Lectures bibliques : Actes 2/1-11 Jean 7/37 – 8/12
C’est par la foi, par le baptême, par la réception des sacrements que nous sommes remplis de l’énergie incréée de l’Esprit Saint. Mais nous sommes remplis de lui d’une façon qui dans un certain sens est encore imparfaite. En effet, la grâce du baptême est un germe, c’est une force, certes, qui sans aucun doute nous est donnée, mais une force qui n’a pas encore manifesté tous ses effets. Car le baptême et les autres sacrements laissent subsister en nous des restes et des tendances mauvaises de notre vieil homme. Ce vieil homme est mort, a été enseveli, dans le baptême ; toutefois certains de ces traits se manifesteent encore en nous. Il reste encore en nous, après le baptême, des tendances mauvaises, des tendances à l’égoïsme, des tendances à nous faire le centre du monde. Dans l’homme baptisé Dieu a laissé quelques tendances mauvaises persister pour qu’il puisse exercer et manifester son amour exclusif pour Lui. Le baptisé continue à éprouver un désir de jouissance excessif, un appétit de domination, comme une complicité secrète avec des tentations diverses qui peuvent nous séparer de Dieu si nous y cédons. La présence en nous de l’Esprit Saint reçu au baptême nous donne la force de lutter victorieusement contre toutes ces mauvaises tendances qui demeurent ainsi en nous. C’est un combat qui vise à nous purifier de nos passions, c’est-à-dire de toute dépendance qui nous éloigne de Dieu. Notre vie de chrétiens est un combat pour que triomphe en nous l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui manifeste dans nos cœurs cette loi nouvelle de l’Évangile, dont il nous donne l’attrait, dont il nous donne le sens, dont il nous donne le goût. Mais le Saint Esprit ne triomphera en nous que si nous coopérons librement à la grâce de Dieu qui agit en nous, que si nous écoutons sa voix intérieure, que si nous préférons la saveur du bien, la saveur de toutes les vertus évangéliques, de tout ce que le Christ nous enseigne, que si nous préférons tout cela au gout des choses terrestres et à la saveur de notre propre égoïsme et de ses fruits empoisonnés. La vie chrétienne est un combat, mais un combat qui sera victorieux parce que nous avons en nous cette force de l’Esprit qui nous permet de vaincre. Saint Séraphin de Sarov disait dans son entretien avec Motovilov que le but de la vie chrétienne est l’acquisition du Saint Esprit. Cette parole peut paraître étonnante au premier abord, parce que, justement, le baptisé a déjà le Saint Esprit en lui. En quel sens peut-on dire que nous devons encore acquérir le Saint Esprit ? Acquérir le Saint Esprit, c’est justement, par la coopération de notre liberté et de cette grâce de l’Esprit qui nous habite, arriver à vaincre peu à peu toutes ces mauvaises tendances pour que notre vie passe entièrement sous la conduite de l’Esprit Saint, et qu’en toutes nos actions, notre guide devienne essentiellement notre conscience de baptisé transfigurée par la présence de l’Esprit Saint. C’est alors que progressivement la pratique des vertus évangéliques, de la charité divine sous toutes ses formes nous demandera moins d’efforts, nous deviendra comme spontanée, nous deviendra surnaturellement naturelle et pleine de douceur et de joie divine. C’est cela acquérir le Saint Esprit au sens où l’entendait saint Séraphin.
D’après l’archimandrite Pl. Deseille, la couronne bénie de l’année chrétienne, tome 2, pages 252-259.