Méditations à partir de Luc 14:26

 

 

Haïssez vous votre père?  Haïssez vous  votre  mère? Le Christ a dit: «Si quelqu’un vient à moi sans me préférer (littéralement : haïr) à son père, sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et sœurs,  et même  sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Luc 14:26).

Bien sûr, n’importe quel chrétien avec un minimum de compréhension sait que ce verset ne doit pas être pris à la lettre. Le Christ ne veut pas dire que nous devrions haïr quelqu’un. Il  veut certainement dire que rien, pas même le conjoint ou les enfants ne doivent se mettre entre nous et le Royaume de Dieu. En vérité, nous n’aimons pas vraiment nos conjoints et nos enfants (et les autres), si nous les aimons d’une manière qui s’interpose entre nous et le Royaume. Ce verset est un parallèle à Matt. 10:37: «Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.  »

Ce qui précède constitue une petite leçon claire sur la façon de lire les Écritures.  Par exemple voyons ce verset :

Et n’appelez personne sur la terre votre « Père », car vous  n’en  avez qu’un seul , le Père céleste (Matthieu 23:9).

(…) Ce verset n’a rien à voir avec la façon dont on s’adresse aux prêtres  ou à nos pères selon la chair,.Certains (en anglais) se sentent à l’abri des rigueurs de ce verset quand ils appellent  leurs pères terrestres: «Dad, daddy, papa etc. » comme si le Christ voulait en quelque sorte uniquement   interdire l’usage d’un certain mot.

L’affirmation concernant nos pères selon la chair appartient à la même catégorie  que celle dans  Luc 14 :26  . Ce sont des affirmations qui nous sont données sous une forme si extrême que leur valeur réside dans leur capacité à surprendre. L’application de Matthieu 23:9  à l’adresse des prêtres déforme son sens et déforme l’intention du Christ(…).Mais que faisons-nous des intentions du Christ? Que penser de ce qui  concerne d’ honorer père et mère, frère et sœur et qui provoque des réactions surprenantes? À bien des égards, la culture moderne est incapable d’entendre la force de ces déclarations parce que la famille a perdu sa position jadis sanctifiée. Dans le cercle des disciples du Christ (et dans leur culture), la famille était très importante. Pierre et André sont des frères, de même que Jacques et Jean. Jacques «frère du Seigneur», est le fils de Joseph, le bien-aimé et devient le leader de la première communauté de Jérusalem. Il est suivi par Siméon, un autre «frère du Seigneur. » Les recherches dans les traditions qui concernent les douze apôtres révèlent encore plus de liens familiaux. Sans aucune surprise, l’Église chrétienne primitive acceptait volontiers la notion de famille élargie comme c’était le cas de toute la société antique.

Seulement à notre époque moderne  la famille a cessé d’être l’aspect le plus dominant de la culture humaine. Aujourd’hui, il n’est pas rare pour les gens de déménager et d’aller vivre loin de leurs parents, grands-parents et autres membres de la famille élargie. En effet, avec la réduction des effectifs des familles, la famille élargie devient tout à fait insignifiante. Les frères et soeurs (et leurs oncles et tantes) sont pratiquement inexistants dans la Chine moderne avec sa politique de « l’enfant unique ». Les liens du sang se sont dilués au point qu’ils ont perdu de leur pertinence.

Mais à leur époque, presque rien n’avait autant de puissance que les liens du sang. Ainsi, la formulation du Christ de « haïr » père et mère pouvait être choquante à l’extrême. Ses mots engagent le Royaume de Dieu dans ce qu’il y a de loyauté de plus profonde et éprouvent l’homme dans les instincts de sa chair. La famille, qui nous est donnée par Dieu et qui est bénie, peut devenir une idole. Par ses propriétés naturelles, la famille peut devenir le centre de la vie.

Tradition de l’Eglise est remplie d’histoires de personnes qui rompent avec leurs familles pour suivre l’appel du royaume de Christ. Les moines quittent  père et sa mère, renonçant à tous les liens familiaux, pour entrer dans le monde étrange de la dévotion sans effusion de sang. Maris et femmes sont trahis par leurs époux infidèles et vivent le martyre.

Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, et la belle-fille contre sa belle-mère. Et les ennemis d’un homme seront les gens de sa propre maison (Matthieu 10:35-36).

La dernière conversation du Christ avec Pierre nous interpelle tous, «M’aimes-tu plus que ceux-ci? »

Avec les familles d’aujourd’hui qui sont en ruines, la question du Christ peut paraître creuse. Elle peut même être une excuse pour ignorer les devoirs envers sa famille. Il serait plus pertinent aujourd’hui de demander: «Aimez-vous la famille plus que votre carrière?« Nous vivons à une époque où les politiques économiques de toutes sortes travaillent directement contre la stabilité de la famille – et la famille élargie, en particulier. Les personnes qui refusent la mobilité risquent de ne pas monter dans l’échelle économique. Famille et Mammon mettent nos loyautés à l’épreuve et c’est Mammon qui est en train de gagner.

Le même Christ, qui s’est révélé comme le véritable sujet de notre loyauté, s’est également révélé Lui-même comme un ami de la famille. Les liens du sang ne sont pas nécessairement opposés au Royaume. C’est plutôt le contraire. La sainteté semble souvent trouver sa base  dans les familles. Peut-être l’exemple le plus notable est la famille de saint Basile le Grand. Sa grand-mère, Saint-Macrine l’Ancienne, a été un exemple influent de  sainteté. Ses parents, Basile l’Ancien et Emmélia sont honorés comme des saints. Basile était l’un de leurs  neuf enfants, dont cinq sont honorés comme des saints dans le calendrier de l’Église. Il existe d’autres exemples de ce genre.

Dans la période moderne, nous avons le témoignage de saint Silouane du Mont Athos, qui décrit son père paysan comme étant «plus sage que n’importe quel père spirituel» qu’il connaissait sur la sainte montagne. Dans la vie des saints, il y a beaucoup plus d’exemples d’hommes et de femmes  ayant pris le chemin de la  sainteté et qui ont d’abord été nourris dans ce sens par leurs parents. Il existe d’autres exemples pour être plus précis, comme sainte Marie l’Égyptienne et Saint Moïse le Noir, dont les origines constituent le cadre pour les grands récits de conversion.

À une époque où la famille est en grand déclin, la sainteté diminue aussi. Les blessures et les démons nourris dans nos sociétés brisées sont le carburant de la guerre spirituelle. La simple lutte pour une vie «normale» peut être une grande réussite spirituelle à notre époque plus  que les grands exploits des Pères du désert. Cela n’est connu que de Dieu.

Accorde-nous la grâce, ô Dieu, à juste titre, honorer ceux que nous appelons «père», et de leur accorder de dispenser avec droiture la parole de ta vérité.

http://glory2godforallthings.com/2012/09/18/hate-your-father-2/

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