Le jeûne

Le Grand Carême débute ce lundi 23 février et il est précédé par le dimanche du Pardon.

SUR LE JEÛNE

 

http://www.annahar.com/author/8-المطران-جورج-خضر

Tu te limites en nourriture ou de certains types de nourriture pour reconnaître que tu es pauvre de la nourriture qui vient de Dieu. La limitation en nourriture est le signe de ta pauvreté de Dieu. Notre esprit doit apprendre qu’il est pauvre de Dieu ainsi que des autres. C’est pourquoi, le dimanche du pardon, dans nos églises (orthodoxes) nous demandons aux autres de nous pardonner car en nous pardonnant, ils nous permettent d’entrer en tant que pauvres dans le Grand Carême ; car c’est en ressentant la faim que nous appliquons notre esprit à avoir faim de Dieu.

 

Le jeûne n’a pas de sens si tu ne te reconnais pas pêcheur. Cette reconnaissance est le début de ta guérison jusqu’à ce que Dieu te revête de Sa personne. C’est de Dieu que tu as faim et non pas d’aliments.

 

Toute notre pratique est un entraînement afin de revêtir la grâce de Dieu, s’Il nous agrée. Ce n’est pas toi qui acquiers Dieu par le jeûne, c’est Lui qui te gagne à Lui par Son amour.

Aux vêpres du dimanche du Pardon, (dans les églises orthodoxes) tu t’inclines devant ceux qui ont été présents aux vêpres, tu demandes avec des paroles claires le pardon, tu donnes un baiser afin de débuter le jeûne dans l’amour. Ce qui est désiré est le jeûne. Ta demande de pardon (envers le prochain) et ton repentir devant Dieu t’habilite pour le jeûne. Sans Dieu qui se penche vers toi tu pratiques un régime alimentaire seulement. Sans un visage aimé tu ne jeûnes pas vraiment. Sans un visage que tu aimes tu ne connaîtras pas la Pâques. Sans un visage que tu aimes tu n’es pas grand-chose.

La nourriture et la privation d’aliments ne sont pas des exploits en eux-mêmes.

Jeûner dès ce lundi c’est jeûner du pêché car le pêché était ta nourriture. Rester chaste n’a pas de sens non plus sauf si tu veux rencontrer un visage qui n’est autre que le visage de ton Seigneur car Lui seul te voit avec amour.

Ainsi les aliments et la réduction de nourriture ne sont rien mais nous avons l’espoir que si nous jeûnons parce-que nous aimons Dieu, nous pourrons alors Le rencontrer car c’est la saison où nous réduisons la nourriture du corps afin de Le recevoir dans tout notre être. Et si Pâques est joie alors le jeûne est une préparation à la joie comme chez nous (dans l’Eglise orthodoxe) la prière pour le mariage est une préparation à l’union conjugale. Nous ne sommes pas contre le corps mais nous sommes pour sa maîtrise. Comment pourrions-nous être contre le corps alors que le Christ a revêtu un corps ! Nous sommes contre la déchéance de notre être dans le pêché car le pêché s’oppose à notre amour envers Dieu.

Celui qui jeûne est convaincu qu’il peut maîtriser son corps, il n’est pas contre le corps et il ne peut l’être puisque le Christ a revêtu un corps. Ni la nourriture ni le jeûne ne sont quelque-chose. Ce qui compte est que tu aimes Dieu et le jeûne est un moyen pour acquérir cet amour ; aux premiers temps du christianisme on enseignait que l’on jeûnait afin de donner aux démunis le prix des aliments dont on s’est privé. Si tu négliges les pauvres c’est comme si tu ne jeûnais pas.

Un grand dans le christianisme, le français Pascal a dit : « J’ai aimé la pauvreté par le Christ l’a aimée ». Tu te prives pour que tu puisses aimer. Cependant nous ne sommes pas contre le fait de prendre plaisir. Nous sommes contre l’excès de jouissance. Nous ne sommes pas contre le corps mais contre la poursuite insensée des corps. Que les croyants comprennent bien qu’en cette saison (du Grand Carême) ce qui est demandé réellement ce n’est pas seulement la limitation de la nourriture mais la recherche du visage de Dieu. Tu t’éduques toi-même à Le chercher car Il est laissé de côté. C’est pourquoi nous devons avoir à l’esprit que notre ascèse ne se limite pas au jeûne mais à la lecture de la parole de Dieu. Nous devons comprendre que nous nous privons de certains aliments pour se nourrir de la parole de Dieu. Dieu seul et rien d’autre ! C’est pourquoi il me fait de la peine celui qui jeûne mais qui n’écoute pas la parole de Dieu ni ne la lit alors que par cette lecture tu assouvis ta faim.

Toute pratique dans le christianisme se fait par amour de Dieu, l’amour de Dieu et de nos frères (tous les êtres humains). Tout le reste est pour le décor. L’amour pour qu’il ne soit pas que des paroles doit se traduire en actes, et le jeûne est l’un de ces actes. Il est vrai que le but du jeûne est Dieu, mais dans sa mise en pratique il est tourné vers nos frères, pour le don. Un corps déconnecté du cœur ne nous concerne pas. Que nous aimions Dieu et que cela ne se traduise pas en nous donnant à nos frères est pure illusion. Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment aimeras-tu Dieu que tu ne vois pas ? Tu es avec le prochain en présence de Dieu. Si tu exclus le prochain de ton amour tu es sans Dieu. Prends ton prochain avec toi et diriges-toi vers Dieu afin d’arriver à bon port.

Le chrétien superficiel pense qu’il va arriver à bon port moyennant certaines pratiques. Cela est le summum de l’illusion. Tu arrives au but par l’amour car l’amour est à la fois le but et le moyen. Mais rappelles-toi que l’amour ne reste pas seulement en pensée dans l’intellect, l’amour se manifeste en se tournant vers les autres. Si tu ne sors pas de ta coquille à la rencontre des autres tu n’aimes pas vraiment. C’est pourquoi le Christ a demandé à ceux qui veulent L’aimer de quitter père et mère, c’est-à-dire de s’arracher de ce qui nous éloigne du Seigneur parmi les attachements qui nous plaisent. Toujours pour rencontrer Dieu il faut s’écarter de certaines choses et de certaines personnes. Pour rencontrer le Seigneur il faut un arrachement. Si quelque-chose de ce monde te lie très fort tu n’auras pas la vision de Dieu.

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Bénis mes ennemis de Mgr Nicolas Vélimirovitch (1881-1956)

Source:http://www.pagesorthodoxes.net/priere/priere-velimirovitch.htm

Nicolas Vélimirovitch ou saint Nicolas d’Ochrid est serbe, il a été un grand théologien et orateur (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_d%27Ochrid). Cette prière ainsi que d’autres sont rassemblées dans Prières sur le lac,que l’on peut commander aux éditions L’ Âge d’ homme.

BENIS  MES  ENNEMIS  , SEIGNEUR

Bénis mes ennemis, Seigneur ;
ainsi que moi-même je les bénis et ne les maudis pas.
Mes ennemis m’ont poussé vers toi plus que mes amis.
Car mes amis m’ont attaché à la terre, alors que les ennemis m’ont libéré de la terre
et ils ont détruit toutes mes ambitions mondaines.
Mes ennemis ont fait de moi un étranger en ce monde
et un habitant superflu de la terre.
Ainsi qu’une proie trouve un abri plus profond que l’animal non traqué,
ainsi moi-même j’ai trouvé l’abri le plus sûr, étant réfugié sous ton Tabernacle,
là où ni amis ni ennemis ne peuvent tuer mon âme.

Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Eux, plus que moi-même, ont confessé mes péchés au monde ;
ils m’ont puni, lorsque j’hésitais à me punir moi-même ;
ils m’ont tourmenté, lorsque je cherchais à fuir les souffrances ;
ils m’ont critiqué, lorsque je me flattais ;
ils m’ont craché à la figure, lorsque j’étais arrogant.

Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Quand je me croyais sage, ils m’ont appelé stupide ;
quand je me croyais puissant, ils se sont moqués de moi ;
quand je prétendais diriger les gens, ils m’ont relégué à l’arrière-plan ;
quand je m’empressais de m’enrichir, ils m’en ont empêché de main forte ;
quand je souhaitais dormir paisiblement, ils m’ont réveillé de mon sommeil ;
quand je voulais me construire une maison pour une vie longue et tranquille,
ils l’ont démolie et m’en ont chassé.
Mes ennemis m’ont véritablement détaché de la terre
et ils ont tendu mes mains vers la frange de ton vêtement.

Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Bénis-les et multiplie-les ;
multiplie-les et rends-les encore plus acharnés contre moi,
afin que ma fuite vers toi soit sans regard en arrière,
afin que toute ma confiance dans les hommes soit dispersée
comme fil d’araignée dans le vent ;
afin que la paix totale commence à régner sans partage en mon âme ;
afin qu’en mon cœur meurent mes fautes jumelles, l’arrogance et la colère ;
afin que je puisse amasser tout mon trésor dans le ciel ;
afin que je puisse être libéré de mon aveuglement,
qui m’a tant enlacé dans un effrayant tissu d’illusions.
Mes ennemis m’ont appris à connaître ce que peu savent :
nous n’avons d’autres ennemis que nous-mêmes.
Il haït ses ennemis, celui seul qui n’a pas reconnu
qu’ils ne sont pas des ennemis, mais des amis impitoyables.
Il m’est difficile à dire qui m’a fait le plus de bien ou de mal :
mes amis ou mes ennemis.

Ainsi, Seigneur, bénis et mes amis et mes ennemis.
L’esclave maudit les ennemis, car il ne comprend pas.
Mais le fils les bénit, car il comprend.
Car le fils sait que ses ennemis ne peuvent atteindre à sa vie ;
ainsi il marche libre au milieux d’eux
et il prie Dieu pour eux.

Le péché et la pénitence

Le péché et la pénitence

Le péché est le choix libre par l’homme d’une autre obéissance que celle de Dieu.

Le péché est un acte libre : son engendreur, c’est la liberté.

Il n’a pas d’ontologie, il n’existe pas par lui-même.

Il est la manifestation d’une liberté face à une autre liberté.

La pénitence revient à retrouver la bonne direction.

Le mal naît par opposition au bien ; c’est un jeu, un conflit, une illusion.

La pénitence est la fin des illusions.

Le péché ne prend pas sa racine au sein de la nature humaine, mais au sein de la liberté :

il n’est pas originel.

 

Le temps du Triode et du Grand Carême

Publicain-Pharisien

 

Icône du dimanche du pharisien et du publicain

 

LES DIMANCHES DU TRIODE ET DU GRAND CARÊME
Les quatre dimanches qui précèdent le Carême, – qui tombent dans la période du Triode, d’où son nom – de même que les dimanches du grand Carême, ont chacun une signification particulière qui concerne des aspects importants de l’Église. D’une manière simple je décrirai chaque dimanche et sa signification.
Les dimanches du Triode sont axés sur la pénitence, le repentir, le Jugement dernier et l’expulsion du paradis :
Le premier dimanche [ qui tombe cette année le premier février] s’appelle le Dimanche du Publicain et du Pharisien, il  nous apprend dans quelle attitude le repentir doit se faire. Nous voyons le Pharisien se glorifier de ses œuvres de justice et Dieu le rejette à cause de son orgueil. Le Publicain, lui, avec un coeur contrit implore humblement le Seigneur et Celui-ci le justifie malgré ses péchés. Voici un chant de l’office qui illustre cela :
Frères, ne prions pas comme le pharisien. Car celui qui s’élève lui- même sera abaissé. Abaissons-nous devant Dieu, en implorant par le jeûne comme le douanier (le publicain). Dieu Tu pardonneras nos fautes. (Vêpres du Samedi)

Ou encore: « Fuyons l’orgueil du pharisien et apprenons du publicain l’humilité, criant dans nos soupirs au Sauveur: purifie-nous ô Toi qui seul Te laisse fléchir ». (Kondak du dimanche).

Le deuxième dimanche du Triode (donc le 8 février cette année) est celui du Fils prodigue. Le fils prodigue est chacun de nous. Tous nous sommes pécheurs et la pénitence nous attend. Après une vie dissipée dans le péché, retournons vers le Père de miséricordes.
« J’ai dispersé dans le mal la richesse divine que Tu m’avais donnée et je suis allé loin de Toi vivre dans la dissipation. Père miséricordieux, je reviens vers Toi. Tu me recevras », chantons-nous au canon des Matines du même dimanche.

Kondak de ce dimanche: « J’ai délaissé insensé, la gloire paternelle et dissipé dans les vices le trésor qui me fut confié. Par la voix du prodigue je crie vers Toi: j’ai pêché contre Toi, ô Père des miséricordes, accueille-moi pénitent et traite-moi comme l’un de Tes serviteurs. »

Le Triode clos avec la semaine qui suit le dimanche du Jugement dernier (dimanche du carnaval, 15 février, dernier jour où l’on mande de la viande avant le Grand Carême), – image de notre vie qui nous amène à ce jour redoutable. Dieu est un Père plein de miséricorde et Il est également un juste Juge. Nier un de ces deux aspects équivaut à ignorer l’Écriture sainte et nos hymnes sacrées qui chantent ce dimanche-là :
Quand je considère l’heure du Jugement et du terrible avènement du Maître qui aime l’homme, je tremble et j’appelle, très juste Juge. Tu recevras mon repentir, par l’intercession de la Mère de Dieu.

Kondak: « Ô Dieu quand Tu viendras en gloire sur la terre, toute la création tremblera, un fleuve de feu coulera devant Ton tribunal. Les livres seront ouverts et les choses cachées dévoilées. Alors, délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de Ta droite, ô Juge équitable. »

Enfin le dernier dimanche avant le Carême (le 22 février) le dimanche des laitages ou encore de l’Expulsion d’Adam ou encore dimanche du Pardon,  traite de l’expulsion du paradis. En rompant le jeûne (Tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre), ce qui avait pour suite l’expulsion, il nous reste une seconde chance par le jeûne du Carême. Ce dimanche est le dernier jour où l’on peut manger des laitages avant le Grand  Carême qui débute le soir même.

Kondak: « Guide de la sagesse, Dispensateur de l’intelligence, Pédagogue des insensés, Protecteur des pauvres, instruis et fortifie mon cœur, ô Maître. Donne-moi la parole, ô Toi Verbe du Père, car je ne puis retenir mes lèvres de Te crier: Aie pitié de Ta créature déchue ô Miséricordieux ».

Aux vêpres de ce dimanche (en pratique juste après la Divine Liturgie) on effectue le rituel du pardon devant le prêtre après avoir vénéré l’icône de ce dimanche et puis les fidèles doivent se pardonner mutuellement. On dit également la prière de Saint Ephrem qui sera reprise tous les jours du Grand Carême (sauf les samedis et dimanches):

Seigneur et maître de ma vie, ne m’abandonne pas à l’esprit d’oisiveté, d’abattement, de domination et de vaines paroles.
Mais accorde-moi l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et d’amour, à moi ton serviteur.  Oui, Seigneur mon Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

Les dimanches du Carême ont pour sujet des thèmes fondamentaux de l’Église.
Le premier dimanche (le premier mars) est  celui du Triomphe de l’Orthodoxie et du rétablissement des saintes icônes, célèbre la victoire de la vrai foi, en parole et en image sur les hérésies. Pourquoi ce dimanche figure au début du Carême et non à la fin ? Puisque la saine doctrine est la base de toute vie spirituelle authentique.
Le second dimanche est celui de saint Grégoire Palamas. Saint Grégoire a parfaitement défini, comme porte-parole des hésychiastes et de toute l’Orthodoxie, l’expérience de la vie spirituelle sans laquelle la doctrine resterait morte. La nature divine est inconnaissable, mais nous communions à ses énergies qui ne sont pas crées mais sont des manifestations de Dieu, dit-il en substance.
Le troisième dimanche est celui de la vénération de la sainte Croix qui est au centre du Carême de même que le mystère de la Croix est au contre de notre foi et autour duquel gravit l’économie du salut.
À saint Jean Climaque est dédié le quatrième dimanche. Saint Jean est pris comme modèle du maître de la vie spirituelle. C’est lui qui par ses écrits nous enseigne comment arriver à l’expérience de Dieu. Si saint Grégoire décrit le but, saint Jean indique le chemin.
Le cinquième et dernier dimanche (le 29 mars)  commémore sainte Marie l’Égyptienne. C’est elle qui par sa vie montre la réalisation de ce que les maîtres enseignent. La vie et l’exemple emportent sur la parole. C’est pour cela qu’elle est mise en dernier pour achever le cycle.

Le Carême finalement débouche sur la passion et la résurrection du Christ (Pâque tombe le 12 avril ) sans laquelle toute notre vie spirituelle serait une impasse. Ce que nous vivons liturgiquement lors du Carême est l’image de notre vie de chaque jour. L’une nourrit et compénètre l’autre.
Source: http://www.moinillon.net/post/2006/02/12/543-debut-du-triode-de-careme  hériomoine cassien (et d’autres sources).