Un témoignage sur l’Eglise Orthodoxe à Madagascar

TEMOIGNAGE SUR L’EGLISE ORTHODOXE A MADAGASCAR

(Source: The Greek-Australian VEMA,January 2013, pg. 17/35)

Ce n’est pas souvent que nous avons la possibilité de prendre un peu de temps, de nous rappeler nos expériences et de mettre par écrit un compte rendu de nos activités, de sorte que le monde extérieur soit informé des progrès de notre mission. Les nombreuses expéditions missionnaires difficiles et régulières dans les hautes terres montagneuses escarpées, ou dans les plaines arides et désertiques de cette énorme île africaine, drainent notre énergie et ce qui nous en reste est consacré à superviser les projets en cours dans les chefs lieu. Ces projets comprennent, les rations alimentaires hebdomadaires pour 100 familles pauvres, le lait et des biscuits à haute teneur en protéines par jour pour 1000 enfants sous-alimentés, le fonctionnement des deux cliniques médicales entièrement fonctionnelles, et 15 écoles primaires et secondaires. Nous devons aussi faire mention des soins que nous fournissons pour 12 personnes âgées dans la maison de notre mission pour personnes âgées , ainsi que les trois écoles de couture visant à fournir des possibilités d’emploi futurs pour les jeunes femmes sans emploi , ou des femmes socialement marginalisées . Un orphelinat abrite 13 enfants sans parents nous attend également, car il repose uniquement sur ​​la mission orthodoxe pour sa survie.

Nous courons d’un endroit à l’autre avec « notre cœur sur nos lèvres » pour ainsi dire.  Notre conscience ne nous laisse pas au repos – car aussi longtemps que nous savons qu’il y a de la douleur et la souffrance et que nos frères africains (malgaches) comptent sur notre aide, nous n’aurons pas de répit. C’est avec ce sentiment écrasant de la responsabilité en tant que chrétiens ; c’est dans ce souvenir constant de la réponse fidèle d’Abraham, « Me voici» (Gen22 : 1) que nous sommes fidèles à l’appel de Dieu à le servir dans le champ béni de la mission. C’est alors que nous ressentons la merveilleuse présence de notre Seigneur plus proche que jamais dans nos vies, ici à Madagascar – et tous les problèmes s’évanouissent, les obstacles s’effondrent, les tentations cessent. Ils sont toujours présents – mais ils paraissent sans importance maintenant. Les mots de consolation de notre Seigneur, je suis avec vous pour toujours (Mat 28:20 ) se font sentir au fond de nos cœurs. Nous savons lorsque nous regardons les visages doux et les sourires étincelants de nos frères malgaches, que c’est cela à quoi nous appartenons, que c’est ici que nous sommes aimés et que nous aimons, c’est ici que nous consacrons notre vie à leur service et à Son service. .

Ce que nous recevons en retour par la bonté aimante de Dieu dans le champ de la mission ne peut être exprimé en paroles. Cependant dans le but de de faire un récit informatif nous allons essayer humblement de raconter comment Dieu nous a sauvés plusieurs fois alors que nous étions en danger, comment Il nous a consolés dans les moments de doute et comment Il a renforcé notre peu de foi à travers la joie dans le service de la mission de Madagascar.

Une question fréquente qui nous est souvent posée, ‘ Est-ce que les malgaches   acceptent le christianisme orthodoxe en toute conscience, ou bien est-ce qu’il y a une arrière-pensée pour profiter d’avantages matériels ?  » Il s’agit d’une question que nous pourrions nous poser à nous-mêmes d’autant plus que notre mission s’adresse surtout aux catégories sociales défavorisées en fournissant une aide humanitaire à ces groupes. La réponse est venue rapidement avec un jeune baptisé du nom de Panayiotis. Panayiotis est un jeune homme d’humeur joyeuse, il venait régulièrement à l’église et il avait une voix exceptionnelle. Il était membre de la chorale de l’église. Or il se trouva que Panayiotis a cessé de venir à l’église après un certain temps et que nous ne l’avons plus revu depuis plus d’un an. Nous avons demandé au prêtre de la paroisse s’il avait vu ou obtenu des nouvelles de Panayiotis, mais personne n’avait de nouvelles de lui. Nous nous demandions si Panayiotis avait perdu son zèle pour l’Eglise, ou bien si sa famille l’a convaincu de revenir aux croyances traditionnelles (une partie non négligeable de la population adhère aux croyances traditionnelles). Étonnamment, un jour, à la fête de la Pentecôte, Panayiotis est apparu à l’église, la tête baissée, et faisant avec piété le signe de la Croix. A la fin de la Divine Liturgie, heureux de le voir de nouveau, nous avons demandé à Panayiotis où il avait été pendant si longtemps. «Je suis allé à l’est de l’île pour trouver du  travail », répondit-il. Il nous a expliqué que son travail était dans la ville de Toamasina où notre mission ne dispose pas encore d’une église. «Je parle à tout le monde de l’orthodoxie », poursuit-il « et je prie beaucoup. À ce moment-là il a enlevé de sa poche un komboskini  [chapelet orthodoxe] à 200 nœuds qui était en lambeaux. «Je dis la prière de Jésus tous les jours – et je prie pour vous aussi, dit-il. «Mon komboskini est dans un très mauvais état parce que je l’utilise tous les jours. J’en ai besoin d’un nouveau ».

Oui, nous n’avions pas vu Panayiotis pendant longtemps, mais il est resté fidèle à l’Église. Nous avons été émus par sa stabilité exemplaire dans la foi et sa diligence à la prière. Panayiotis est retourné à Toamasina le lendemain. Nous sommes sûrs qu’il continue à prier pour nous.

Une grande partie de la population à Madagascar est de religion traditionnelle (culte des ancêtres). Cela rend le travail de la mission dans certains cas difficile. Beaucoup de villages sont liés par des tabous et la sorcellerie et les lois tribales sont profondément ancrées dans la culture malgache. Nous devons être sensibles à la culture dans notre ministère parmi ces personnes et avoir toujours à l’esprit que le christianisme est relativement nouveau pour certaines de ces communautés(…). De même le mauvais état des routes pratiquement inexistantes fait que nos voyages de mission sont des expéditions difficiles et périlleuses.

Un exemple me vient particulièrement à l’esprit. Nous sommes partis de la base de la mission pour atteindre le village très isolé d’Anjabaky dans le sud, dans le but de distribuer des produits alimentaires et des fournitures scolaires pour les familles pauvres de la région. Le voyage a duré environ 22 heures et nous avions peur des bandits de route qui sont fréquents dans le sud en particulier lorsque l’on voyage de nuit. Quand nous sommes finalement arrivés le lendemain, nous avons été accueillis par des villageois anxieux et effrayés. Ils étaient soulagés de nous voir et lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils avaient si peur, ils ont répondu, « il y a seulement trente minutes nous avons été attaqués par des dahalo (bandits). Ils étaient armés et ils ont terrorisé notre village, menacé nos femmes et nos enfants. Trois d’entre eux ont réussi à s’échapper, mais l’un a été attrapé. Le doyen du village, (ray aman – dreny ) a ordonné qu’il soit attaché et qu’il soit sanctionné (…).    « Nous étions inquiets que vous rencontriez les bandits sur la route qui mène à notre village », ont-ils continué. « Vous devrez partir d’ici avant la nuit.  »

Nous avons distribué à la hâte ce que nous avons apportés avec nous, en remerciant Dieu que nous étions arrivés sains et saufs (…). Les bandits sont impitoyables et dangereux dans ces zones rurales isolées. Lorsque nous avons demandé aux habitants pourquoi ils continuent à vivre dans ces endroits isolés difficiles qui sont à l’écart des routes et qui sont exposés à divers dangers, ils ont répondu : «Nous n’osons pas abandonner la terre de nos ancêtres, car nous croyons que leurs esprits vont nous maudire si nous partons ». Il y a beaucoup de travail à faire dans cette vigne(…). Nous avons quitté le village, mais nous avons promis avec beaucoup de compassion dans nos cœurs de visiter ces gens à nouveau.

Une des plus grandes joies dans la mission de Madagascar est d’être témoins de baptêmes de groupe. Les catéchumènes sont préparés pour le sacrement du baptême à travers un processus de catéchèse qui dure généralement jusqu’à 11 mois. Un village peut désirer la catéchèse et quand le curé de la paroisse et le Geronda (c’est à dire l’Ancien qui est l’évêque Mgr Ignace) considèrent que les gens sont prêts spirituellement, nous nous apprêtons à partir pour faire les baptêmes. Le véhicule 4×4 de la mission est entièrement chargé. Nous avons une grosse citerne dans la remorque qui sert de font baptismal, ainsi que le repas qui sera donné aux villageois à l’arrivée afin de cuisiner et de partager un repas lors de la célébration festive qui suit les baptêmes. Geronda apporte toujours des douceurs pour les nouveaux baptisés, ainsi que des icônes encadrées et des petites croix comme cadeaux pour chaque personne pour cette journée spéciale. Nous fournissons également de la papeterie scolaire, des ballons, des ballons de football et des cordes à sauter pour les enfants nouvellement baptisés.

Un jour, nous avions prévu de faire des baptêmes dans un village appelé Andranohinaly. Il y a une grande souffrance dans ce village en raison de la sécheresse. Les gens marchent 15km pour atteindre la source d’eau la plus proche pour leur consommation quotidienne. Les enfants ici sont extrêmement en dessous de leur poids normal à cause et de la malnutrition. Même les animaux (buffles et chèvres) périssent à cause du manque d’eau – nous voyons souvent la cage thoracique de certains animaux qui dépassent de leurs côtés et nous nous sentons profondément attristés. À l’arrivée, les chrétiens nous ont dit qu’il n’avait pas plu depuis plus d’un an. Nous avons commencé la préparation pour les baptêmes par la mise en place des fonts baptismaux à l’ombre d’un arbre (puisque nous n’avons pas encore une église dans ce village). Plusieurs chèvres étaient tout près, bêlant (…). Il était difficile de faire des baptêmes dans cette zone, car nous avons été obligés pour le transport de l’eau pour le baptême à partir de la ville voisine d’acheter des bidons pour 2000ariary (environ 1 $ australien ) chacun . Bien que nous étions heureux de voir tant de gens embrasser l’orthodoxie, nous étions également attristés de voir tant de pauvreté. En ce jour un prêtre bénévole de Grèce devait célébrer le Mystère du baptême. Les catéchumènes vêtus de leur robe blanche (pour le baptême) se tenaient tranquillement lorsque la célébration du Mystère a commencé. Puis quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Les chèvres à proximité qui faisaient tant de bruit sont soudain devenues pleinement attentives. Et alors que le prêtre prononçait ces mots « C’est pourquoi, ô Roi qui aime l’humanité, viens maintenant par la descente de Ton Esprit Saint sanctifier cette eau », les chèvres se sont agenouillées et ont suivi le service avec un silence impressionnant. Nous nous sommes émerveillés de voir la nature s’incliner et adorer le Saint-Esprit dans Sa descente pour effectuer le Mystère. Ici, dans ce pauvre village oublié, nous avons été témoins de la présence du Seigneur  parmi nous !

Enfin, lorsque les baptêmes sont terminés, il était temps de vider la citerne (font baptismal) afin que nous puissions la remettre en arrière sur la remorque. Le chef du village nous a approchés, nous demandant si nous pouvions donner de l’eau aux animaux qui souffrent de soif. Le prêtre a expliqué que ce n’était pas possible parce que l’eau a été bénie et est considérée comme sacrée. Les gens ont humblement accepté sa parole et tout le monde a contribué à creuser un grand trou afin que l’eau bénie (du baptême) puisse y être versée et qu’ensuite on le recouvre par de la terre restant afin de ne pas marcher dessus. Le prêtre a promis que Dieu les bénirait pour leur obéissance et humilité.

Peu de temps après, des nuages ​​ont commencé à se rassembler dans le ciel et en quelques minutes de grosses gouttes de pluie ont commencé à tomber. Le deuxième miracle avait eu lieu ! Les enfants ont commencé à danser dans l’excitation. Les adultes battaient des mains et chantaient dans la joie. Quelques instants plus tard une violente averse de pluie a arrosé la terre assoiffée et a rempli les réservoirs d’eau vides depuis longtemps. Les enfants couraient nus jouer sous la pluie. Quel spectacle ce fut ! Les aînés ont crié : «Nous avons été bénis père, oui – nous avons été bénis comme vous l’aviez promis ! Nous sommes tous restés sans voix, les larmes aux yeux – car Dieu les avait vraiment bénis (et nous aussi) en ce jour mémorable.

Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses expériences bénies qui caractérisent notre vie quotidienne sur le terrain de la mission. C’est dans des cas comme ceux-ci – dans les moments de doute de périls et de joie que nous nous rendons compte que nous ne sommes rien sans Dieu. La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux (Mat9 : 37). Nous ne pouvons pas tous être des missionnaires qui luttent sur ​​le front spirituel, mais nous pouvons au moins être conscients des paroles du Christ, « car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger » (Mat 25:35 ) « et dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Matt 25:40 ) ». Nous prions pour que notre Seigneur éclaire et appelle chacun de nous à aider en fonction de ses capacités l’église bénie de Madagascar et ses enfants orthodoxes, afin que Son Nom soit glorifié dans les siècles !

                       

Source:

http://modeoflife.org/tag/matina-kouvoussis/

L’auteur de ce témoignage vit à Madagascar depuis plus de 10 ans et participe pleinement à la vie de l’Eglise Orthodoxe dans ce pays.

 

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Qu’est ce que le péché (Antoine le Grand)

antoine le grand

 

Ce qui est selon la nature n’est pas un péché.

Le péché, c’est le choix du mal.

Manger n’est pas un péché. Le péché, c’est de manger sans rendre grâce, sans décence et sans tempérance…

Le regard, s’il est pur, n’est pas non plus un péché. Le péché, c’est de regarder avec envie, ou avec orgueil ou avec indiscrétion.

C’est de ne pas écouter paisiblement, mais avec hostilité.

C’est de ne pas réserver la langue à l’action de grâce et à la prière, mais de lui laisser dire n’importe quoi.

C’est de ne pas travailler de nos mains pour secourir les autres, mais de s’en servir pour tuer et voler.

Ainsi, chacun de nos membres pèche de lui-même en faisant le mal au lieu du bien, contre la volonté de Dieu.

(Saint Antoine le Grand, exhortations, La Philocalie, Tome 1, page 53, DDB/J.-Cl. Lattès)