Rien n’est plus grand qu’un cœur pur, parce qu’un tel cœur devient le trône de Dieu. Et qu’y a-t-il de plus glorieux que le trône de Dieu ? Bien entendu, rien du tout ! Dieu dit à propos de ceux qui possèdent un cœur pur : J’habiterai et je circulerai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple (2 Co 6,16). Qui oserait encore affirmer être plus heureux que ces gens-là ? Car de quels biens prétendraient-ils être privés ? Ne trouve-t-on pas tous les dons et tous les bienfaits de l’Esprit Saint dans leurs âmes bienheureuses ? Que leur manque-t-il par conséquent ? Vraiment, ils ne souffrent de rien, car ils gardent dans leur âme la plus précieuse des richesses : Dieu lui-même. Combien se trompent les hommes lorsqu’ils font fi de leur propre personne pour aller prendre ailleurs du bonheur : en se rendant dans des terres lointaines, en parcourant le monde par de nombreux voyages, en rêvant de richesse et de gloire, en courant après la fortune et les vains plaisirs ou encore en voulant s’approprier les choses de ce monde, qui ne procurent que des lendemains amers !
L’édification de la tour du vrai bonheur en dehors de son propre cœur équivaut à vouloir construire un édifice qui reposerait sur des fondations instables et secouées par des tremblements fréquents. Sûrement qu’une telle bâtisse finira un jour par s’effondrer toute entière d’elle-même.
Mes frères, le vrai bonheur n’existe qu’à l’intérieur de vous-mêmes et bienheureux est celui qui a compris cela. Scrutez donc votre cœur et prenez le temps de vous pencher sur votre propre état spirituel. À-t-il perdu son assurance en Dieu ? Est-ce que vos consciences se plaignent que vous vous détournez des commandements divins ? Vous accuse-t-elle, cette conscience, de pratiquer l’injustice et le mensonge, de négliger vos devoirs envers Dieu et votre prochain ? Examinez-la par conséquent scrupuleusement : il se pourrait bien que des pensées et des passions mauvaises fourmillent dans votre cœur et qu’ainsi il se soit engagé sur des routes tortueuses et infranchissables… Hélas, celui qui a négligé son propre cœur, celui-là s’est aussi volontairement privé de tous les biens pour les remplacer par de nombreux autres maux. C’est ainsi qu’il a chassé la joie loin de lui et le voilà maintenant plongé dans l’amertume, la tristesse et toutes sortes d’inquiétudes. Sans la paix intérieure, il est saisi par le trouble et la peur. L’amour parti c’est la haine qui s’y est installée. En se dépouillant des dons et des fruits que l’Esprit Saint lui a offerts au moment de son baptême, il est devenu un familier de tout ce qui fait de l’homme un être pouilleux et misérable.
Mes Frères ! Le Dieu plein de miséricorde n’aspire qu’à notre bonheur aussi bien dans cette vie que dans l’autre. C’est pour cela qu’il a fondé sa sainte Église. Afin de nous purifier par elle de notre péché ; pour nous sanctifier ; pour nous réconcilier avec lui ; pour nous combler de ses bénédictions célestes. Et les bras de cette Église vous sont très largement ouverts. Courons-y vite, nous qui avons le cœur lourd. Courons-y très vite et nous verrons que l’Église nous attend pour prendre sur elle notre lourd fardeau, nous mettre en confiance avec Dieu et remplir notre cœur de félicité et de joie.
« Un jour viendra où ces mains qui aiment à prendre tout ce qu’on leur donne, seront croisées sur la poitrine et ne prendront plus rien. Ces jambes et ces pieds qui aiment à marcher dans le mal et qui n’aiment pas à rester debout ou à genoux pendant la prière, seront étendus pour l’éternité et ne feront plus un pas. Ces yeux qui aimaient à regarder avec envie le bonheur du prochain, se fermeront et leur feu s’éteindra pour toujours. Ces oreilles qui s’ouvrirent si souvent avec plaisir aux chatouillements de la médisance et de la calomnie, n’entendront plus rien; aucun tonnerre ne les réveillera plus. Elles n’entendront que la trompette de l’ange qui sonnera à la résurrection des morts, et alors notre corps impérissable sera ressuscité ou pour Ia résurrection de la vie ou pour Ia résurrection du jugement. (Jn 5,29). Que restera-t-il donc en nous de vivant après la mort, et quel doit être l’objet de toutes nos préoccupations pendant notre vie? C’est cette partie de nous-même que nous appelons de notre vivant notre cœur, c’est-à-dire l’homme intérieur qui vit en nous, ou autrement notre âme, c’est elle qui doit être l’objet de nos soins. »
En 1959, au cours de travaux entrepris dans une petite chapelle de campagne située sur une colline aux environs du village de Thermie dans l’île de Mytilène, un ouvrier découvrit un tombeau contenant des ossements inconnus. Homme de peu de foi et sans respect pour les choses Saintes, il laissa négligemment les précieux restes au pied d’un arbre, en s’en moquant. Mais il fut bientôt châtié et ne retrouva l’usage de ses mains qu’après avoir fait le signe de croix, pour la première fois depuis vingt-sept ans. Par la suite il vit le Saint en personne près de l’église et, converti de son incroyance, il devint un fervent prédicateur de la grâce de ce Saint nouvellement révélé par Dieu. Son épouse avait été témoin, quelque temps auparavant, de l’apparition dans l’église en construction d’un Hiéromoine de stature imposante, mais son mari l’avait rabrouée. A partir de ce moment le Saint apparut à de nombreuses reprises, en rêve ou à l’état de veille, à l’épouse du propriétaire du terrain et à d’autres femmes pieuses du village, ainsi qu’à des enfants et à des hommes d’âge mûr, sans que ces personnes se fussent concertées auparavant. Aux uns, il apparaissait sans parler, comme un Hiéromoine vêtu de ses ornements liturgiques ou de ses vêtements monastiques. Aux autres il révélait son nom, disant : « Je m’appelle Raphaël », et leur annonçait qu’il était temps désormais de le vénérer, avec ses compagnons de martyre, de peindre leur icône et de célébrer leur mémoire, le Mardi du Renouveau, car il allait accomplir de nombreux miracles. A d’autres il apparaissait en compagnie de la Mère de Dieu et de Sainte Parascève, et racontait son martyre en détail, parfaitement concordant d’une personne à l’autre.
Saint Raphaël vécut au XVe siècle, au temps de la prise de Constantinople. Originaire de l’île d’Ithaque, il fut nommé Georges au Saint Baptême et reçut une brillante éducation, tant chrétienne que profane. Devenu moine sous le nom de Raphaël, il fut ordonné Prêtre et honoré du titre d’archimandrite et protosyncelle. En considération de ses capacités, il fut envoyé en mission par le Patriarcat Œcuménique en France, dans la ville de Morlaix (2). C’est là qu’il se lia d’amitié avec le Diacre Nicolas, lequel devint son collaborateur et fils spirituel. Lors de la prise de Constantinople (1453), ils se réfugièrent en Macédoine, puis quand les Turcs envahirent la Thrace (1454), ils s’embarquèrent pour l’île de Mytilène (Lesbos), et s’établirent à Thermie, dans le Monastère de la Mère de Dieu, qui s’élevait alors sur l’emplacement où l’on trouva les reliques. Le Grand Jeudi 1463, les Turcs investirent le Monastère et, saisissant l’Higoumène Raphaël, ils lui firent subir d’horribles supplices. Dans la nuit du Mardi du Renouveau, le 9 avril, après l’avoir frappé de leurs massues, ils le traînèrent à terre par la barbe, de haut en bas de la colline, puis le suspendirent à un arbre, lui percèrent les flancs à coups de lances et lui scièrent la mâchoire. C’est ainsi que Saint Raphaël fut uni pour l’éternité au Christ ressuscité. Le squelette trouvé par l’ouvrier était effectivement privé de mâchoire, et ce n’est qu’après une apparition du Saint qu’on la découvrit en terre à quelque distance de là.
Les apparitions des saints se multipliant, Nicolas finit par révéler à plusieurs personnes l’endroit précis de son tombeau. Après quelques hésitations, car ils craignaient de devenir la risée des incroyants en cas d’échec, les fidèles creusèrent et trouvèrent, le 13 juin 1960, le corps de Saint Nicolas. On avait précédemment appris de Saint Raphaël que Nicolas était originaire de Rhagès en Médie, mais qu’il avait été élevé à Thessalonique. Lorsqu’il fut à son tour saisi par les Turcs et soumis à la torture, il mourut d’un arrêt du cœur au milieu des tourments.
Dans le même temps, une fillette vit apparaître une autre petite fille de douze ans, à l’aspect angélique, la Sainte Martyre Irène. La Mère de Dieu raconta à une autre personne qu’Irène était la fille du maire du village, Basile, qui s’était réfugié avec d’autres habitants au Monastère. Les Turcs voulant faire avouer à son père où se cachaient les combattants chrétiens, ils prirent la fillette et, en présence de ses parents, lui coupèrent les deux mains et la jetèrent dans une jarre où ils la firent périr par le feu. Puis ils massacrèrent les parents de la fillette et l’instituteur du village, Théodore. A la suite de nouvelles révélations, on découvrit en effet les reliques de Sainte Irène, dans la jarre, conformément au récit, et près des tombeaux de Raphaël et Nicolas, les restes des autres Martyrs. Saint Raphaël révéla, au cours d’autres apparitions glorieuses, en compagnie d’une foule de Saints, qu’il s’agissait des Moniales qui, un siècle avant lui, occupaient le Monastère, et que le 11 mai 1235, l’Higoumène Olympiade et la moniale Euphrosynie y furent massacrées par des pirates turcs.
Saint Raphaël permit aussi de découvrir une icône du Christ et une source sainte, par lesquelles s’accomplissent de nombreux miracles. En effet, les Saints ne se contentèrent pas de révéler leur existence et les circonstances de leur martyre, mais ils montrèrent aussi leur familiarité auprès de Dieu par des miracles dont le nombre ne cessent de croître (3). Jusqu’à nos jours Saint Raphaël apparaît, en rêve ou à l’état de veille, à de nombreuses personnes, pieuses ou indifférentes, en Grèce et jusqu’en Amérique ou en Australie. Il guérit des maladies incurables, réveille les consciences endurcies par le péché. soulage les peines et les afflictions, et manifeste que le Seigneur. reste glorifié dans Ses Saints, aujourd’hui comme hier, et pour l’éternité. 1) Nous introduisons cette mémoire au jour de leur martyre, mais leur Fête est célébrée à Mytilène le Mardi du Renouveau, conformément aux prescriptions de Saint Raphaël. Un autre Saint Martyr et Thaumaturge a été récemment révélé dans des circonstances semblables, saint Ephrem le Nouveau (5 mai).
2) Les gens simples et sans instruction qui furent témoins de ces révélations, ignoraient évidemment l’existence de cette petite ville du Finistère, et à fortiori ce fait, connu seulement de quelques historiens, que le Patriarcat Œcuménique envoya effectivement des ambassades en Occident, en particulier en Bretagne et Normandie, quelques temps avant la chute de Constantinople.
3) L’higoumène du couvent édifié depuis sur les lieux et devenu un lieu de pèlerinage, a consigné dans plus de dix volumes les miracles de Saint Raphaël.
Il y a depuis 2011 une communauté orthodoxe à Morlaix qui s’est logiquement placé sous le patronage de saint Raphaël de Mytilène et de ses compagnons martyrs : http://orthodoxesmorlaix.blog.free.fr
– Le 11 avril 2006, le Métropolite Jacques de Mytilène avait apporté la relique du chef de saint Raphaël à Paris notamment à l’église saint-Serge de l’Institut, où l’Archevêque Gabriel de Comane a célébré un moleben au saint, de retour en France pour la première fois depuis 500 ans.
– De nombreuses photos d’icônes de ses saints et de leur sanctuaire à Mytilène sur Full of Grace and Truth.
Dieu appartient à tous les êtres libres.Il est la vie de tous, le salut de tous – fidèles et infidèles, justes et injustes, pieux et impies, passionnés et indifférents, moines et laïcs, sages et simples, sains et malades, jeunes et vieux – tout comme l’effusion de lumière, la vue du soleil et les changements de saisons sont pour tous les mêmes ; « car il n’y a pas d’acception de personnes avec Dieu ». Romains 2:11