Alliance, mais elle est signée par la cohabitation et la communion du mari et de la femme.
Et le prophète a ensuite posé la question suivante : « Le Seigneur n’a-t-il pas fait de vous un seul être avec elle, par le corps et l’esprit ? »  (Mal 2.15). Cela signifie que ce n’est pas un Dieu qui vous a créé et un autre (dieu) qui a créé votre femme, mais un seul et même Dieu qui vous a créés et qui vous a uni dans le mariage. C’est comme si Dieu disait : « Je suis un seul Dieu, et c’est pourquoi je vous impose un seul sceau, un seul signe ; mon empreinte fait de vous les miens et en même temps, vous fait un. »
Et puis le prophète continue : « Et que souhaite ce seul être ? N’est-ce pas d’avoir des enfants accordés par Dieu ? Prenez-donc garde à vous-mêmes et ne trahissez pas la femme épousée dans votre jeunesse » (Mal. 2 :15). Nous savons que Dieu a insufflé à Adam le souffle de vie (Genèse 2 :7). Mais quand il l’a fait, il a retenu une partie de son souffle, un reste de son esprit, afin qu’il puisse être insufflé dans la femme, afin qu’elle aussi devienne une âme vivante (Genèse 2 :7). Et ainsi Dieu dit au mari : « Vous voyez ? Je vous ai donné un peu de mon souffle, et une partie de votre souffle à votre femme. Mais mon esprit est un, et maintenant vous et elle vous êtes une seule personne. » Et tout cela n’est qu’un avant-goût, un prélude à l’unité de l’humanité tout entière dans le corps de l’Église.
Le prophète poursuit : « Qu’est-ce que Dieu cherche si ce n’est une progéniture divine ? » (Mal 2.15). Ceux qui se marient doivent avoir des enfants. Certainement, pour que les enfants puissent également se rendre au paradis, où Dieu a inscrit leurs noms dans le livre de la vie. Mais ce n’est pas simplement une question de reproduction biologique. Dieu veut que vous sentiez la vie qu’Il donne, une présence productive dans votre union, afin que votre union et votre foyer soient remplis de vie.
Par conséquent, gardez votre esprit et n’abandonnez pas la femme de votre jeunesse (Mal 2 :15). N’abandonne pas ta femme. Le mariage est indissoluble. Pourquoi ? Pour la même raison que Dieu et l’Église sont indissolubles. Si l’Église pouvait être divisée et transformée en plusieurs églises, si Dieu pouvait être divisé et divisé en parties, il serait alors possible que le mariage soit rompu, puisque mari et femme sont ensemble l’Eglise. Voilà comment Dieu a élevé l’état du mariage : c’est le mystère du Christ et de son Eglise (Eph 5.32).
C’est au paradis qu’Adam a appris à vivre en communauté et c’est pourquoi toutes les formes de vie en communauté se tournent vers le paradis comme lieu d’origine. L’archétype de la société est apparu pour la première fois au paradis et c’était en soi une révélation à l’homme de la forme du royaume éternel de Dieu.
Mais il ne peut y avoir de vraie communauté sans une offrande volontaire de sa liberté à Dieu. La coexistence d’individus isolés, chacun attaché à la poursuite de ses propres intérêts et désirs personnels, peut éventuellement être qualifiée de société, mais on ne peut pas parler de communauté. Dieu m’a donné le cadeau de ma liberté pour aucune autre raison que celle de la lui rendre. Mais si je cherche au contraire à conserver ma liberté de manière égoïste et individualiste, je deviendrai esclave d’impulsions et de désirs stupides. Mon besoin d’amour et de compagnie est essentiellement un désir ardent de Dieu, et même mon mariage ne m’aidera pas si je n’ai pas l’Église pour épouse. Le mariage est donc, comme le monachisme, un désir d’infini ; ce n’est pas la satisfaction d’une pulsion biologique, mais une orientation de soi vers l’eschaton. Le mariage est un voyage, une ascension vers la perfection du paradis, qui est, comme nous l’avons dit, un lieu dans lequel nous sommes déjà entrés et dans lequel nous continuons à progresser.

C’est pourquoi Salomon dit : « Ta femme est comme une source d’eau pure. Bois à cette source !» (Pr 5 :15). Que veut-il dire par là ? Cela signifie que vous ne devez avoir qu’une seule femme. Vous ne devez pas courir vers d’autres sources, d’autres femmes, où vous n’avez rien à faire. Vous ne devez pas profiter de plaisirs qui ne vous sont pas destinés. Dans le même temps, la monogamie a un sens plus profond : nous sommes l’épouse d’un seul Dieu, et chacun de nous est empêché de boire dans d’autres sources, de chercher à se rafraîchir à des sources étrangères. En d’autres termes, nous ne devons boire que dans les rivières du paradis, dans la coupe de la vie qui nous a été donnée dans l’Église.
Comme le dit le psalmiste, nous avons été épousés pour la beauté de Dieu (cf. Ps 46), qui est l’Eglise, le paradis céleste. Pour elle, nous devons être fidèles et, pour elle, nos yeux ne doivent pas nous égarer et nous ne devons jamais oublier les vœux que nous lui avons faits pour ne jamais tomber. Nous devons être fascinés et absorbés par sa beauté. C’est elle qui nous apporte Dieu et sans elle, nous ne pouvons pas vivre. Lorsque nous avons le puits, nous avons également le mur, ainsi que les fondations ; alors nous avons tout.
Comment un moine vit-il jour et nuit pour Dieu ? Il ne peut le faire que dans la mesure où il vit déjà au paradis. Et c’est là le but de toute vie humaine. Autant que possible, essayons de faire en esprit, dans un sens spirituel, ce que les moines font tous les jours dans leurs monastères. Essayons de sentir que nous sommes séparés du monde. Cela signifie que nous vivons dans le monde mais que nous ne sommes pas du monde (cf. Jean 15.19). Mon salut se fera au monastère. Les vôtres auront lieu chez vous, dans vos lieux de vie quotidien, dans votre vie sociale et à travers votre église. Où que nous soyons, nous boirons de nos propres sources et si nous restons fidèles à l’Église, nos coupes seront remplies des dons du Saint-Esprit.
Le premier paradis et ses premiers occupants sont maintenant partis. Le deuxième paradis, lieu de communion avec Dieu, est l’Église. C’est le paradis spirituel dans lequel habite Christ, le second Adam. Et Christ, s’étant revêtu de ma nature humaine, est entré dans les profondeurs de mon être, de sorte que le paradis est maintenant en nous, car nous sommes remplis de la présence de Dieu. Où que je sois, où que vous soyez, mes chers amis, où que nous soyons et malgré le fait que nous soyons pécheurs, vous trouverez le paradis. Avons-nous alors trouvé le paradis ? Nous l’avons et il est en nous.

Référence:
La voie de l’Esprit. Archimandrite Aimilianos de Simonopetra (2009).

 

 

 

 

 

 

Le silence de Dieu

Métropolite Athanasios de Limassol

Source: http://www.pravmir.com/the-silence-of-god/

Il est temps que le Seigneur agisse car ils ont considéré ta loi comme nulle.
(Ps. 119 : 126)
«Le temps d’agir du Seigneur » pourrait signifier que le moment est venu pour nous de faire quelque chose pour le Seigneur. L’interprétation correcte, cependant, est la suivante : « Il est temps que vous agissiez, Seigneur.» L’expérience humaine le confirme, les psaumes de David et notre vie quotidienne montrent que chaque personne dans sa vie expérimente un grand mystère : le mystère du silence de Dieu.
Il nous semble souvent que Dieu se tait. Ou plus précisément encore, que Dieu est absent. Nous cherchons souvent Dieu et nous voulons qu’il fasse quelque chose, mais Il ne fait rien, permettant aux événements de se développer selon leurs cours, ce développement pouvant être dramatique et tragique pour nous. Nous sommes alors bouleversés par l’injustice et le chagrin, mais malgré cela, Dieu reste silencieux. Il n’interfère pas et ne fait rien.
Naturellement, une protestation peut commencer à « bouillir » chez une personne, comme si elle voudrait dire à Dieu : « Pourquoi ne fais-tu rien ? Pourquoi Tu n’agis pas ? Pourquoi Tu n’interviens pas et Tu n’arrêtes pas toute cette injustice, parce que Tu la voies et que cela va à l’encontre de Ta loi ? » Et cependant, Dieu se tait.
Dieu a toujours agi comme ça. Dieu fait son travail en silence. Il est apparu dans le monde, mais en même temps Il est apparu comme s’Il était absent de ce qui se passe dans ce monde, et pas seulement dans la vie personnelle d’une personne donnée, mais même dans la vie de l’Église.
Lorsque nous lisons les vies des saints, en particulier des martyrs des premiers siècles du christianisme (et de notre époque), nous voyons ce qui suit: Il y avait des chrétiens qui ont été persécutés, qui ont subi le martyre, payant de leur sang pour leur foi en Christ. Il y avait des périodes où il semblait que l’Église était sur le point de s’effondrer, que ses ennemis avaient atteint l’apogée de leur puissance, de leur force et de leur gloire, et que l’Église tombait au fond de l’impuissance et de l’humiliation. On pourrait se demander : « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? Pourquoi les hérétiques triomphent-ils ? Pourquoi les choses vont-elles si bien pour les ennemis de l’Église et qu’il n’y a rien qui marche avec nous, et au lieu que nous soyons bien, nous allons de pire en pire ? Le Saint Apôtre Paul dit dans 1 Corinthiens 4 : 9 : « je pense que Dieu a fait de nous, les apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort ; car nous avons été faits un spectacle au monde, aux anges et aux hommes ». Les gens qui sont les derniers, les plus humiliés, étaient les apôtres.
Dieu agit de la sorte dans nos vies. Pourquoi ? Parce qu’il veut changer notre façon de penser, Il veut que nous allions au repentir, à un changement d’esprit (métanoïa) et modifier façon même dont nous pensons, afin que nous puissions nous écarter de la façon de penser du monde et entrer dans la façon de penser de Dieu  qui est sacrifice, amour et kénose (kénose=action de se vider) pour l’autre.
Réfléchissons et observons que le Seigneur lui-même dans Sa vie terrestre s’est comporté ainsi quand Il a été arrêté, remis entre les mains des hommes et accepté l’humiliation la plus infamante. Alors le Saint-Apôtre Pierre, agissant suivant la pensée humaine, a voulu couper l’oreille d’un serviteur afin de montrer son courage et sa détermination, mais le Christ lui a reproché cette façon d’agir  et lui dit:  « Penses-tu que je ne peux pas me protéger? Si je le veux, je me protégerai ; Je peux appeler 12 000 anges pour me protéger (Matt. 26 : 53), mais je ne le veux pas et je n’ai pas besoin de protection humaine. Je m’engage volontairement à mourir, sans m’opposer à ce qui se passe ».
Naturellement, la même chose (que la réaction de Pierre) se produit dans la vie de chacun de nous, sans exception, chaque fois que le sentiment que Dieu ne doit plus se taire jaillit dans notre âme : « Dieu, enfin, fais quelque chose ! Lève-toi, réveille-toi ! »

Dans la liturgie du Grand et Saint Samedi, avant l’Évangile, une fois par an, nous chantons cet hymne : « Lève-toi, ô Dieu, juge la terre ; car tu hériteras de toutes les nations » (Ps. 82 : 8). Cela ne signifie pas que Christ va ressusciter à ce moment ; c’est juste la prière de l’Église dans laquelle nous prions Dieu de se lever. « Lève-toi, lève-toi enfin, ne sois pas si silencieux, humilié, caché dans la tombe ». C’est une attente humaine, notre désir que quelque chose se produise. Et il est bien que nous ne soyons pas des dieux. Après tout, si nous étions des dieux, nous mettrions le monde entier à l’envers en quelques minutes ! Nous condamnerions tout le monde et les ferions juger, à notre manière humaine !
Je me souviens qu’une fois, quand j’étais jeune diacre, quelque chose s’est passé et j’ai réagi de la même manière (de façon humaine) : « C’est quoi cela ? Cette personne devrait être punie, elle devrait être remise à sa place, laissez-la subir telle ou telle punition ! ». L’Ancien (le géronda ou starets), naturellement, m’a écouté en secouant la tête sans rien dire. Et j’ai prononcé certains de ces mots habituels que nous disons lorsque nous sommes submergés par un sentiment d’injustice. Le lendemain, lors de la Liturgie, on a lu l’Évangile où il est raconté comment, à une occasion, le Christ a été chassé d’une ville et qu’il est parti. Les disciples lui dirent : « Maître, voulez-vous que nous priions pour que le feu descende du ciel et les brûle ? (Voir Luc 9 :55) Après tout, ils vous chassent !

À ce moment-là, ils avaient déjà accompli quelques miracles en tant qu’apôtres du Christ et ils pensaient que, puisque le Christ lui-même ne fait rien, il vaut mieux qu’ils prient ce feu qui descendrait du ciel et brûlerait les habitants de cette ville. En effet, ils étaient pécheurs et injustes. Mais Christ leur répondit : “Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! Je ne suis pas venu pour détruire la vie des hommes, mais pour les sauver ». Dès que j’ai fini de lire cet évangile au cours de la Liturgie, le starets, m’a arrêté et m’a dit: » Lis-le encore deux ou trois fois, pour que son sens soit compris, d’abord par toi-même, puis par les autres! »
En effet, c’est une bonne chose : changer notre façon de penser, nous éloigner de la justice selon ce monde et entrer dans la justice de Dieu, où Dieu agit de manière tout à fait différente, comme un Père qui veut sauver tout le monde, y compris le diable. Mais nous nous comportons comme des gens qui veulent établir leur propre justice : « Regardez, il me tourmente, il menace ma vie, c’est assez ! Je n’en peux plus, faites-le taire ! Saisissez-le à la gorge ! Eh bien, je ne demande pas de le tuer, mais s’il meurt, je ne pleurerai pas.  »

 

Saint Apôtre Carpos
Dans la vie du saint apôtre Carpos, qui vivait à Rome et prêchait l’Évangile (voir Saint Denis l’Aréopagite, Lettre 8 à Démophile), il est dit qu’il y avait une sorte de séducteur hérétique prétendant être un chrétien, et qui était si éloquent et si intelligent qu’il a toujours empêché les apôtres de prêcher. Les chrétiens voulaient faire quelque chose d’utile spirituellement, mais cette personne gâchait tout. Alors, étant humains, ils s’indignèrent. Dans sa prière, le saint apôtre Carpos eu une vision dans le Saint-Esprit. Il vit cet hérétique suspendu au-dessus d’un abîme, tremblant, prêt à l’engloutir à tout moment. « Eh bien, se dit le saint apôtre Carpos, qu’il tombe dedans pour que nous puissions respirer librement !  Sinon combien encore il nous tourmentera ! » Et dès qu’il a dit ces mots, il vit au-dessus de lui le Christ qui lui dit : « Regarde, je suis prêt à être crucifié pour cette personne à nouveau. Et si tu continues dans le même état d’esprit, je t’enverrai à l’abîme ! C’est ce qui se passera si tu continues à penser de la sorte, si tu ne comprends pas Mon Esprit et quel genre d’esprit tu dois avoir !
C’est vraiment difficile, mais l’Église réalise ce changement en nous par son action de guérison et, surtout, cette transformation est faite par Dieu lui-même, qui agit conformément à ce qu’Il sait et, finalement, cela nous aide. Parfois, cela prend plusieurs années pendant lesquelles Dieu ne parle pas du tout ; Il permet à quelqu’un d’être tourmenté jusqu’à ce qu’il change de mode de vie. Et nous sommes déchirés par ce sentiment – que Dieu devrait finalement se lever et mettre fin à nos tourments.

Ici devant moi, j’ai un texte qui n’a jamais été publié. Une fois, une certaine famille s’est rendue à Essex, en Angleterre, pour voir l’Ancien (starets) Sophrony (Sakharov), un homme saint de la Montagne Sainte (Athos), et qui a écrit la vie de saint Silouane de l’Athos, un véritable saint moderne. Cette famille avait un gros problème avec leur enfant unique, qui avait une maladie incurable congénitale. Ils ont porté une croix très lourde toute leur vie. Leur vie était un supplice. Ils se dirigèrent vers l’Ancien Sophrony et, avec des larmes, ils ouvrirent devant lui leurs cœurs pleins de douleur et de chagrin, lui demandant de dire quelques mots. Après une prière, il leur a raconté avec une grande compassion quelque chose de sa propre vie qu’ils ont immédiatement mis sur écrit. Ils lui ont montré le texte écrit et il l’a signé en écrivant : «    C’est exactement ce que j’ai dit ».

Archimandrite Sophrony (Sakharov)
C’est un petit texte, où le starets parle de sa propre expérience de vie. Je vous le lirai afin que vous puissiez voir comment les saints ont enduré ce silence de Dieu dans leur vie et comment ce silence s’est finalement révélé être la clé qui les a aidés à ouvrir la porte de la sainteté. Le starets leur a dit ce qui suit.
«Pendant 57 ans, j’ai porté l’habit de moine et il me semble que j’ai essayé de ne pas négliger mon salut, et avec grande crainte et des larmes, priant toujours Dieu qu’Il devienne le Soleil pour moi, afin qu’Il me pardonne tous mes péchés et ne me rejette pas de ses pieds. De toutes mes forces, j’ai essayé de ne heurter personne sur la terre, désirant que Dieu me donne rapidement le courage de servir le plus de gens possible, n’attendant rien en retour, ni sur le plan matériel, ni sur le plan spirituel, mais attendant seulement la grâce de Dieu et le pardon des péchés. Et avec tout cela, pendant tout ce temps (c’est-à-dire plus d’un demi-siècle), je n’ai connu ni la paix ni la sécurité, mais j’ai toujours ressenti un danger, ou du moins une attitude défavorable envers moi-même.
En effet, la vie de cet Ancien a été marquée à la fois par un rejet profond de la part d’autres personnes et par de grands dons de Dieu.
«Quel que soit ce que j’entreprenais de réaliser, même les plus petites choses, j’ai presque toujours rencontré des obstacles insurmontables. Comme si les portes de ce monde, presque toutes, étaient toujours fermées devant moi.  »
Imaginez un homme qui essaie de faire le travail de Dieu depuis 57 ans et que toutes les portes de ce monde se ferment pour lui ! Quoi qu’il ait commencé à faire, il a rencontré d’énormes obstacles.
«J’ai vieilli et je n’ai pas compris le sens de toutes ces épreuves. Est-ce que ce sont des manifestations de la colère de Dieu contre moi, pécheur, ou bien est-ce autre chose ? Est-ce que tout ce que je supporte, les obstacles, l’adversité, etc., survient parce que Dieu est fâché contre moi d’être pécheur ou bien que quelque chose d’autre se passe dans ma vie ? Je ne pouvais pas comprendre cela. Plusieurs fois, j’ai prié Dieu de me dire pourquoi tout se passait toujours ainsi, mais Dieu m’a toujours répondu par le silence. ”

Ce starets qui parlait face à face avec Dieu, comme un ami avec un ami et connaissait de grands états de grâce uniques et rares, a prié Dieu de lui révéler pourquoi tout se passait comme ça dans sa vie, pourquoi il rencontrait tant de difficultés et d’obstacles, tout semblait se fermer, mais Dieu lui répondait toujours par le silence. Dieu ne lui a jamais répondu. Par conséquent, l’Ancien a dit à ces personnes :
«D’après ce que je vous ai dit, vous comprenez que je ne suis pas en mesure de vous expliquer ce dramatique calvaire. Mais je me souviendrai toujours de vous dans mes prières avec amour et compassion.  »

Et il a terminé en disant : « Il est difficile pour nous de blâmer Dieu et de nous justifier. »
C’est-à-dire qu’il est très difficile de dire que Dieu est coupable ou que Dieu est en colère, et qu’alors tout dans ma vie tourne mal, mais que je suis moi-même innocent. Il n’est pas facile pour nous de dire ces mots, de rejeter tout le blâme sur Dieu et de nous disculper nous-mêmes.
Mais il n’est pas non plus facile de faire le contraire, comme les amis de Job qui voulaient être les avocats de la vérité de Dieu, oubliant le terrible supplice que Job a vécu.
Par ailleurs, le starets dit que, d’un autre côté, il n’est également pas facile pour nous de dire à quelqu’un: « Tu es coupable et Dieu est innocent », de devenir les avocats de Dieu et de dire à la personne souffrante: « Tu sais, Dieu n’est pas coupable, tout est de ta faute, c’est pourquoi tu dois endurer tout cela!  »
En d’autres termes, il y a deux positions. La première, « Je suis innocent, mais Dieu est coupable, il me tourmente, parce qu’il est en colère » et la seconde, « Je suis coupable, mais Dieu est innocent. » Ces deux attitudes sont difficiles. Dans le premier cas, vous ne pouvez pas attribuer à Dieu la difficulté par laquelle vous passez, et dans le second, vous ne pouvez pas vous l’attribuer à vous-même, alors que vous souffrez déjà, vous devez supporter un fardeau supplémentaire, à savoir que c’est vous-même à blâmer pour tout ».
Et le starets Sophrony termine avec les mots merveilleux suivants: « Par conséquent, Dieu se tait et nous, nous nous taisons. »
Puisque Dieu est silencieux, nous le sommes aussi. Nous ne pouvons rien faire d’autre que nous souvenir les uns des autres dans la prière, avec amour et compassion. Je pense que c’est un texte très fort. Tous les textes et paroles de l’Ancien Sophrony sont forts. J’ai trouvé ce texte, sa parole de vie donnée à des gens, conservée dans le monastère à des fins personnelles, et j’en ai fait une copie.
En effet, comme c’est typique dans nos vies ! Pour nous tous, sans exception, il y a une heure qui arrive et durant laquelle nous allons traverser des difficultés telles que nous ne saurons même pas quoi dire. Devrions-nous assumer le fardeau de la responsabilité ? Mais nous ne pouvons pas le porter. Nous ne le supporterions pas. Il y a déjà tellement de malheurs qui tombent sur nous que nous ne pouvons pas supporter leur poids. Faut-il encore les attribuer à Dieu ? Mais cela aussi est difficile, et nous ne pouvons pas le faire non plus. Que pouvons-nous faire alors ? Nous faisons alors ce que dit l’Ancien Sophrony : «Dieu se tait et nous aussi nous nous taisons». Nous mettons nos vies entre les mains de Dieu avec une grande confiance. C’est ce que nous proclamons dans la Sainte Liturgie : «… confions-nous, nous-mêmes les uns les autres et toutes nos vies, au Christ, notre Dieu». Nous-mêmes, toutes nos actions, toutes nos vies, nous les remettons entre les mains du Christ afin de trouver la paix, arrêtez de vous battre, arrêtez de faire la guerre, arrêtez de vous disputer avec Dieu.
Pourquoi cela m’arrive-t-il ? Pourquoi tant de difficultés, de tourments et de tribulations ? Pourquoi rien ne tourne rond dans ma vie ? Pourquoi tout est de travers avec moi ? Je n’ai jamais rien fait qui se soit bien passé ! Tout va mal ! L’Ancien avait dit : « Toutes les portes étaient fermées et aucune porte ne s’est ouverte devant moi ». Nous sommes étouffés par la tourmente ; c’est naturel et humain. Nous souffrons avec cette question, « Pourquoi moi ? » Mais la question « Pourquoi ? » N’a pas de réponse, du moins pas la réponse que nous recherchons. Dieu nous répond par le silence afin que nous comprenions que nous devons nous calmer, trouver un peu de paix. Et lorsque nous mettons tout entre les mains de Dieu, lorsque nous sommes prêts, bien que épuisés par tout cela, à nous mettre dans les bras de Dieu, à nous accrocher aux bras de Dieu, nous comprenons alors pourquoi tout cela a eu lieu. Alors Dieu nous répondra.

 

Éphraïm de Katounaki
Vous souvenez-vous de l’exemple de l’Ancien Éphraïm de Katounaki ? Pendant 42 ans, il a été novice dans le désert, obéissant parfaitement à un Ancien très sévère et possessif, un tyran, un homme de tempérament très difficile. Il s’est gardé de juger l’Ancien ou d’aller contre lui. Souvent, il haletait dans ses pensées en se disant : « C’est tout, je ne peux plus le supporter, je pars ! Il est impossible de vivre avec lui ! » Et chaque fois qu’il décidait de partir et qu’il se disait :« Je pars, c’est fini », Dieu le quittait alors et il voyait alors (et il était un théophore, quelqu’un d’habité par Dieu) comment la grâce l’abandonnait à ce moment. Bien que les conditions ne s’amélioraient pas, il revenait, et avec des larmes il demandait à Dieu de lui pardonner d’avoir décidé de fuir.
Donc, 42 ans ont passé et il a continué à prier, voulant comprendre quoi faire dans cette situation. À la fin, son Ancien a perdu la raison, devenu complètement insupportable. La vie de l’Ancien Ephraïm devint un supplice. Mais tout s’est terminé avec la mort de son Ancien. L’enterrement a commencé et, comme il est de coutume au Mont Athos, avant de déposer le corps dans la tombe, Abba Ephraïm est venu prendre la dernière bénédiction de son Ancien en embrasser le mort avant l’enterrement. Et à ce moment-là, quand il se pencha pour prendre une bénédiction de son starets, Dieu, dans le Saint-Esprit, lui répondit : « C’était la volonté de Dieu que tu restes dans l’obéissance à cet homme pendant 42 ans ! » Éphraïm a reçu ce message spirituel de Dieu. Et lui-même dit qu’il a répondu à Dieu en état de grâce : « Pourquoi me dis-Tu cela maintenant, que l’Ancien est mort et est descendu dans la tombe ? Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit depuis tant d’années ? Pourquoi m’as-tu laissé pendant 42 ans ? En effet, Ephraïm de Katounaki est venu à la Montagne Sainte (l’Athos) à l’âge de 20 ans et avait 62 ans lorsque son Ancien s’est endormi. Pendant 42 ans ! Il est venu à la Montagne Sainte comme jeune homme et il a vieilli, subissant cette obéissance semblable à un martyre. « Quel est le sens de cela pour moi maintenant qu’il est mort ? » Et Dieu lui répondit : « Si tu étais parti plus tôt, tu te serais détruit ! » C’est ce que Dieu lui répondit.
Bien sûr, ce que je vous dis n’est pas très inspirant et, naturellement, nous ne possédons pas la mesure de telles personnes. Ces Anciens ne se présentent pas tous les jours. Ne pensez pas que le starets Sophrony, Abba Ephraïm ou ces grands Anciens dont nous lisons la vie, menaient une vie sereine. Au contraire, leur vie était un tourment, chaque jour était une lutte, de la douleur, du chagrin, des larmes, de la sueur et des difficultés. Ces personnes n’ont pas trouvé de réconfort dans leur vie. Les choses qu’ils faisaient ne se sont pas déroulées non plus comme ils le voudraient, mais aux yeux des gens, cela semblait être une perte et une humiliation. Aux yeux de Dieu, cependant, c’était leur gloire.
En fin de compte, ces gens ont été glorifiés par Dieu parce qu’ils étaient passés par cette voie de l’humilité, de la patience, de la foi, du refus de la consolation, de l’espoir en Dieu seul et de personne d’autre. En fin de compte, il existe un message que Dieu envoie à travers ces exemples : « N’espérez rien d’autre que Dieu ! Que votre espoir soit en Lui, en Lui seul et uniquement vous trouverez le réconfort et recevrez la grâce ».
Continuons avec le texte du Psaume 119 : C’est pourquoi j’aime tes commandements plus que l’or, et que l’or fin ! (Ps. 119 : 127). C’est dans tout cela que j’ai découvert que Tes commandements sont la chose la plus précieuse en ce monde : mieux que l’or, les perles et les diamants. Ta parole, Tes commandements sont la chose la plus précieuse. Par conséquent, je Vous aime le plus et je ne penses pas que rien d’autre mérite l’amour, et j’ai découvert que Ton amour surpasse tout autre amour dans ce monde.
C’est pourquoi je trouve juste Tes préceptes, je hais tous les chemins de mensonge. Tes témoignages sont des choses merveilleuses. C’est pourquoi mon âme les garde. (Ps. 119 : 128-129).
Lorsque vous entrez dans un magasin et que vous voyez des choses bonnes et merveilleuses, vous les aimez, vous les regardez un par un en passant tout votre temps, car elles sont si précieuses et étonnantes. N’est-ce pas pareil avec une personne qui ouvre soudainement les yeux de son âme, voit les merveilles de Dieu et les examine ? Vous voyez, que non seulement dans l’Évangile, mais même dans l’Ancien Testament, la parole de Dieu et le Saint-Esprit de Dieu louent la personne qui cherche. Nulle part il n’est dit « Crois et ne cherche pas », bien au contraire nous devons rechercher les œuvres merveilleuses de Dieu. Comme le dit si bien le prophète David dans ce même psaume :

« Avec émerveillement, désir je les ai suivis, explorés, découverts et ai vu à quel point les œuvres merveilleuses de Dieu sont merveilleuses et précieuses. »
La révélation de Tes paroles éclaire ; cela donne de l’intelligence aux simples. J’ouvre la bouche et je soupire, car je désire ardemment Tes commandements (Ps. 119 : 130-131).
Souvenons-nous ici des paroles du Chris t: «Alors, mets dans ton cœur de ne pas penser à quoi répondre, car je te donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire» (Luc 21: 14-15). ). Ne  dites pas : « Laissez-moi m’asseoir et réfléchir comment je vais répondre à cette question.» Le Christ dit que nous ne devrions rien faire et partir sans préparation. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, le Saint-Esprit vous apprendra quoi dire. C’est comme si le Christ disait : « Si vous vous assoyez pour vous préparer, vous gâcherez tout, vous ne le direz pas comme il se doit ! Laissez tout en l’état, comptez sur Dieu et le Saint-Esprit qui vous accordera quoi dire. Sinon, si vous répondez de manière humaine, vous direz peut-être quelque chose de bien, mais cela n’aura pas le pouvoir de la parole de Dieu. En d’autres termes, le psaume dit : « J’ai ouvert la bouche et elle a été immédiatement remplie du Saint-Esprit. J’ai donc répondu en disant ce que j’avais à dire. »
Vous voyez, nous disons beaucoup de choses, mais rien ne se passe. Et quand un seul homme de Dieu parle, avec peut-être une cinquantaine de personnes à l’écoute, tout le monde dit : « Vous savez, ce qu’il vient de dire, il me l’a dit directement ! » « Non, dit un autre. « Il m’a dit ça. » Et ainsi de suite. Tout le monde va penser que l’homme de Dieu lui a parlé. Ce n’était pas le cas, mais le Saint-Esprit est Celui qui laisse tout le monde comprendre ce qu’il a besoin de comprendre pour le moment.
Il m’est arrivé de parler à des gens qui étaient allés voir une personne vertueuse et elles ont dit : « Nous sommes allés là-bas et il a révélé nos pensées devant tout le monde, nous avons donc été offensés.» L’Ancien n’avait jamais cela dans ses pensées, il a juste ouvert la bouche et a prononcé cinq mots que Dieu l’a inspiré. Mais ces cinq mots étaient pour chacun ce dont il avait besoin et chacun a perçu ce qu’il avait besoin de percevoir.  C’était déjà le cas avec les Juifs, quand ils mangeaient de la manne, c’était la même chose pour tout le monde, mais pour chacun, c’était ce dont il avait besoin.
La même chose se passe avec la Sainte Communion. Comme il est dit joliment à un endroit de la Sainte Liturgie, « selon les besoins de chacun » (dans la prière silencieuse du prêtre après la prière du Seigneur). Nous prions le Seigneur pour que la communion du Saint Corps et du Sang du Seigneur puisse devenir pour tout le monde ce dont on a besoin. Pour ceux qui sont dans le besoin, que ce soit pour la satisfaction de ce besoin ; lumière pour ceux qui ont besoin d’illumination ; soutien aux infirmes. Pour tous, que Dieu soit ce dont ils ont besoin. Dieu travaille ainsi et la parole de Dieu agit ainsi.
En d’autres termes, mettez-vous entre les mains de Dieu, comme un enfant s’abandonne dans les bras de sa mère. Ne repoussez pas Dieu, ne vous battez pas contre Dieu qui vous tient dans Ses bras, car vous entendrez alors ce que le saint Apôtre Paul entendit, alors qu’il était le persécuteur, que Dieu tenait dans Ses bras malgré le fait qu’il persécutait les chrétiens. Le jour où Christ se tenait sur le chemin de Paul, persécuteur des chrétiens à cette époque, le Christ lui dit: «Il te serait difficile pour toi de donner des coups de pied contre les aiguillons» (Actes 9: 5).
Il est très difficile de frapper des pointes avec les pieds nus. Imaginez une personne qui frappe une fourche avec les jambes nues. Y a-t-il douleur ou folie pire que cela ?  Ça ne va pas marcher. Il est difficile de résister à l’amour de Dieu, de le repousser quand il vous tient dans Ses bras.
Alors, soyez capables de rester dans les bras de Dieu. Lorsque vous comprenez cela et que vous vous humiliez, alors vous trouverez la paix, calmez-vous, puis prenez une profonde respiration et comptez sur le grand amour et la paix donnés à une personne par la présence de Dieu.
Source : http://www.pravmir.com/the-silence-of-god/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entretien sur le jeûne à l’occasion du commencement du carême de la Nativité

Carême de la Nativité: il débute cette année le 14 novembre (car c’est un mercredi, qui est jour de jeûne) et se termine le jour de Noël (sinon il commence d’habitude le 15 novembre)

CONVERSATION SUR LE JEUNE

 

Conversation avec un ancien (géronda) du mont Athos à propos du jeûne

– Bénis, Geronda.
– Que Dieu vous bénisse, ma joie.

– Vous êtes sur le mont Athos depuis longtemps ?

– Depuis soixante ans. Mais qu’est-ce que soixante ans devant la face de Dieu ?

– Père, je te demande de dire quelque chose à propos du jeûne.

– Pour dire quelque chose, vous devez vivre ce dont vous allez parler. Seul un marin ou un enfant né près de la mer peut parler de la mer. Mais je vais vous obéir et vous dire ce que les Saints Pères, qui étaient unanimes et tous des «amis» du jeûne et de l’abstinence, ont dit à propos du jeûne.

– Le jeûne est-il un but en soi?

– Le jeûne n’est pas un but en soi, mais un moyen. Votre but était d’arriver à Athos. Et le bateau sur lequel vous avez navigué est devenu un moyen pour vous. De même, le jeûne est l’un des moyens que le Seigneur nous a donnés pour que nous puissions l’approcher. Et le but de notre vie est d’être avec Dieu.

– Quand le jeûne est-il apparu ?

– Le jeûne a le même âge que l’humanité. Selon Saint Basile le Grand, il a été établi par Dieu au paradis. Quand il a dit à l’homme : «Tu mangeras de tous les arbres du jardin; mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, n’en mange pas; car ce jour où tu en goûteras, tu mourras »(Gen. II, 17)

– Pourquoi Dieu a-t-il accordé le jeûne à l’homme, pour le limiter ?

– Au contraire ! Pour le libérer.

Saint Jean Chrysostome a écrit que « Dieu ayant créé l’homme, l’a immédiatement placé en état de jeûne qui est un moyen pour son salut comme une tendre mère et un meilleur mentor ». L’abstinence est la voie du salut. Le jeûne est un enseignant qui ne limite pas une personne, mais l’enrichit et la développe.
– Geronda, le jeûne est-il nécessaire?

Saint Jean Chrysostome répond encore une fois à cette question: si le jeûne est nécessaire au paradis, il l’est beaucoup plus en dehors du paradis; si le médicament est utile avant la blessure, il l’est beaucoup plus après la blessure; si nous avions besoin d’une arme avant le début de la guerre contre la convoitise, il est beaucoup plus nécessaire d’avoir un jeûne lors de l’ouverture d’un tel combat contre la convoitise et les démons. Au ciel, le jeûne était donné à l’homme à des fins préventives. Après la chute, il sert à des fins thérapeutiques.

– Quelles tâches peuvent être résolues à l’aide du jeûne ?

Selon Saint Maxime le Confesseur, le jeûne tue les mauvais désirs. Il adoucit également le cœur (Saint Siméon le Nouveau Théologien). Saint Grégoire de Palamas écrit que le jeûne et l’abstinence aident à mener à bien toute bonne entreprise. Et Saint Jean Chrysostome confesse son amour du jeûne : « J’aime le jeûne, car c’est la mère de la sagesse faite de douceur et la source de toute sagesse. »

– Comment devrions-nous jeûner?

– Le jeûne est un médicament spirituel. Dans le même temps, l’abstinence ne devrait pas seulement être alimentaire, la personne tout entière devrait jeûner dans son unité psychosomatique. Écoutez ce que Saint Jean Chrysostome dit à ce sujet: «Est-ce que vous jeûnez? Prouvez-le moi par votre comportement. Qu’allez-vous faire? Si vous voyez un ennemi, faites la paix, si vous voyez votre ami heureux, ne l’enviez pas. Que ce ne soit pas seulement votre bouche qui jeune, mais tous les membres de notre corps. Que les mains jeunent en évitant le vol et l’acrimonie. Que vos yeux jeûnent, habitués qu’ils sont à observer les beaux visages (l’extérieur), se tournent vers l’autre genre de beauté (la beauté intérieure). Que le jeûne soit celui de l’ouïe : ne pas écouter la calomnie. Que le jeûne soit celui du langage grossier et des insultes. Quelle est l’utilité si nous nous abstenons de viande et de poisson et que nous rongeons et mangeons des frères? »

– Comment mangeons-nous nos frères ?

– Par la calomnie et la condamnation, fondées sur un manque d’amour pour ceux que nous côtoyons.

– Merci père. Tu m’as beaucoup aidé.

– Nous devrions remercier Dieu qui a illuminé nos Saints. Que le Seigneur nous accorde sa grâce et que la Très Sainte Théotokos (Mère de Dieu) nous préserve sous son voile. Et n’oublions pas que notre tâche principale est d’avoir le désir d’être avec Dieu.

Source : https://www.facebook.com/susan.schneider67/posts/10211046505593525