Le Pardon par saint Jean de Cronstadt

Si vous pardonnez aux gens leurs péchés, votre Père céleste aussi vous pardonnera vos péchés » dit le Seigneur (Mat.VI,14-15).

 

Ce dimanche s’appelle dans la langue populaire « dimanche du Pardon«  [Le dimanche du Pardon a eu lieu cette année le 22 février, le Grand Carême commence juste après]. Depuis les temps anciens, on garde la coutume en ce jour et durant toute la semaine de la Tyrophagie [ ou plus clairement la semaine des laitages, c’est la dernière semaine avant le Grand Carême durant lequel on ne mange plus de produits laitiers], de se demander mutuellement pardon pour les péchés commis l’un envers l’autre. Magnifique coutume, authentiquement chrétienne : qui de nous, en effet, ne pèche pas contre son prochain, que ce soit en paroles, en actes ou en pensées? En demandant pardon à l’autre, nous montrons notre foi en l’Evangile, notre humilité, notre refus du mal, notre amour de la paix. Au contraire, ne pas désirer demander pardon montre notre peu de foi, la suffisance, la rancune, l’insoumission à l’Evangile, la résistance à Dieu, la complicité avec le Diable.

 

Pourtant nous sommes tous enfants du Père Céleste par la grâce, membres du Christ notre Dieu, membres de l’unique corps, l’Eglise, qui est Son Corps, et membres les uns des autres ; Dieu est Amour (IJn.IV,8); et plus que tous les holocaustes et les sacrifices, Il exige de nous un amour mutuel, qui est patient, fait miséricorde, n’envie pas, ne s’enfle pas, ne s’enorgueillit pas, ne fait pas de scandale, ne recherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas rancune, ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit de la vérité. Il excuse tout, croit tout, supporte tout et jamais ne cesse (I Cor.XIII,4-8). Toute la loi tient en deux mots : aime Dieu et ton prochain. Le coeur de l’homme est extrêmement égoïste, impatient, jaloux de son dû, méchant et rancunier ; il est prêt à s’emporter contre son frère contre un mal patent, mais aussi pour un mal imaginaire, pour une parole offensante, mais aussi pour une parole équitable ou tranchante – et même pour un regard qui a semblé peu indulgent, u équivoque, rusé, fier, c’est tout juste s’il ne s’emporte pas contre les pensées du prochain, celles qu’il lui invente. Le Seigneur qui sonde les cœurs, dit ceci : c’est du cœur que sortent les pensées méchantes, adultère, débauche, meurtre, vol, emportement, méchanceté, fourberie, obscénités, envie, blasphème, orgueil, déraison(Mc.VII,21-22). A la méchanceté humaine doit être opposée l’infinie bonté et la grâce toute puissante de Dieu ; avec son secours, il est aisé de fuir tout mal par la douceur, la bonté, l’esprit de concession, la patience et la longanimité. (…) En échange des péchés pardonnés au prochain, le Père céleste nous promet le pardon de nos péchés, l’acquittement au Jugement dernier, la béatitude éternelle ; les miséricordieux obtiendront miséricorde(Mat.V,7). La méchanceté invétérée doit s’attendre au juste Jugement de Dieu et au tourment éternel.

 

Ecoutez ce récit qui montre comment Dieu punit dès ici-bas les méchants qui ne veulent pas se réconcilier entre eux. Dans la laure des Grottes de Kiev, il y avait deux solitaires -deux moines- le prêtre Tite et le diacre Evagre. Après avoir vécu quelques années en bonne intelligence, pour une raison quelconque, ils se prirent d’inimitié et de haine l’un envers l’autre ; leur animosité mutuelle dura fort longtemps, et eux, sans se réconcilier, avaient l’audace d’offrir à Dieu le Sacrifice non sanglant de l’Autel.
Tous les conseils de la communauté, de laisser là leur colère et de vivre entre eux dans la paix et la bonne entente, demeurèrent vains. Un jour le prêtre Tite tomba gravement malade. Désespérant de survivre, il commença à pleurer amèrement son péché et envoya quelqu’un demander pardon à celui qu’il n’aimait pas ; mais Evagre ne voulut même pas en entendre parler et se mit à le maudire sans pitié. La communauté des frères, déplorant un si grave égarement, l’amena de force auprès du mourant. Tite, apercevant son ennemi, se dressa sur sa couche avec l’aide des autres et tomba devant lui, le suppliant avec des larmes de lui pardonner. Mais Evagre était si inhumain qu’il se détourna de lui et s’écria avec fureur : ni dans cette vie, ni dans l’autre, je ne veux me réconcilier avec lui ! Il s’arracha des mains de la communauté et tomba à terre. Les moines voulurent le relever, mais quelle ne fut pas leur surprise de le voir mort, et si froid qu’on eût dit qu’il avait expiré depuis longtemps! Leur surprise s’accrut encore quand ils virent au même moment le prêtre Tite se lever en bonne santé de sa couche de douleur, comme s’il n’avait été jamais malade. Frappés de stupeur devant un événement si inattendu, ils entourèrent Tite et l’un après l’autre l’interrogeaient : qu’est-ce que cela signifie ? Il répondit : « J’étais dans cette grave maladie, jusqu’à ce que moi, pécheur, qui m’étais emporté contre mon frère, je visse les Anges s’éloigner de moi et verser des larmes sur la perte de mon âme et les esprits impurs se réjouir. Voilà la raison pour laquelle j’ai désiré plus que tout me réconcilier avec lui. Mais comme on me l’amenait, que je me prosternais devant lui et que lui commençait à me maudire, je vis un Ange menaçant de le frapper avec une lance de feu, et le malheureux tomber à terre, mort. Et le même Ange me tendit la main et me releva de ma couche de douleur. » Les moines pleurèrent la terrible mort d’Evagre et depuis lors ils commencèrent à veiller à ce que jamais le soleil ne se couche sur leur colère.

 

Frères et sœurs, la rancune est le plus terrible des vices, elle est aussi détestable devant Dieu que funeste dans la société. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu : la bonté et l’innocence doivent être nos vertus permanentes ; car Dieu se conduit à notre égard selon sa Bonté ; Il est lent à la colère et nous pardonne sans compter. Nous aussi nous devons pardonner. Mais le rancunier n’a pas en lui l’image et ressemblance de Dieu, il est plutôt une bête qu’un homme. Amen. »

 

Saint Jean de Cronstadt

Homélie sur le jeûne de saint Ephrem le syrien

 

Saint Ephrem le Syrien a vécu entre 306 et 373 à l’est de la Turquie actuelle.

Bienheureux, et même trois fois bienheureux celui qui garde le jeûne car le jeûne est une vertu très puissante.

Il y a plusieurs sortes de jeûnes :

  1. Le jeûne de la langue : ne pas s’étendre en bavardage creux et ne pas insulter, ne pas dire des grossièretés, maudire ou prononcer de vaines paroles.  Ne pas diffamer, médire ou divulguer des secrets. Ne pas se mêler de ce qui ne nous concerne pas.
  2. Le jeûne des oreilles pour ne pas écouter des choses vaines.
  3. Le jeûne des yeux : ne pas regarder ce qui ne mérite pas d’être vu.
  4. Le jeûne de la colère : dominer sa propre colère pour qu’elle n’éclate pas.
  5. Le jeûne des honneurs : assujettir la vaine gloire, ne pas rechercher les honneurs ou une haute position. Ne pas s’élever au-dessus des autres et ne pas admettre les flatteries.
  6. Le jeûne de l’intellect : avoir la crainte de Dieu et ne pas s’abaisser à des pensées trompeuses qui suscitent l’excitation intérieure.
  7. Le jeûne alimentaire : ne pas manger plus que mesure, ne pas rechercher les mets très raffinés et très chers, manger aux heures des repas et ne pas manger entre ces heures, ne pas céder à la gourmandise et se remplir le ventre de nourriture très riche ou souhaiter d’autres mets plus chers et plus attirants.
  8. Le jeûne des boissons : ne pas s’enivrer d’alcools ou de vins divers.
  9. Jeûner des passions et des pulsions mauvaises, maîtriser ses sens pour ne pas être pris au filet des désirs passionnels et rejeter les pensées qui sont à la source de ces désirs passionnels ; ne pas prendre plaisir aux imaginations qui en découlent, ne pas céder à la chair mais la maîtriser et se dominer.

Dimanche de la Résurrection

En cette fête des fêtes, Pâques, celle de la lumineuse Résurrection de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, les messages de abondent partout où se trouvent des communautés chrétiennes. En voici un qui vient du Proche Orient.

 

Message de Pâques – 2014

Voici Pâques qui vient, portant une grande joie ! C’est la joie en la Résurrection du Christ et en sa victoire sur la mort ; mais c’est aussi la tristesse face aux souffrances de l’homme moderne et à sa mort spirituelle.

Que nous inspire Pâques en ce monde pris dans les complexes de l’être humain, travaillé par un labeur terrible, en Orient comme en Occident ?

En apparence et en réalité, Satan, le prince de ce monde, domine toujours l’arène de la société mondiale, qu’il comble de ravages et de désolations. Pâques, qu’ajouterait-il à cette ambiance pernicieuse?

Ô frère qui croit en Christ Souffrant et Ressuscité, je t’assure qu’une bonne part reste fidèle au Seigneur qui a souffert pour elle, et pour tous les hommes, créés à son image et à sa ressemblance.

Du fond des souffrances et des peines de ce monde, ce reste de fidèles – dont tu pourrais faire part, si tu désires-, se réjouit et se console à la Résurrection du Christ.

Le monde est plein de calamités, mais le Seigneur a dit à ses disciples : « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Luc12, 32).

Le mystère de la résurrection du Christ réside en ce que chacun désire profondément qu’il

s’accomplisse en son être. Saint Syméon le Théologien dit : « Le Christ est enseveli au fond de nous comme dans une tombe… il connut la mort et descendit aux tréfonds de l’Hadès, puis il ressuscita et monta aux cieux. De même, lorsque nous quittons le monde du péché et entrons dans la tombe de l’humilité et du repentir… il s’unit à nos âmes vraiment mortes et les ressuscite.

A nous tous, ressuscités avec lui, il offre de contempler la gloire de sa Résurrection mystique.

La résurrection du Christ est notre propre résurrection, nous qui sommes tombés dans le péché.

Le dimanche de Pâques, ainsi que chaque dimanche, nous ne disons pas « ayant cru en la

Résurrection du Christ », mais « ayant vu la Résurrection du Christ »…

Comment donc cette Résurrection se manifeste-t-elle en nous ? Quand nous brillons d’un éclat spirituel, cela signifie que nous sommes ressuscités de notre péché. Aussi Saint Syméon ajoute-t-il: «En vérité, la résurrection du Christ se produit dans l’âme de chaque fidèle individuellement. Or ce n’est pas une seule fois, mais à chaque instant que le Christ ressuscite en nous, rayonnant de lumière et luisant de son éclat divin et incorruptible. D’où le chant : « Le Seigneur est Dieu, il nous est apparu, béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur »…

Frère bien-aimé, je termine en t’offrant cette parole apocalyptique, espérant qu’elle t’apportera force, espérance, patience et consolation : lorsque viendra la fin, le monde matériel deviendra lumière.

Ne désespère donc point ! Alors la Résurrection illuminera toute la création et embrassera tous les hommes, les morts et les vivants. Voici pour le Jour dernier. Quant au jour présent, il fournit un avant-goût de la douceur de Pâques, la douceur de la Résurrection du Christ, même au sein de nos souffrances et de celles du monde, -quitte à rester fidèles à la Parole de

Dieu. C’est que le Christ a inauguré la création nouvelle.

Le Christ est revêtu de lumière, et celle-ci inondera le monde entier.

Christ est ressuscité !

† Ephrem,

Métropolite de Tripoli (Liban), Koura, et leurs dépendances

 

 

 

Homélie pascale de saint justin popovic

 

L’HOMME  EST  CONDAMNE  A  L’IMMORTALITE

L’homme a condamné Dieu à la mort mais par Sa résurrection, Dieu a condamné l’homme à l’immortalité…L’homme n’a jamais montré autant de haine envers Dieu que lorsqu’il L’a crucifié et Dieu n’a jamais montré autant d’amour envers l’homme que lorsqu’Il ressuscita. L’homme voulait que Dieu soit comme un mortel mais Dieu par Sa résurrection a rendu l’homme immortel. Le Dieu crucifié est ressuscité d’entre les morts et a tué la mort. La mort n’est plus, l’immortalité enveloppe l’homme et tous les mondes. Par Sa résurrection, le Dieu-Homme, a conduit la nature humaine de façon irréversible vers l’immortalité et l’a rendue redoutable pour la mort, car auparavant c’était la mort qui était redoutable pour la nature humaine. Lorsque l’homme vit de la foi au Christ ressuscité, il vit hors d’atteinte de la mort : « O mort, où est ton aiguillon ? O tombeau, où est ta victoire ? » (I Cor 15 :55).

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