Un miracle de la Mère de Dieu
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C’est l’histoire d’une épouse non croyante, et qui par les prières de son mari devant l’icône de Vladimir de la très sainte Théotokos, a décidé de devenir orthodoxe sur son lit de mort et l’a fait à temps.
Il y a cinq ans, l’épouse d’un de mes bons amis, Veronica, est décédée. Son mari Ivan l’a annoncé de façon concise : « Notre chère Veronica n’est plus avec nous. » Ivan a de belles photographies de sa femme sur le bureau et sur les murs de son domicile : Veronica avec ses jumeaux en vacances à Sotchi, en Crimée, avec son mari à Cuba, nageant avec les dauphins, etc. Après les funérailles, Ivan a mentionné que Veronica était décédée heureuse, entourée de ses proches. Et à l’occasion du cinquième anniversaire de sa mort, Ivan m’a raconté une histoire incroyable sur la façon dont, sur son lit de mort, Veronica a reçu le baptême orthodoxe, a pu se confesser et recevoir la sainte communion. Voici son bref récit : Veronica a grandi dans une famille de dirigeants du Parti communiste, on pourrait donc dire qu’elle était une représentante de la jeunesse communiste « dorée» (privilégiée). Son comportement, cependant, a brisé tous les stéréotypes des enfants des dirigeants du Parti communiste. Veronica était bienveillante et sensible, elle n’a jamais « tiré la couverture sur elle-même » et était toujours la première à courir pour aider les autres. Peut-être que quelqu’un dira qu’il est facile d’être comme ça lorsque vous avez tout ce dont vous avez besoin, lorsque votre éducation et votre carrière sont définies dès la naissance. Néanmoins, Veronica s’est toujours souciée des autres, offrant son soutien à quiconque, peu importe qui il était, qu’il s’agisse d’un ami proche, d’un parent éloigné ou d’un parfait inconnu. Je me souviens comment, en troisième année d’université, l’administration envisageait d’expulser un étudiant à cause de son entrée dans une salle de cours « à la manière léniniste »pour un examen sur le marxisme-léninisme, c’est-à-dire en fairsant deux pas en avant, puis un pas en arrière. L’un des professeurs de l’Université d’État de Moscou a pris la blague à la fois comme une insulte personnelle et une provocation politique. C’était au début des années 1980 avant la perestroïka. Le professeur d’histoire a arrêté l’examen et s’est précipité au bureau du doyen ! Il a ensuite paraphrasé une citation bien connue en disant : « Aujourd’hui, vous vous moquez de Lénine, demain vous trahissez votre patrie. »(1).
Veronica est allée parler au professeur de marxisme-léninisme, disant que son camarade de classe était une personne créative, impliquée dans le théâtre, un membre engagé de la Ligue de la jeunesse communiste et un bon ami. Elle lui a montré des photos des performances de l’étudiant. Veronica était prête à impliquer ses parents et leurs connaissances pour éviter que le jeune homme ne soit expulsé de l’université à cause d’une blague ratée. Voici un détail clé de toute cette histoire – ce camarade n’était pas un ami de Veronica, elle ne le connaissait même pas. De plus, il ne s’était même pas tourné vers elle pour obtenir de l’aide. Elle a juste pensé : « Si je vois que quelqu’un a besoin d’aide, comment puis-je ne pas m’impliquer ? L’histoire s’est bien terminée : le jeune homme n’a pas été expulsé de l’université.
Il y avait des moments où je lui disais : « Ralentis ! Mettons d’abord nos enfants sur pied, puis nous commencerons à sauver le monde entier. » Mais ma femme ne comprenait pas de telles « tactiques ». Sa gentillesse était légendaire. Il y avait une fois une femme, une amie de nos amis, qui a arrêté Veronica dans la rue. Les larmes aux yeux, elle s’est plainte que son fils de treize ans – du même âge que nos jumeaux – s’était impliqué avec les mauvaises personnes, que les choses s’étaient vraiment dégradées et que la police avait déjà promis de l’ajouter à leur registre. .. J’ai demandé à Veronica : « Qu’est-ce que la femme voulait exactement de toi ? Elle t’a demandée de t’ impliquer dans l’éducation tardive du fils de quelqu’un d’autre ? » Je pensais que mon humour et mon sarcasme allaient l’arrêter. Après tout, que faire dans une telle situation ? Nous ne connaissions pas la malheureuse, encore moins son fils. Mais Veronica a trouvé une issue. Je ne sais pas comment elle a réussi, mais elle a persuadé l’adolescent ingérable d’aller à des cours de boxe. Avant cela, elle avait convaincu l’entraîneur d’admettre le garçon et de s’occuper de lui. Elle lui a dit : « Tu peux sauver ce garçon si tu lui montres de l’intérêt ! Ses efforts ont porté leurs fruits, mais évidemment pas tout de suite. L’adolescent a commencé à aider sa mère à la maison, a commencé à lire et a trouvé de nouveaux amis dans la classe. Je peux raconter beaucoup d’histoires similaires. Je pourrais parler pendant des heures de la façon dont Veronica aimait nos enfants, était consciente de leurs intérêts, jouait aux échecs avec eux et les aidait à écrire des poèmes pour les anniversaires de leurs professeurs. Mais le problème était que même si elle avait un cœur si gentil et ouvert, Veronica était une incroyante. Elle croyait que l’Église et les prières étaient une relique du passé, et que la foi en Dieu était pour les vieilles femmes illettrées. Toute personne instruite sait bien qu’il faut être moral, respecter les autres, aider les gens, vaincre le mal par le bien, ne pas se venger et chercher un moyen de toucher chaque personne. Elle avait l’habitude de dire que seules les personnes qui ne sont pas familières avec la littérature et la musique classiques ont besoin qu’on leur dise que si vous traitez mal les autres, Dieu vous punira. Moi-même, je ne me suis pas converti à la foi du jour au lendemain. L’intégration à la vie de l’Église n’a pas été facile pour moi. Mais Veronica ne voulait rien entendre sur le Baptême, les Saints Pères, la Sainte Communion ou la Confession. Elle a respecté mon choix et n’a jamais plaisanté sur le fait que j’observais le jeûne, que je me préparais à la communion ou que je cherchais un père spirituel, mais elle m’a dit qu’elle n’irait pas à l’église. Elle l’a expliqué ainsi. « Mes parents étaient des communistes idéologiques, ils croyaient à ce qui se disait lors des réunions du Parti. Ils n’ont jamais brandi leur carte de membre du Parti, n’ont jamais affiché leur position. Leurs amis étaient aussi comme eux. Comment puis-je me faire baptiser ?! Je trahirais leurs vues, leurs principes ! Ils m’ont élevé dans l’esprit du marxisme-léninisme, et je sais qu’un homme est l’artisan de son propre bonheur, de son destin, qu’il faut être honnête… » Nous avons souvent discuté de ces questions et débattu. J’ai essayé de lui montrer le chemin de la foi. Une fois nous étions en Terre Sainte, à Jérusalem. Tout d’abord, Veronica a dit que pendant que nous étions là-bas, « C’était comme si le temps s’arrêtait, comme si nous étions dans le passé, il y a deux mille ans… Il n’y a pas d’agitation, personne ne court partout. » Mais elle a poursuivi en disant que ce n’était qu’un voyage. Nous avons été aussi en Italie, dans la ville de Bari : selon elle, c’était aussi une expérience intéressante, mais sans plus.
J’arrive maintenant à l’essentiel.
Veronica est tombée gravement malade et a reçu un diagnostic de cancer. Ma femme a subi un traitement avec courage et la maladie est entrée en rémission temporaire. Mais quelques années plus tard, il y a eu une rechute. Veronica a de nouveau subi un traitement et a subi une intervention chirurgicale, mais la maladie s’est ensuite manifestée à nouveau. Ma pauvre femme a traversé tant de choses et ne s’est jamais plainte, ne cherchant jamais personne à blâmer. Son immunité s’est affaiblie à la suite de traitements répétés. Elle est tombée malade d’une pneumonie et les médecins m’ont prévenu qu’elle ne quitterait jamais l’hôpital : son corps ne se battait plus pour survivre et les médicaments n’étaient plus efficaces. Je n’irai pas plus loin dans les détails médicaux car ce n’est pas ce qui est important. Veronica était inconsciente pendant plusieurs jours avant son repos. Presque tous les jours, j’allais à l’église St. Nicolas à Tolmachi, qui fait maintenant partie de la Galerie Tretiakov à Moscou. Il y a une icône miraculeuse de Vladimir de la Mère de Dieu là-bas. On m’a dit que c’était l’icône la plus « affectueuse » et la plus touchante de la Très Sainte Théotokos. J’ai prié devant elle et devant d’autres icônes. Je savais que Veronica était mourante et j’ai prié la Mère de Dieu d’organiser miraculeusement le baptême de ma femme, afin qu’elle puisse mourir en chrétienne. Mes prières ont été exaucées. On m’a téléphoné de l’hôpital et on m’a informé que ma femme s’était réveillée. Je me suis immédiatement précipité vers elle. Veronica a souri et m’a demandé d’inviter un prêtre afin de se faire baptiser. J’ai rapidement trouvé un prêtre et je lui ai tout expliqué. Véronique a été baptisée, elle s’est confessée et a reçu la Sainte Communion. Avant sa mort, elle a eu le temps de me parler de son désir de se faire baptiser. Alors qu’elle était inconsciente, elle a vu une belle et noble femme avec de grands yeux, gentils et doux. Sa tête était couverte d’un long foulard. Elle tendait la main à Veronica et lui a dit : « Comment se fait-il que vous vouliez partir sans avoir une croix ? Je sais que tu étais gentille, décente et une mère aimante. Sans le Baptême, toutes tes bonnes actions seront effacées. Personne ne peut ne peut te forcer. C’est à toi de décider si tu aimes le Seigneur. Réfléchis maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! » Après les sacrements, Veronica m’a embrassé ainsi que les enfants. Ses derniers mots furent : « Je meurs tellement heureuse parce que j’ai pu me faire baptiser, porter ma croix et recevoir la Sainte Communion !
Je n’ose pas dire que ce sont mes prières indignes qui ont fait baptiser Veronica à temps. Mais je sais fermement que la Très Pure Mère de Dieu a montré sa miséricorde et a eu pitié d’elle.
Alexandra Gripas Traduit par Dmitry Lapa Pravoslavie.ru 16/06/2021
(1) Le message original bien connu sur les affiches de propagande soviétique disait : « Aujourd’hui vous jouez du jazz, demain vous trahissez votre patrie. » –
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Bulletin du mois de Juin 2021 de l’Eglise Orthodoxe à l’Ile Maurice
Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration Numéro 65, Juin 2021
Pentecôte (en grec Pentikosti) signifie cinquantième jour. C’est le jour de la Pentecôte que le Saint–Esprit est descendu sur les Apôtres sous forme de langues de feu, cinquante jours après la Résurrection du Christ. Souvenons–nous du récit de la Pentecôte raconté dans les Actes des Apôtres, au chapitre 2. Alors que les Apôtres se trouvaient tous réunis en un même lieu, un vent violent entra dans la maison et le Saint–Esprit s’empara de chacun d’eux, leur donnant le pouvoir de parler toutes les langues et d’être compris par tous les hommes.
L’icône de la Pentecôte
Comparons ce récit à l’icône que nous vénérons en cette fête, les douze Apôtres recevant les langues de feu. Nous trouvons une grande différence entre le texte des Actes et l’icône. Dans le récit, l’événement de la Pentecôte se fit avec un grand tumulte, ce fut un profond bouleversement. Alors que sur l’icône, nous voyons les apôtres sur deux rangées, siégeant dans un calme hiératique, comme pour juger les douze tribus d’Israël, selon la parole du Christ (Matthieu 19, 28). Ils ne sont que douze sur l’image, alors qu’il nous est précisé dans le texte que de nombreux frères étaient réunis, environ cent vingt personnes et quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus. Le calme des apôtres contraste totalement avec la description qui parle d’une agitation si forte qu’elle fut prise pour de l’ivresse. Les douze apôtres que nous voyons sur l’icône forment le collège apostolique. Le collège apostolique, c’est le fondement de l’Église, douze colonnes sur lesquelles repose l’édifice, bâti sur la pierre angulaire, c’est à dire le Christ. L’icône de la Pentecôte n’est pas l’illustration d’un événement historique, mais elle est le symbole de l’Église.La présence du Saint–Esprit est indiquée par les flammes qui viennent du ciel et reposent sur chaque apôtre. Alors que l’absence du Christ, absence nécessaire pour que vienne l’Esprit (Jean 16, 7), est indiquée par une place vide. En effet, on remarque que l’arc de cercle ne se referme pas en haut du fer à cheval que forment les apôtres, laissant un espace libre. C’est la place du Christ attendu pour le Second Avènement.Ce que les apôtres ont reçu le jour de la Pentecôte ne s’arrête pas au cercle apostolique, le Saint–Esprit est destiné à tous les peuples. Ce personnage couronné représente le Cosmos, l’univers dans son ensemble. La descente du Saint–Esprit sur les apôtres est un événement cosmique, la création tout entière sera pénétrée des rayons lumineux, les Énergies divines que Dieu communique. Le linge étendu signifie l’attente du monde, prêt à recevoir les dons de l’Esprit. C’est de l’Église, centre du monde, que part le feu qui va embraser l’univers. Le Christ et l’Esprit sont envoyés du ciel par le Père pour transfigurer la terre.Le roi couronné, tenant le linge, représente les nations réunies, prêtes à recevoir l’enseignement chrétien. Les langues de la Pentecôte font naître la compréhension entre les membres de l’Église, même s’ils sont de race, de pays et d’époques différents. Car tous partagent la « Bonne Nouvelle » du Christ ressuscité, « Bonne Nouvelle » annoncée et transmise de siècle en siècle, à partir des apôtres jusqu’à nos jours.L’aspect calme et ordonné des apôtres, formant un cercle harmonieux, représente la Communion des saints faisant de l’Église un seul corps, le Corps du Christ animé par l’Esprit Saint. Que deux ou trois soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux (Matthieu 18, 20). Dans l’Esprit Saint, les apôtres sont unis, mais ne se confondent pas, car chacun garde son identité, sa diversité. Ils sont l’image de Dieu, Trinité–Unité : les trois Personnes divines toujours unies et jamais confondues. De même les apôtres sont unis, mais ils ne sont pas uniformes. Le miracle des langues reçues par chaque apôtre personnellement, chacun parlant une langue différente, c’est le miracle de l’accord parfait dans la variété. C’est comme un orchestre jouant une symphonie: les instruments les plus divers s’accordent entre eux pour ne former qu’un seul son.De cette vision des douze apôtres unis dans l’Esprit Saint par le feu de la Pentecôte découle toute l’histoire de l’Église avec ses conciles, proclamant toujours et partout la même foi catholique et apostolique. L’union des apôtres avec le Saint–Esprit se perpétue dans toute l’Église, en commençant par les évêques, successeurs des apôtres. Cette concorde permet aux Pères de l’Église de dire, à chaque concile, la formule prononcée par les apôtres à Jérusalem : II a plu au Saint–Esprit et à nous (Actes des Apôtres 15, 28).
D’après Catéchèse orthodoxe, les fêtes de la vie de Jésus–Christ,2. La résurrection, éd. Cerf, pages 223–234
Rappel sur la somme des connaissances humaines
Selon la logique du monde, les gens deviendraient toujours de plus en plus intelligents. Malheureusement, il n’en est pas ainsi. L’intelligence, ne se résume pas à une somme de connaissances.
Saint Nicolas de Serbie disait que les premiers hommes ne connaissaient pas grand chose, mais comprenaient tout ensuite, progressivement, leurs connaissances ont augmenté, mais ils comprennent de moins en moins et à la fin, ils connaîtront énormément de choses, mais ils ne comprendront plus rien.
Traduit du russe
P. Valerian Kretchetov
http://www.lalorgnettedetsargrad.gr/2020/05/
L’Être… quel mystère merveilleux.!.. Saint Sophrony l’Athonite.
La prière, assurément, restaure en nous le souffle divin que «Dieu insuffla dans les narines d’Adam», si bien qu’«Adam devint une âme vivante» (voir Gn 2, 7). Régénéré par la prière, notre esprit commence à s’émerveiller devant le grand mystère de l’Être. Tel un torrent impétueux, un enthousiasme d’un genre particulier submerge notre intellect : «L’Être… quel mystère merveilleux! Comment est-il possible ?… Admirable est notre Dieu et admirable sa création.»
Nous expérimentons le sens des paroles du Christ: « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en surabondance » (Jn 10, 10). En surabondance! Oui, en vérité, il en est ainsi. Cette vie est paradoxale, comme l’est tout l’enseignement du Seigneur : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc 12, 49). À nous tous, descendants d’Adam, il nous est indispensable de passer à travers cette flamme céleste pour qu’elle consume les racines de nos passions mortifères, faute de quoi nous ne verrons pas ce feu se transformer en lumière d’une vie nouvelle.
En effet, dans notre état de chute, la brûlure précède l’illumination, et non l’inverse. Ainsi donc, bénissons le Seigneur aussi pour l’action consumante de son amour. Il y a encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas. Cependant, nous savons maintenant, fut-ce partiellement (voir 1 Co 13, 9), qu’il n’y a pas d’autre voie pour devenir « des fils de la résurrection » (Lc 20, 36), des fils de Dieu, pour régner avec l’Unique-engendré. Aussi douloureux soit le processus de notre re-création, quels que soient les tourments et parfois les agonies que Dieu nous fait traverser, tout, à la fin, sera béni.
Si l’assimilation de la connaissance scientifique exige un labeur assidu durant de longues années, l’effort pour acquérir la prière est incomparablement plus ardu. Lorsque l’Évangile et les épîtres deviennent notre réalité quotidienne, nous commençons à voir clairement à quel point nos conceptions antérieures de Dieu et de la vie en Lui étaient naïves. Mystérieuse est la sagesse de la révélation qui nous a été faite. Celle-ci dépasse de loin l’imagination de l’homme: «Ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9). La moindre touche de l’Esprit divin est une gloire qu’on ne saurait comparer au contenu d’une vie sans Dieu. La prière authentique qui nous unit au Très-Haut, n’est rien d’autre que la lumière et la force du ciel descendant sur nous. Dans son essence, elle transcende notre plan d’existence; elle n’a pas de source d’énergie dans ce monde. Si je me nourris bien pour que mon corps soit vigoureux, ma chair se révolte et ses exigences croissent: elle en a assez de prier. Si je mortifie ma chair par un jeûne rigoureux, cette douloureuse abstinence crée pour un certain temps un terrain favorable à la prière, mais ensuite mon corps s’épuise et refuse de suivre l’esprit. Si je fréquente des personnes de valeur, je peux éprouver une satisfaction intérieure, faire parfois une nouvelle expérience dans le domaine psychologique ou intellectuel, mais j’en reçois très rarement une impulsion pour la prière profonde. Si, sur le plan intellectuel, je suis doué pour le travail scientifique ou la création artistique, mon succès me servira de prétexte à la vanité ; et je serai alors dans l’impossibilité de trouver mon coeur profond, lieu de la prière spirituelle. Si je suis riche et que je cherche à tirer parti du pouvoir lié à la richesse, ou à réaliser certaines de mes idées, ou encore à satisfaire mes désirs esthétiques et culturels, mon âme ne montera pas vers Dieu tel que nous l’avons connu par le Christ. Si je me retire au désert après avoir renoncé à mes biens, toutes les énergies cosmiques se ligueront pour paralyser ma prière. Et ainsi de suite, sans fin…
Admirable est notre Dieu et admirable Sa création.!.. |
La véritable prière adressée au Dieu véritable est une communion avec l’Esprit divin qui prie en nous; c’est Lui qui nous donne de connaître Dieu; c’est Lui qui élève notre esprit à l’état de contemplation de l’éternité. En tant que grâce venue d’en haut, l’acte de prier transcende notre nature terrestre. C’est pourquoi notre corps corruptible, incapable de s’élever dans la sphère spirituelle, lui résiste. Incapable de contenir l’Infini, notre intellect lui résiste aussi ; il est tiraillé par des doutes et rejette tout ce qui dépasse sa compréhension. Le milieu social dans lequel nous vivons s’oppose à la prière, car il organise sa vie en ayant d’autres buts, diamétralement opposés à elle. Les esprits hostiles ne la supportent pas. Mais seule la prière permet au monde créé de renaître de sa chute, car elle triomphe de sa pesanteur et de son inertie par la grande tension de notre esprit pour observer les commandements du Christ.
Le combat pour la prière est ardu, car les états de notre esprit varient. Parfois la prière coule en nous comme une puissante rivière, parfois notre cœur se dessèche. Veillons à ce que toute diminution de la force de prier soit aussi brève que possible. Prier signifie bien souvent exposer à Dieu notre état pitoyable : faiblesse, acédie, doutes, crainte, angoisse, désespoir, en un mot tout ce qui est lié aux conditions de notre existence. Exposer donc notre état, mais sans rechercher des expressions élégantes ou même une suite logique… Souvent, cette manière de s’adresser à Dieu marque le début d’une prière prenant la forme d’un dialogue.
Parfois nous serons portés par les vagues de l’Amour divin que, dans notre naïveté, nous prendrons subjectivement pour notre amour pour Lui. Voici comment cela s’est passé pour moi : je n’osais penser que, dans sa grandeur infinie, le Créateur de l’univers pourrait arrêter son attention sur moi, insignifiant et misérable que je suis. Je disais dans ma prière « Oh ! S’il était possible que tu m’aimes comme je t’aime!… Vois-tu combien mon cœur a soif de toi jour et nuit ? Incline-toi vers moi ; montre-moi ta face ; rends-moi tel que tu veux voir ceux que tu as créés, tel que toi, le Très-Saint, tu puisses m’accueillir et m’aimer… » Je ne savais ce que je disais (voir Le 9, 33). Je n’osais penser que c’était Dieu lui-même qui priait en moi.!..
Référence :
La Prière, Expérience de l’éternité. Archimandrite Sophrony Sacharov.
Posted by Holy Trinity Family – Douma