LE JEUNE DE LA NATIVITE
L’Eglise orthodoxe s’apprête à fêter la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ qui est Dieu fait chair par une période de jeûne d’une durée de 40 jours. Le carême de la Nativité commence le 15 novembre et se termine le jour de Noël.
D’après saint Syméon de Thessanolique « les 40 jours de jeûne qui précèdent Noël font référence au jeûne effectué par Moïse durant 40 jours avant de recevoir les tables de la Loi. En ce qui nous concerne, nous jeunons 40 jours pour méditer et pour recevoir de la Mère de Dieu la Parole Vivante, non gravée sur la pierre, mais qui naît, qui s’incarne, et dont nous recevons le Corps précieux… ».
La première mention du jeûne de Noël est faite au concile de Saragosse en 380. Ce concile a décidé que chaque chrétien se devait d’aller tous les jours à l’église du 17 décembre jusqu’à la fête de la Théophanie le 6 janvier. Un autre concile qui s’est déroulé en Gaule (donc en France) en 581 a décidé que tout chrétien devait jeûner les lundis mercredis et vendredis depuis la fête de saint Martin de Tours le 11 novembre jusqu’au 24 décembre.
Les spécialistes ne sont pas d’accord sur la date de l’apparition de la pratique du jeûne de la Nativité dans sa forme actuelle mais il est certain qu’elle n’apparut que sur le tard. Certains affirment que la forme actuelle du jeûne de noël a commencé au VIème siècle, et d’autres vers le VIIème ou VIIIème siècle. Cependant la forme actuelle de la Liturgie pour le carême de la nativité a été établie au concile de Constantinople en 1166 qui a décidé de la date du 15 novembre du commencement de ce jeûne et de la date du 24 décembre comme dernier jour. Les offices liturgiques ne sont pas très modifiés durant cette période de jeûne et les dimanches sont les dimanches qui suivent la Pentecôte.
L’Eglise chante « le Christ est né, glorifiez-Le », de même le Kondakion de la préparation à la fête est chanté à partir du 21 novembre.
Le Patriarche de Constantinople Balsamon (1185-1204) a estimé au début que le respect des règles du jeûne incombe aux seuls moines, les laïcs se contentant de jeûner durant 7 jours. Mais après la chute de Constantinople, tous les fidèles orthodoxes ont appliqué le jeûne des 40 jours comme les moines.
Il semble aussi que ce jeûne a commencé aussi par une tradition populaire d’imitation du Grand Carême. La célébration de la fête de l’Incarnation de Notre Seigneur vient en appui à la foi des Pères de l’Eglise du 4ème et 5ème contre l’hérésie d’Arius qui nie que le Christ est la parole de Dieu de même nature que Le Père Divin.
Le carême de la Nativité commence donc le 15 novembre, juste après la fête de l’Apôtre Philippe pour se terminer le 24 décembre.
Durant cette période on mange les aliments sans huile les lundis, mercredis et vendredis. On peut manger du poisson les autres jours.
Traditionnellement le poisson est autorisé jusqu’à la fête de saint Spyridon le 12 décembre.
Le jeune est très strict le 24 décembre sauf si le 24 tombe un samedi ou un dimanche auquel il est adouci.
Le jour de Noël et la semaine qui suit il y a absence totale de jeûne.
Il y a aussi une autre tradition qui autorise le poisson jusqu’au 17 décembre fête du prophète Daniel et des trois jeunes gens car dans cette tradition le jeune se limitait à 7 jours avant noël.
Il y a aussi une autre pratique qui n’autorise le poisson que les samedis et dimanches. Cette pratique est plus stricte.
Ces deux dernières traditions sont des traditions « non écrites » et c’est au père spirituel ou au pasteur d’établir les règles du jeûne à chacun selon sa force.
Le jeûne de la Nativité vient en appui à notre faiblesse et il apporte la consolation car nous sommes des gens dont l’intellect est dispersé et nous sommes vite portés à oublier (l’Essentiel), mais Dieu connaît nos faiblesses. Nous qui nous éloignons de Dieu, Dieu nous appelle par le jeûne à nous rapprocher de Lui. C’est pourquoi l’Eglise nous aide à accomplir ce jeûne qui précède l’Incarnation du Seigneur, car nous puisons à la mesure de nos capacités de la plénitude de ce Mystère.
Le carême de la Nativité est un voyage spirituel semblable à celui du Grand Carême. C’est un voyage vers le Salut promis à Adam lorsqu’Il a maudit le serpent. On ne peut prendre toutes ses possessions lorsque l’on entreprend un voyage et cela est vrai dans le voyage du jeûne. L’homme délaisse alors ce qui est vieux pour revêtir ce qui est neuf.
Le jeûne est un moyen saint et béni afin de mieux se connaître, il nous fait apparaître tels que nous sommes réellement, ou plutôt tels que nous ne sommes pas et nous donne conscience de ce dont nous avons le plus grand besoin. Par cette ascèse les yeux s’ouvrent, et avec l’aide de la grâce Divine, nous parvenons à comprendre une petite partie du Mystère du Salut qui réside dans l’Incarnation. Par cette connaissance nous obtenons la joie, une joie bien profonde.
« Aujourd’hui la Vierge enfante le suprême Dieu et la Terre offre asile en une grotte à l’Inaccessible. Les Anges et les Bergers ensemble chantent sa gloire. Vers Bethléem une étoile montre aux Mages leur chemin. Car en ce monde vient pour nous un enfant nouveau-né, le Dieu d’avant les siècles ».
Source : http://www.holytrinityfamily.org/Studies_articles/Nativity%20Fast.html