CONTINUEZ DE DEMANDER
Au cours de mes 32 années de prêtrise, je ne peux compter le nombre de fois où les gens m’ont fait part de ce souci concernant la vie spirituelle. Leur impression est souvent qu’ils retirent peu de profit, si toutefois ils en retirent, en cherchant un conseil auprès de leurs pères spirituels, ou encore en lisant la Bible, les écrits de Pères de l’Eglise ou la vie des saints.
La plainte principale ressemble à ceci « Je reçois de bons conseils de mon père spirituel ainsi que des lectures qu’il me conseille, mais je ne les mets pas en pratique, ou bien si je les mets en pratique, je le fait pour un temps bref puis je les oublie. Je suis embarrassé de lui dire que je ne fais pas ce qu’il me conseille de faire et que je commets toujours les mêmes erreurs. De plus, en ce qui concerne la lecture des Saintes Ecritures, je ne comprends pas souvent ce que je lis. Je suis un cas désespéré et je ne garde rien de ce que je reçois comme conseil. Pourquoi persévérer à avoir un conseil spirituel si je ne mets pas en pratique et que je ne comprends pas ? ».
On trouve la réponse à cette interrogation dans les récits des Pères du désert :
Un frère demanda à un Ancien : « Abba, je supplie les Anciens et ils me donnent un enseignement, mais je ne mets pas en pratique leurs paroles. Dans quel but je dois continuer à les interroger puisque je ne fais rien ? Je suis entièrement corrompu ». Or il y avait à côté deux vases vides. L’Ancien, après avoir entendu le frère, lui dit : « Va, prends un de ces vases, remplis le d’huile, ensuite retourne-le, vide l’huile, nettoie-le et remets-le à sa place ». Le frère fit ce qui lui a été demandé, et il a même lavé deux fois le vase et l’a nettoyé de toute trace d’huile ; et il le remit à sa place. Une fois cela effectué, l’Ancien lui dit : « Apporte-moi maintenant les deux vases et dis-moi lequel est le plus propre ». Le frère répondit : « C’est le vase où j’avais mis de l’huile qui est à présent le plus propre ».
Alors l’Ancien lui dit « C’est la même chose qui arrive à l’âme ; même si rien n’a été retenu des conseils reçus ou des lectures effectuées- ce que je ne crois pas vraiment (car on retient et on comprend toujours un peu)- l’âme est davantage purifiée que si on ne demande pas et qu’on ne lit pas.
En conclusion, il ne faut pas perdre espoir. Même si notre esprit manque de compréhension et même si les efforts pour appliquer les conseils spirituels sont faibles, quelque chose de bienfaisant s’opère dans nos âmes. Il faut donc continuer de demander et de lire.
Conseils donnés par le P. Demetrios Carellas cité dans Orthodox Heritage Vol. 05, N°08 ; Août 2007.