Le silence de Dieu

Métropolite Athanasios de Limassol

Source: http://www.pravmir.com/the-silence-of-god/

Il est temps que le Seigneur agisse car ils ont considéré ta loi comme nulle.
(Ps. 119 : 126)
«Le temps d’agir du Seigneur » pourrait signifier que le moment est venu pour nous de faire quelque chose pour le Seigneur. L’interprétation correcte, cependant, est la suivante : « Il est temps que vous agissiez, Seigneur.» L’expérience humaine le confirme, les psaumes de David et notre vie quotidienne montrent que chaque personne dans sa vie expérimente un grand mystère : le mystère du silence de Dieu.
Il nous semble souvent que Dieu se tait. Ou plus précisément encore, que Dieu est absent. Nous cherchons souvent Dieu et nous voulons qu’il fasse quelque chose, mais Il ne fait rien, permettant aux événements de se développer selon leurs cours, ce développement pouvant être dramatique et tragique pour nous. Nous sommes alors bouleversés par l’injustice et le chagrin, mais malgré cela, Dieu reste silencieux. Il n’interfère pas et ne fait rien.
Naturellement, une protestation peut commencer à « bouillir » chez une personne, comme si elle voudrait dire à Dieu : « Pourquoi ne fais-tu rien ? Pourquoi Tu n’agis pas ? Pourquoi Tu n’interviens pas et Tu n’arrêtes pas toute cette injustice, parce que Tu la voies et que cela va à l’encontre de Ta loi ? » Et cependant, Dieu se tait.
Dieu a toujours agi comme ça. Dieu fait son travail en silence. Il est apparu dans le monde, mais en même temps Il est apparu comme s’Il était absent de ce qui se passe dans ce monde, et pas seulement dans la vie personnelle d’une personne donnée, mais même dans la vie de l’Église.
Lorsque nous lisons les vies des saints, en particulier des martyrs des premiers siècles du christianisme (et de notre époque), nous voyons ce qui suit: Il y avait des chrétiens qui ont été persécutés, qui ont subi le martyre, payant de leur sang pour leur foi en Christ. Il y avait des périodes où il semblait que l’Église était sur le point de s’effondrer, que ses ennemis avaient atteint l’apogée de leur puissance, de leur force et de leur gloire, et que l’Église tombait au fond de l’impuissance et de l’humiliation. On pourrait se demander : « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? Pourquoi les hérétiques triomphent-ils ? Pourquoi les choses vont-elles si bien pour les ennemis de l’Église et qu’il n’y a rien qui marche avec nous, et au lieu que nous soyons bien, nous allons de pire en pire ? Le Saint Apôtre Paul dit dans 1 Corinthiens 4 : 9 : « je pense que Dieu a fait de nous, les apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort ; car nous avons été faits un spectacle au monde, aux anges et aux hommes ». Les gens qui sont les derniers, les plus humiliés, étaient les apôtres.
Dieu agit de la sorte dans nos vies. Pourquoi ? Parce qu’il veut changer notre façon de penser, Il veut que nous allions au repentir, à un changement d’esprit (métanoïa) et modifier façon même dont nous pensons, afin que nous puissions nous écarter de la façon de penser du monde et entrer dans la façon de penser de Dieu  qui est sacrifice, amour et kénose (kénose=action de se vider) pour l’autre.
Réfléchissons et observons que le Seigneur lui-même dans Sa vie terrestre s’est comporté ainsi quand Il a été arrêté, remis entre les mains des hommes et accepté l’humiliation la plus infamante. Alors le Saint-Apôtre Pierre, agissant suivant la pensée humaine, a voulu couper l’oreille d’un serviteur afin de montrer son courage et sa détermination, mais le Christ lui a reproché cette façon d’agir  et lui dit:  « Penses-tu que je ne peux pas me protéger? Si je le veux, je me protégerai ; Je peux appeler 12 000 anges pour me protéger (Matt. 26 : 53), mais je ne le veux pas et je n’ai pas besoin de protection humaine. Je m’engage volontairement à mourir, sans m’opposer à ce qui se passe ».
Naturellement, la même chose (que la réaction de Pierre) se produit dans la vie de chacun de nous, sans exception, chaque fois que le sentiment que Dieu ne doit plus se taire jaillit dans notre âme : « Dieu, enfin, fais quelque chose ! Lève-toi, réveille-toi ! »

Dans la liturgie du Grand et Saint Samedi, avant l’Évangile, une fois par an, nous chantons cet hymne : « Lève-toi, ô Dieu, juge la terre ; car tu hériteras de toutes les nations » (Ps. 82 : 8). Cela ne signifie pas que Christ va ressusciter à ce moment ; c’est juste la prière de l’Église dans laquelle nous prions Dieu de se lever. « Lève-toi, lève-toi enfin, ne sois pas si silencieux, humilié, caché dans la tombe ». C’est une attente humaine, notre désir que quelque chose se produise. Et il est bien que nous ne soyons pas des dieux. Après tout, si nous étions des dieux, nous mettrions le monde entier à l’envers en quelques minutes ! Nous condamnerions tout le monde et les ferions juger, à notre manière humaine !
Je me souviens qu’une fois, quand j’étais jeune diacre, quelque chose s’est passé et j’ai réagi de la même manière (de façon humaine) : « C’est quoi cela ? Cette personne devrait être punie, elle devrait être remise à sa place, laissez-la subir telle ou telle punition ! ». L’Ancien (le géronda ou starets), naturellement, m’a écouté en secouant la tête sans rien dire. Et j’ai prononcé certains de ces mots habituels que nous disons lorsque nous sommes submergés par un sentiment d’injustice. Le lendemain, lors de la Liturgie, on a lu l’Évangile où il est raconté comment, à une occasion, le Christ a été chassé d’une ville et qu’il est parti. Les disciples lui dirent : « Maître, voulez-vous que nous priions pour que le feu descende du ciel et les brûle ? (Voir Luc 9 :55) Après tout, ils vous chassent !

À ce moment-là, ils avaient déjà accompli quelques miracles en tant qu’apôtres du Christ et ils pensaient que, puisque le Christ lui-même ne fait rien, il vaut mieux qu’ils prient ce feu qui descendrait du ciel et brûlerait les habitants de cette ville. En effet, ils étaient pécheurs et injustes. Mais Christ leur répondit : “Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! Je ne suis pas venu pour détruire la vie des hommes, mais pour les sauver ». Dès que j’ai fini de lire cet évangile au cours de la Liturgie, le starets, m’a arrêté et m’a dit: » Lis-le encore deux ou trois fois, pour que son sens soit compris, d’abord par toi-même, puis par les autres! »
En effet, c’est une bonne chose : changer notre façon de penser, nous éloigner de la justice selon ce monde et entrer dans la justice de Dieu, où Dieu agit de manière tout à fait différente, comme un Père qui veut sauver tout le monde, y compris le diable. Mais nous nous comportons comme des gens qui veulent établir leur propre justice : « Regardez, il me tourmente, il menace ma vie, c’est assez ! Je n’en peux plus, faites-le taire ! Saisissez-le à la gorge ! Eh bien, je ne demande pas de le tuer, mais s’il meurt, je ne pleurerai pas.  »

 

Saint Apôtre Carpos
Dans la vie du saint apôtre Carpos, qui vivait à Rome et prêchait l’Évangile (voir Saint Denis l’Aréopagite, Lettre 8 à Démophile), il est dit qu’il y avait une sorte de séducteur hérétique prétendant être un chrétien, et qui était si éloquent et si intelligent qu’il a toujours empêché les apôtres de prêcher. Les chrétiens voulaient faire quelque chose d’utile spirituellement, mais cette personne gâchait tout. Alors, étant humains, ils s’indignèrent. Dans sa prière, le saint apôtre Carpos eu une vision dans le Saint-Esprit. Il vit cet hérétique suspendu au-dessus d’un abîme, tremblant, prêt à l’engloutir à tout moment. « Eh bien, se dit le saint apôtre Carpos, qu’il tombe dedans pour que nous puissions respirer librement !  Sinon combien encore il nous tourmentera ! » Et dès qu’il a dit ces mots, il vit au-dessus de lui le Christ qui lui dit : « Regarde, je suis prêt à être crucifié pour cette personne à nouveau. Et si tu continues dans le même état d’esprit, je t’enverrai à l’abîme ! C’est ce qui se passera si tu continues à penser de la sorte, si tu ne comprends pas Mon Esprit et quel genre d’esprit tu dois avoir !
C’est vraiment difficile, mais l’Église réalise ce changement en nous par son action de guérison et, surtout, cette transformation est faite par Dieu lui-même, qui agit conformément à ce qu’Il sait et, finalement, cela nous aide. Parfois, cela prend plusieurs années pendant lesquelles Dieu ne parle pas du tout ; Il permet à quelqu’un d’être tourmenté jusqu’à ce qu’il change de mode de vie. Et nous sommes déchirés par ce sentiment – que Dieu devrait finalement se lever et mettre fin à nos tourments.

Ici devant moi, j’ai un texte qui n’a jamais été publié. Une fois, une certaine famille s’est rendue à Essex, en Angleterre, pour voir l’Ancien (starets) Sophrony (Sakharov), un homme saint de la Montagne Sainte (Athos), et qui a écrit la vie de saint Silouane de l’Athos, un véritable saint moderne. Cette famille avait un gros problème avec leur enfant unique, qui avait une maladie incurable congénitale. Ils ont porté une croix très lourde toute leur vie. Leur vie était un supplice. Ils se dirigèrent vers l’Ancien Sophrony et, avec des larmes, ils ouvrirent devant lui leurs cœurs pleins de douleur et de chagrin, lui demandant de dire quelques mots. Après une prière, il leur a raconté avec une grande compassion quelque chose de sa propre vie qu’ils ont immédiatement mis sur écrit. Ils lui ont montré le texte écrit et il l’a signé en écrivant : «    C’est exactement ce que j’ai dit ».

Archimandrite Sophrony (Sakharov)
C’est un petit texte, où le starets parle de sa propre expérience de vie. Je vous le lirai afin que vous puissiez voir comment les saints ont enduré ce silence de Dieu dans leur vie et comment ce silence s’est finalement révélé être la clé qui les a aidés à ouvrir la porte de la sainteté. Le starets leur a dit ce qui suit.
«Pendant 57 ans, j’ai porté l’habit de moine et il me semble que j’ai essayé de ne pas négliger mon salut, et avec grande crainte et des larmes, priant toujours Dieu qu’Il devienne le Soleil pour moi, afin qu’Il me pardonne tous mes péchés et ne me rejette pas de ses pieds. De toutes mes forces, j’ai essayé de ne heurter personne sur la terre, désirant que Dieu me donne rapidement le courage de servir le plus de gens possible, n’attendant rien en retour, ni sur le plan matériel, ni sur le plan spirituel, mais attendant seulement la grâce de Dieu et le pardon des péchés. Et avec tout cela, pendant tout ce temps (c’est-à-dire plus d’un demi-siècle), je n’ai connu ni la paix ni la sécurité, mais j’ai toujours ressenti un danger, ou du moins une attitude défavorable envers moi-même.
En effet, la vie de cet Ancien a été marquée à la fois par un rejet profond de la part d’autres personnes et par de grands dons de Dieu.
«Quel que soit ce que j’entreprenais de réaliser, même les plus petites choses, j’ai presque toujours rencontré des obstacles insurmontables. Comme si les portes de ce monde, presque toutes, étaient toujours fermées devant moi.  »
Imaginez un homme qui essaie de faire le travail de Dieu depuis 57 ans et que toutes les portes de ce monde se ferment pour lui ! Quoi qu’il ait commencé à faire, il a rencontré d’énormes obstacles.
«J’ai vieilli et je n’ai pas compris le sens de toutes ces épreuves. Est-ce que ce sont des manifestations de la colère de Dieu contre moi, pécheur, ou bien est-ce autre chose ? Est-ce que tout ce que je supporte, les obstacles, l’adversité, etc., survient parce que Dieu est fâché contre moi d’être pécheur ou bien que quelque chose d’autre se passe dans ma vie ? Je ne pouvais pas comprendre cela. Plusieurs fois, j’ai prié Dieu de me dire pourquoi tout se passait toujours ainsi, mais Dieu m’a toujours répondu par le silence. ”

Ce starets qui parlait face à face avec Dieu, comme un ami avec un ami et connaissait de grands états de grâce uniques et rares, a prié Dieu de lui révéler pourquoi tout se passait comme ça dans sa vie, pourquoi il rencontrait tant de difficultés et d’obstacles, tout semblait se fermer, mais Dieu lui répondait toujours par le silence. Dieu ne lui a jamais répondu. Par conséquent, l’Ancien a dit à ces personnes :
«D’après ce que je vous ai dit, vous comprenez que je ne suis pas en mesure de vous expliquer ce dramatique calvaire. Mais je me souviendrai toujours de vous dans mes prières avec amour et compassion.  »

Et il a terminé en disant : « Il est difficile pour nous de blâmer Dieu et de nous justifier. »
C’est-à-dire qu’il est très difficile de dire que Dieu est coupable ou que Dieu est en colère, et qu’alors tout dans ma vie tourne mal, mais que je suis moi-même innocent. Il n’est pas facile pour nous de dire ces mots, de rejeter tout le blâme sur Dieu et de nous disculper nous-mêmes.
Mais il n’est pas non plus facile de faire le contraire, comme les amis de Job qui voulaient être les avocats de la vérité de Dieu, oubliant le terrible supplice que Job a vécu.
Par ailleurs, le starets dit que, d’un autre côté, il n’est également pas facile pour nous de dire à quelqu’un: « Tu es coupable et Dieu est innocent », de devenir les avocats de Dieu et de dire à la personne souffrante: « Tu sais, Dieu n’est pas coupable, tout est de ta faute, c’est pourquoi tu dois endurer tout cela!  »
En d’autres termes, il y a deux positions. La première, « Je suis innocent, mais Dieu est coupable, il me tourmente, parce qu’il est en colère » et la seconde, « Je suis coupable, mais Dieu est innocent. » Ces deux attitudes sont difficiles. Dans le premier cas, vous ne pouvez pas attribuer à Dieu la difficulté par laquelle vous passez, et dans le second, vous ne pouvez pas vous l’attribuer à vous-même, alors que vous souffrez déjà, vous devez supporter un fardeau supplémentaire, à savoir que c’est vous-même à blâmer pour tout ».
Et le starets Sophrony termine avec les mots merveilleux suivants: « Par conséquent, Dieu se tait et nous, nous nous taisons. »
Puisque Dieu est silencieux, nous le sommes aussi. Nous ne pouvons rien faire d’autre que nous souvenir les uns des autres dans la prière, avec amour et compassion. Je pense que c’est un texte très fort. Tous les textes et paroles de l’Ancien Sophrony sont forts. J’ai trouvé ce texte, sa parole de vie donnée à des gens, conservée dans le monastère à des fins personnelles, et j’en ai fait une copie.
En effet, comme c’est typique dans nos vies ! Pour nous tous, sans exception, il y a une heure qui arrive et durant laquelle nous allons traverser des difficultés telles que nous ne saurons même pas quoi dire. Devrions-nous assumer le fardeau de la responsabilité ? Mais nous ne pouvons pas le porter. Nous ne le supporterions pas. Il y a déjà tellement de malheurs qui tombent sur nous que nous ne pouvons pas supporter leur poids. Faut-il encore les attribuer à Dieu ? Mais cela aussi est difficile, et nous ne pouvons pas le faire non plus. Que pouvons-nous faire alors ? Nous faisons alors ce que dit l’Ancien Sophrony : «Dieu se tait et nous aussi nous nous taisons». Nous mettons nos vies entre les mains de Dieu avec une grande confiance. C’est ce que nous proclamons dans la Sainte Liturgie : «… confions-nous, nous-mêmes les uns les autres et toutes nos vies, au Christ, notre Dieu». Nous-mêmes, toutes nos actions, toutes nos vies, nous les remettons entre les mains du Christ afin de trouver la paix, arrêtez de vous battre, arrêtez de faire la guerre, arrêtez de vous disputer avec Dieu.
Pourquoi cela m’arrive-t-il ? Pourquoi tant de difficultés, de tourments et de tribulations ? Pourquoi rien ne tourne rond dans ma vie ? Pourquoi tout est de travers avec moi ? Je n’ai jamais rien fait qui se soit bien passé ! Tout va mal ! L’Ancien avait dit : « Toutes les portes étaient fermées et aucune porte ne s’est ouverte devant moi ». Nous sommes étouffés par la tourmente ; c’est naturel et humain. Nous souffrons avec cette question, « Pourquoi moi ? » Mais la question « Pourquoi ? » N’a pas de réponse, du moins pas la réponse que nous recherchons. Dieu nous répond par le silence afin que nous comprenions que nous devons nous calmer, trouver un peu de paix. Et lorsque nous mettons tout entre les mains de Dieu, lorsque nous sommes prêts, bien que épuisés par tout cela, à nous mettre dans les bras de Dieu, à nous accrocher aux bras de Dieu, nous comprenons alors pourquoi tout cela a eu lieu. Alors Dieu nous répondra.

 

Éphraïm de Katounaki
Vous souvenez-vous de l’exemple de l’Ancien Éphraïm de Katounaki ? Pendant 42 ans, il a été novice dans le désert, obéissant parfaitement à un Ancien très sévère et possessif, un tyran, un homme de tempérament très difficile. Il s’est gardé de juger l’Ancien ou d’aller contre lui. Souvent, il haletait dans ses pensées en se disant : « C’est tout, je ne peux plus le supporter, je pars ! Il est impossible de vivre avec lui ! » Et chaque fois qu’il décidait de partir et qu’il se disait :« Je pars, c’est fini », Dieu le quittait alors et il voyait alors (et il était un théophore, quelqu’un d’habité par Dieu) comment la grâce l’abandonnait à ce moment. Bien que les conditions ne s’amélioraient pas, il revenait, et avec des larmes il demandait à Dieu de lui pardonner d’avoir décidé de fuir.
Donc, 42 ans ont passé et il a continué à prier, voulant comprendre quoi faire dans cette situation. À la fin, son Ancien a perdu la raison, devenu complètement insupportable. La vie de l’Ancien Ephraïm devint un supplice. Mais tout s’est terminé avec la mort de son Ancien. L’enterrement a commencé et, comme il est de coutume au Mont Athos, avant de déposer le corps dans la tombe, Abba Ephraïm est venu prendre la dernière bénédiction de son Ancien en embrasser le mort avant l’enterrement. Et à ce moment-là, quand il se pencha pour prendre une bénédiction de son starets, Dieu, dans le Saint-Esprit, lui répondit : « C’était la volonté de Dieu que tu restes dans l’obéissance à cet homme pendant 42 ans ! » Éphraïm a reçu ce message spirituel de Dieu. Et lui-même dit qu’il a répondu à Dieu en état de grâce : « Pourquoi me dis-Tu cela maintenant, que l’Ancien est mort et est descendu dans la tombe ? Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit depuis tant d’années ? Pourquoi m’as-tu laissé pendant 42 ans ? En effet, Ephraïm de Katounaki est venu à la Montagne Sainte (l’Athos) à l’âge de 20 ans et avait 62 ans lorsque son Ancien s’est endormi. Pendant 42 ans ! Il est venu à la Montagne Sainte comme jeune homme et il a vieilli, subissant cette obéissance semblable à un martyre. « Quel est le sens de cela pour moi maintenant qu’il est mort ? » Et Dieu lui répondit : « Si tu étais parti plus tôt, tu te serais détruit ! » C’est ce que Dieu lui répondit.
Bien sûr, ce que je vous dis n’est pas très inspirant et, naturellement, nous ne possédons pas la mesure de telles personnes. Ces Anciens ne se présentent pas tous les jours. Ne pensez pas que le starets Sophrony, Abba Ephraïm ou ces grands Anciens dont nous lisons la vie, menaient une vie sereine. Au contraire, leur vie était un tourment, chaque jour était une lutte, de la douleur, du chagrin, des larmes, de la sueur et des difficultés. Ces personnes n’ont pas trouvé de réconfort dans leur vie. Les choses qu’ils faisaient ne se sont pas déroulées non plus comme ils le voudraient, mais aux yeux des gens, cela semblait être une perte et une humiliation. Aux yeux de Dieu, cependant, c’était leur gloire.
En fin de compte, ces gens ont été glorifiés par Dieu parce qu’ils étaient passés par cette voie de l’humilité, de la patience, de la foi, du refus de la consolation, de l’espoir en Dieu seul et de personne d’autre. En fin de compte, il existe un message que Dieu envoie à travers ces exemples : « N’espérez rien d’autre que Dieu ! Que votre espoir soit en Lui, en Lui seul et uniquement vous trouverez le réconfort et recevrez la grâce ».
Continuons avec le texte du Psaume 119 : C’est pourquoi j’aime tes commandements plus que l’or, et que l’or fin ! (Ps. 119 : 127). C’est dans tout cela que j’ai découvert que Tes commandements sont la chose la plus précieuse en ce monde : mieux que l’or, les perles et les diamants. Ta parole, Tes commandements sont la chose la plus précieuse. Par conséquent, je Vous aime le plus et je ne penses pas que rien d’autre mérite l’amour, et j’ai découvert que Ton amour surpasse tout autre amour dans ce monde.
C’est pourquoi je trouve juste Tes préceptes, je hais tous les chemins de mensonge. Tes témoignages sont des choses merveilleuses. C’est pourquoi mon âme les garde. (Ps. 119 : 128-129).
Lorsque vous entrez dans un magasin et que vous voyez des choses bonnes et merveilleuses, vous les aimez, vous les regardez un par un en passant tout votre temps, car elles sont si précieuses et étonnantes. N’est-ce pas pareil avec une personne qui ouvre soudainement les yeux de son âme, voit les merveilles de Dieu et les examine ? Vous voyez, que non seulement dans l’Évangile, mais même dans l’Ancien Testament, la parole de Dieu et le Saint-Esprit de Dieu louent la personne qui cherche. Nulle part il n’est dit « Crois et ne cherche pas », bien au contraire nous devons rechercher les œuvres merveilleuses de Dieu. Comme le dit si bien le prophète David dans ce même psaume :

« Avec émerveillement, désir je les ai suivis, explorés, découverts et ai vu à quel point les œuvres merveilleuses de Dieu sont merveilleuses et précieuses. »
La révélation de Tes paroles éclaire ; cela donne de l’intelligence aux simples. J’ouvre la bouche et je soupire, car je désire ardemment Tes commandements (Ps. 119 : 130-131).
Souvenons-nous ici des paroles du Chris t: «Alors, mets dans ton cœur de ne pas penser à quoi répondre, car je te donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire» (Luc 21: 14-15). ). Ne  dites pas : « Laissez-moi m’asseoir et réfléchir comment je vais répondre à cette question.» Le Christ dit que nous ne devrions rien faire et partir sans préparation. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, le Saint-Esprit vous apprendra quoi dire. C’est comme si le Christ disait : « Si vous vous assoyez pour vous préparer, vous gâcherez tout, vous ne le direz pas comme il se doit ! Laissez tout en l’état, comptez sur Dieu et le Saint-Esprit qui vous accordera quoi dire. Sinon, si vous répondez de manière humaine, vous direz peut-être quelque chose de bien, mais cela n’aura pas le pouvoir de la parole de Dieu. En d’autres termes, le psaume dit : « J’ai ouvert la bouche et elle a été immédiatement remplie du Saint-Esprit. J’ai donc répondu en disant ce que j’avais à dire. »
Vous voyez, nous disons beaucoup de choses, mais rien ne se passe. Et quand un seul homme de Dieu parle, avec peut-être une cinquantaine de personnes à l’écoute, tout le monde dit : « Vous savez, ce qu’il vient de dire, il me l’a dit directement ! » « Non, dit un autre. « Il m’a dit ça. » Et ainsi de suite. Tout le monde va penser que l’homme de Dieu lui a parlé. Ce n’était pas le cas, mais le Saint-Esprit est Celui qui laisse tout le monde comprendre ce qu’il a besoin de comprendre pour le moment.
Il m’est arrivé de parler à des gens qui étaient allés voir une personne vertueuse et elles ont dit : « Nous sommes allés là-bas et il a révélé nos pensées devant tout le monde, nous avons donc été offensés.» L’Ancien n’avait jamais cela dans ses pensées, il a juste ouvert la bouche et a prononcé cinq mots que Dieu l’a inspiré. Mais ces cinq mots étaient pour chacun ce dont il avait besoin et chacun a perçu ce qu’il avait besoin de percevoir.  C’était déjà le cas avec les Juifs, quand ils mangeaient de la manne, c’était la même chose pour tout le monde, mais pour chacun, c’était ce dont il avait besoin.
La même chose se passe avec la Sainte Communion. Comme il est dit joliment à un endroit de la Sainte Liturgie, « selon les besoins de chacun » (dans la prière silencieuse du prêtre après la prière du Seigneur). Nous prions le Seigneur pour que la communion du Saint Corps et du Sang du Seigneur puisse devenir pour tout le monde ce dont on a besoin. Pour ceux qui sont dans le besoin, que ce soit pour la satisfaction de ce besoin ; lumière pour ceux qui ont besoin d’illumination ; soutien aux infirmes. Pour tous, que Dieu soit ce dont ils ont besoin. Dieu travaille ainsi et la parole de Dieu agit ainsi.
En d’autres termes, mettez-vous entre les mains de Dieu, comme un enfant s’abandonne dans les bras de sa mère. Ne repoussez pas Dieu, ne vous battez pas contre Dieu qui vous tient dans Ses bras, car vous entendrez alors ce que le saint Apôtre Paul entendit, alors qu’il était le persécuteur, que Dieu tenait dans Ses bras malgré le fait qu’il persécutait les chrétiens. Le jour où Christ se tenait sur le chemin de Paul, persécuteur des chrétiens à cette époque, le Christ lui dit: «Il te serait difficile pour toi de donner des coups de pied contre les aiguillons» (Actes 9: 5).
Il est très difficile de frapper des pointes avec les pieds nus. Imaginez une personne qui frappe une fourche avec les jambes nues. Y a-t-il douleur ou folie pire que cela ?  Ça ne va pas marcher. Il est difficile de résister à l’amour de Dieu, de le repousser quand il vous tient dans Ses bras.
Alors, soyez capables de rester dans les bras de Dieu. Lorsque vous comprenez cela et que vous vous humiliez, alors vous trouverez la paix, calmez-vous, puis prenez une profonde respiration et comptez sur le grand amour et la paix donnés à une personne par la présence de Dieu.
Source : http://www.pravmir.com/the-silence-of-god/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bulletin du mois d’avril 2019 de l’Eglise Orthodoxe à Maurice

 

 

Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration

 

 

Numéro 41, avril 2019

 

 

Salut et Rédemption

La compréhension des premiers chrétiens

 

 

  1. PAUL : LE SALUT EN TANT QUE LIBÉRATION DE L’ASSERVISSEMENT À LA LOI

 

Pour saint Paul, les principaux ennemis de l’humanité sont le péché, la mort et la loi (de Moïse). Ils sont liés les uns aux autres, maintenant l’humanité asservie.

Saint Paul considère la loi comme une sorte de mesure d’urgence fournie par Dieu pour faire face à la crise du péché humain (Gal. 3: 15-29; cf. Rom. 10: 4).

La loi de Moïse était destinée à servir de tuteur (παιδαγωγός) pour préparer le peuple à recevoir le Christ (Gal. 3: 23-26; Rom. 2: 14-15; Rom. 10: 4).

Au lieu de cela, la loi a été traitée par le peuple juif comme un objectif à part entière et elle est ainsi devenue un tyran. Les gens comptaient sur le maintien de la loi pour leur sécurité et ainsi nous pouvons dire que la loi de Moïse, elle-même, est devenue une idole.

La conséquence de l’alliance impie entre le péché et la loi est la règle de la mort. La mort est le produit d’une vie dans laquelle les relations ont été rompues, c’est-à-dire la relation entre l’homme et Dieu a été rompue.

Saint Paul crie: « Misérable que je suis! Qui va me délivrer de ce corps de mort ? » (Romains 7:24).

« Puisque ces enfants ont en commun la condition humaine, lui-même l’a aussi » partagée, de façon similaire. Ainsi, par sa mort, il a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et libérer tous ceux que la peur de la mort retenait leur vie durant dans l’esclavage. » (Héb. 2:15).

Il nous a pardonné toutes nos fautes, il a effacé l’acte (χειρόγραφον) rédigé contre nous qui nous condamnait par ses prescriptions, et il l’a annulé en le clouant à la croix. Il a ainsi dépouillé les dominations et les autorités et les a données publiquement en spectacle en triomphant d’elles par la croix. (Col 2:14-15).

« Vous avez en effet été ensevelis avec lui par le baptême et vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance du Dieu qui l’a ressuscité. » Col 2:12).

 

 

 

 

 

 

 

LE SALUT COMME LIBÉRATION DE L’ASSERVISSEMENT À SATAN, AU PÉCHÉ ET A LA MORT

 

Pour les premiers chrétiens, l’humanité n’est pas une réalité statique et intemporelle. Les êtres humains sont compris en termes de relations ; ils sont en train de devenir des personnes en une relation d’amour de Dieu et des gens qui les entourent.

Le mal est donc ce qui rompt notre communion avec Dieu et interrompt le processus de réalisation de la plénitude de notre humanité en union avec Dieu.

Les Écritures citent trois sources et forces du mal : (1) « Satan », (2) « péché » et (3) « mort ».

Le péché nous asservit à Satan et aussi à la mort.

L’incarnation du Christ, sa vie, ses miracles, son enseignement et finalement sa mort et sa résurrection nous libèrent de Satan, du péché et de la mort.

 

LE SALUT COMME LIBERTÉ ET TRIOMPHE EN CHRIST

 

Le Christ nous a libérés (1) de l’esclavage envers la loi (Galates 5: 1-12), (2) du péché (Romains 6: 14-23) et (3) de la mort (I Corinthiens 15).

« C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme dans cette liberté et ne vous placez pas de nouveau sous la contrainte d’un esclavage. » (Galates. 5: 1).

Les évangiles représentent clairement le triomphe du Christ sur les forces destructrices du mal et de la mort, comme nous le voyons dans sa triple tentation (Matthieu 4: 1-11; Luc. 4: 1-13), en chassant les esprits impurs (Marc . 1:23; 5: 1; 7:24; 9:18), dans la guérison des maladies et la résurrection des morts, dans ses miracles sur la nature, et surtout dans sa crucifixion et sa résurrection.

Sur la croix, nous assistons à un combat intense entre le champion de Dieu, La vie, et son adversaire, la mort.

La mort est vaincue sur son propre terrain. La vie triomphe !

La résurrection est la victoire ultime de Christ au nom de l’humanité contre le péché et la mort et par conséquent le diable.

 

COMMENT L’ÉGLISE A VU LE SALUT ET LA RÉDEMPTION DURANT LES PREMIERS SIÈCLES

 

Salut (σωτηρία) et Rédemption (λύτρωσις)

Dans l’utilisation des premiers écrivains chrétiens, les deux termes sont utilisés ensemble et de manière interchangeable, presque comme des synonymes. Le Christ est « le Rédempteur et le Sauveur des âmes et des corps » (Λυτρωτής και Σωτήρ ψυχών και σωμάτων)

λύτρωσις a deux significations (délivrance ou libération et rachat. Ces deux concepts se retrouvent chez les premiers pères chrétiens comme une délivrance de l’esclavage de la mort et la rédemption de nos péchés. (En d’autres termes, la Rédemption n’a rien à voir avec le paiement d’une rançon au diable ou la tentative de satisfaire la colère et l’honneur d’un Dieu en colère).

σωτηρία (salut) est dérivé du nom σώος (verbe: σώζω) qui signifie « être sain et sauf » ou « bien vivant ». Le salut a un sens de restauration ainsi que de sécurité. L’incarnation de Dieu (l’union de l’humain avec le divin) entraîne la guérison de la nature humaine déchue. Dieu a assumé la nature humaine afin de la guérir.

« Ce qui n’est pas assumé (pris en compte) ne peut pas être guéri » (Saint Grégoire le théologien).

 

CITATIONS DES PREMIERS CHRÉTIENS (2ème siècle). L’INCARNATION DÉTRUIT LA MORT ET APPORTE LA VIE

 Saint Irénée de Lyon

Selon saint Irénée, « la Parole de Dieu fut faite chair afin de détruire la mort et de donner la vie à l’homme ; car nous étions liés par le péché, nous étions nés dans le péché et vivions sous la domination de mort. »

« Christ nous a rachetés par son sang ; il a donné son âme pour notre âme, sa chair pour notre chair ; en répandant sur nous le Saint-Esprit, il a restauré l’union entre l’homme et Dieu; il a fait que Dieu descende vers l’homme par l’esprit et l’homme à venir à Dieu par son incarnation; par sa venue, il nous a donné l’immortalité véritable et permanente en nous unissant à Lui; ces grandes vérités sont la réfutation de toutes les hérésies. »

Pour saint Irénée, la vie signifie avant tout la communion avec Dieu, la participation à la vie de Dieu et, partant, la délivrance du péché.

 

CITATIONS DES PREMIERS CHRÉTIENS (4ème siècle. L’INCARNATION APPORTE LA DÉIFICATION ET LA VIE IMMORTELLE

 

Saint Athanase le Grand

« Le Fils de Dieu est devenu homme pour que nous puissions être divinisés. »

Voyant que tous les hommes périssaient à cause de la transgression d’Adam, sa chair fut sauvée et délivrée avant tous les autres parce qu’elle était devenue le corps du Verbe Lui-même, et nous étions désormais sauvés, n’étant qu’un seul corps avec lui en vertu de celui-ci.

Le Christ est venu « pour qu’il puisse tous nous libérer du péché et de la malédiction du péché, et que tous puissent toujours vivre dans la vérité, être exempts de mort et être vêtus d’incorruptibilité et d’immortalité »

En participant au Christ, nous prenons part au Père ; parce que la Parole appartient au Père.

 

Saint Grégoire de Nysse

Les nobles s’arrêtent devant les humbles sans perdre de leur hauteur, la nature divine s’unit à la nature humaine et devient humaine sans cesser d’être Divine …

C’est la nature de la lumière de chasser les ténèbres et celle de la vie de vaincre la mort. . . La pureté s’est inclinée vers ceux qui ont été souillés par le péché : la vie est revenue pour ceux qui étaient morts, le Guide est venu pour ceux qui s’étaient égarés, afin que les personnes souillées soient purifiées, afin que les morts soient ressuscités, et les vagabonds ramenés dans la bonne voie.

Christ s’unit à notre nature pour que, par son union avec la Divinité, nous puissions devenir divins, être exemptés de la mort et sauvés de la tyrannie adverse. Car son retour triomphal de la mort a inauguré le retour triomphal de la race humaine à la vie immortelle.

 

CONCLUSIONS

 

Les actes de salut de Dieu révèlent son amour pour son peuple (φιλανϑρωπία) ) Christ est à la fois libérateur et rédempteur de la mort et du péché, et sauveur et guérisseur (Σωτήρ) de notre condition déchue. Il accomplit tout cela par son incarnation, sa mort et sa résurrection. Il assume notre humanité déchue, la préserve exempte du péché, lui permet de mourir sur la croix et l’élève à une nouvelle vie, renouvelée, régénérée, transformée et guérie, immortelle, divinisée et glorifiée.

Il a vaincu le péché par son innocence.

Il a vaincu la mort par sa résurrection.

Il a vaincu le diable en nous libérant de son emprise (en tant que pécheurs) en nous offrant la possibilité d’être libérés du péché alors que nous nous unissons à Celui qui est resté sans péché.

Ce faisant, il est à la fois Rédempteur (Λυτρωτής) et Sauveur (Σωτήρ).

Le salut nous vient lorsque nous nous unissons au Christ spirituellement dans la prière – en se soumettant à son amour et à sa miséricorde – aussi bien que physiquement dans la Sainte Eucharistie.

D’après Trisagion Film (USA)

 

 

 

 

 

Divine Liturgie

Chaque dimanche à 9h30

Dimanche 7 avril : St Jean Climaque

14 : Ste Marie l’Égyptienne

21 : Rameaux : PAS DE LITURGIE

(Les prêtres seront absents de l’Ile Maurice)

Vendredi saint 26, à 15h : décoration de l’Epitaphion

à 17h : Lamentations

Dimanche 28 : Grande et Sainte PÂQUE.

 

Eglise orthodoxe de la

Sainte Transfiguration

Grande-Rivière N-O

Ile Maurice

(derrière le garage Bala)

Divine Liturgie

Chaque dimanche à 9h30

Site WEB:

http://orthodoxchurchmauritius.org

 

Père Athanasios, tel.: 57 33 32 53

E-mail: p.athanasios@myt.mu

Père Ian, tel.: 52 57 90 53

E-mail: fr.ian@antiochian.org.nz

Père Jean, tel.: 59 05 70 23

E-mail: klepperbali@gmail.com

Sur la fréquentation des églises

Quand ils sont venus voir le starets (l’Ancien) Kirill Pavlov et ont commencé à dire qu’il y a maintenant beaucoup de monde dans les églises et qu’on peut espérer que la foi s’est renforcée chez le peuple, le père Kirill a demandé de remplir un grand seau d’eau. Lorsqu’ils sont retournés avec le seau, il a dit: « C’est le nombre de personnes qui vont maintenant dans les églises ». Puis il a demandé de verser cette eau … Et quand ils l’ont répandue, il restait trois gouttes dans le seau. Il a dit alors: « Ce sont ceux qui sont en train d’être sauvés maintenant. » Et devant leur étonnement, il répondit: «La plupart des gens vont à l’église avec l’intention de demander. Donne la santé, Seigneur, donne le bien-être financier, donne à la famille, donne aux enfants. Très peu de gens viennent à l’église avec ces mots: Pardonne-moi, Seigneur! Je suis désolé d’avoir péché; Je suis désolé de ne pas t’avoir aimé. Je suis désolé de t’avoir oublié. Et, malheureusement, la plupart de ces mots ne sont pas prononcés. Bien que fréquentant pendant de nombreuses années les églises, ils ne comprennent pas que dans l’église c’est le pécheur repentant qui doit venir avec un visage de pénitence, pas le juste imaginaire, qui pense faire une faveur à Dieu parce-qu’il est venu à l’église. « 

Un enseignement de saint Gabriel de Samtavro (1929-1995)

SUR  LE JUGEMENT DES AUTRES

Je suis un grand pécheur et je suis malade. Si vous voyez quelqu’un commettre un  péché, même s’il se trouve à l’heure de sa mort, ne le jugez pas.  Juger les autres et les dénigrer constituent des blessures profondes  pour l’âme. Le Seigneur affirme : qui es-tu ô homme pour que tu juges à ma place ? Car on vous jugera de la même manière que vous aurez jugé et on utilisera pour vous la mesure dont vous vous serez servis (Matthieu 7 :2).

Juger (les autres) est une manifestation de la bêtise humaine ; cela montre que celui qui juge ne connaît pas encore Dieu et qu’il ne se connaît pas lui-même comme il le faudrait.

Juger est un grand péché car nous nous exaltons nous-mêmes en nous montrant supérieurs aux autres. Tous ceux qui s’exaltent eux-mêmes se rendent abominables devant Dieu. « Celui qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » (Matthieu 23 :1).

Lorsque vous jugez les autres c’est Dieu que vous jugez. Si vous voyez une personne de vie légère ou un ivrogne étendu au sol ne jugez pas parce-que Dieu a permis le développement de leurs passions ; car à travers leurs passions ils devraient trouver un chemin vers Dieu, se sentant impuissants par eux-mêmes de guérir de leurs passions, ils devraient comprendre leur incapacité et leur état misérable, se repentir et se tourner vers le Seigneur.

Mais vous-mêmes, êtes-vous agréables à Dieu ? Cela signifie que le Seigneur dans sa bonté et sa miséricorde refreine vos passions. Sachez que s’ils les libéraient vous tomberiez dans de péchés bien plus graves et vous périrez. C’est pourquoi soyez humbles et prudents. Vous constatez que quelqu’un a péché, mais est-ce que vous avez constaté un peu plus tard qu’il s’est repenti ? Donc ne jugez pas ! Comme le fil qui passe à travers le trou d’un aiguille, ainsi tout homme expérimente le même péché qu’il a jugé chez quelqu’un d’autre.

(The Orthodox Word N° 308 2016)

Saint Gabriel de Samtavro  (1929-1995) est un contemporain. Il est né à Tbilisi en Géorgie qui était à l’époque une république soviétique. Il a vécu toute sa vie en Géorgie. 

Homélie sur le Jugement Dernier

 

Homélie sur le Jugement Dernier par le Père Ambroise Fontrier

Dieu siégera, les livres seront ouverts, le Fleuve de Feu passera devant Lui. Toute l’Histoire humaine sera jugée. Chose vraiment redoutable ! Quel contraste entre le dimanche d’aujourd’hui et dimanche dernier ! Eh bien, oui ! Le jugement existe, pour que je ne m’endorme pas en disant : «Oh ! Quelle importance ceci ? Dieu est bon, II pardonnera. Quelle importance cela…» -et me voilà tombé dans la négligence au lieu d’être dans la vigilance. «Quelle importance !…»
Il y a donc un jugement : soyons vigilants, soyons debout, soyons attentifs pour ne pas rester au-dehors. L’Écriture dit : «Dieu est Lumière, Dieu est Vérité !» Voilà le jugement ! Croyez-vous que nous allons, chacun à son tour, comparaître devant le Seigneur en accusé et attendre que la sentence soit prononcée ? Pas du tout !
Le Jugement durera, disent nos Pères saints, autant que dure la lecture des Six Psaumes aux Vigiles. Tous, nous venons aux Vigiles et nous savons que ces Six Psaumes que nous écoutons en silence, dans l’obscurité éclairée seulement par les veilleuses, durent plus ou moins longtemps. Si l’on est attentif, ils passent assez vite ; si l’on n’est pas attentif, on trouve que c’est long ; mais quelle que soit la perception du temps que nous avons à ce moment-là, voilà ce que durera le Second ou bien le Jugement par excellence.
A proprement parler, nous ne connaissons pas, dans l’Église orthodoxe, de Jugement au sens d’un Deuxième Jugement, ni d’un «Jugement dernier», mais au sens du Second Avènement du Christ. Le Premier Avènement, c’est celui qu’Il a manifesté en naissant de la Vierge. Le Second, celui de Son retour en gloire. La lumière de Dieu pénétrera tous les êtres, absolument tous les êtres, tout notre être et nos actes. Tous les secrets de notre cœur seront révélés, nous n’aurons pas besoin de parler, nous n’aurons pas besoin de nous défendre, ni de faire notre apologie. Dieu [nous baignant] par Sa lumière pénétrante, nous serons, si j’ose ainsi parler, comme transparents ce jour-là. Nous n’aurons pas besoin de langage. Et chacun sera donc jugé ; non que Dieu doive prononcer une sentence… quand l’Écriture dit : «Les livres seront ouverts», imaginez-vous [des livres contenant tout] depuis des millions d’années, des milliards d’êtres ! Combien il faudrait de temps ! Ce n’est pas Six Psaumes, mais des millions de Six Psaumes qu’il faudrait pour qu’ait lieu ce jugement ! Il n’en est pas du tout ainsi ! Faisons donc attention : l’Écriture emploie des mots, des images tirées des choses que nous connaissons. Quels sont donc ces livres ? Mais ce sont nos cœurs ! les livres, ce sont nos cœurs ! Toutes nos actions ne sont-elles pas inscrites dans nos cœurs?  Le Christ n’a-t-il pas dit : «Tout vient du cœur, les bonnes pensées, les mauvaises pensées, tout jaillit de notre cœur. Ce n’est pas ce qui entre par la bouche, dit-Il encore, mais c’est ce qui sort de notre cœur, voilà ce qui souille l’homme».
Alors, «les livres seront ouverts», ce seront nos cœurs qui seront ouverts ce jour-là, et la lumière du Dieu qui est Lumière pénétrera en nous tous à la fois, parce que Dieu est partout présent. Nos œuvres, nous ne pourrons pas les cacher.
Soyons donc comme le fils prodigue, avant que la Lumière de Dieu nous les révèle, sortons-les nous-mêmes au jour, et quand les livres de nos cœurs seront ouverts, qu’il n’y ait rien de mauvais qui soit encore inscrit, mais que tout ait été effacé par la profonde pénitence : celle du fils prodigue, celle de David, celle du bon larron : «Seigneur, Seigneur ! Aie pitié !»
Et ce Fleuve, ce Fleuve de Feu qui coule devant le trône du Seigneur, mais qu’est-ce donc ? Qu’est-ce que ce Feu, sinon l’Amour Divin de Dieu, l’Amour éternel ! Voyez le feu ! Il purifie les métaux précieux et les rend encore plus précieux. On jette l’or dans le creuset, dans le feu et il devient limpide, il devient pur ; jetons du bois dans le même feu, le bois est dévoré, réduit en cendres.
Tel sera donc, dans ce fleuve de feu qui est la miséricorde, ce fleuve de feu qui est l’Amour éternel de Dieu pour toute sa créature, dans ce fleuve seront jetés tous les êtres. Ceux qui auront eu la Foi juste et les œuvres justes, seront encore plus resplendissants. Ceux dont les œuvres n’auront pas été justes, dont la Foi n’aura pas été juste et les œuvres mauvaises, seront consumés. L’Écriture dit encore : «Dieu est un feu dévorant». Il purifie l’or et consume le bois. Voilà donc cet enfer ou ce paradis : ceux qui seront dans ce Feu de l’Amour de Dieu chanteront : «Dieu de nos Pères, Tu es béni !» Et ceux qui auront refusé ce Fleuve de Feu, cet amour de Dieu, par leurs mauvaises œuvres et leur manque de foi, ne pourront pas même dire ce jour-là -et que Dieu nous garde !- «Seigneur, aie pitié de moi !» Ils ne pourront plus le dire, il sera trop tard.
Vous voyez alors que, même quand nous parlons de jugement et de justice de Dieu, il s’agit encore d’un aspect de l’amour de Dieu pour les êtres qu’il a créés. Ce Jour-là, toute l’Histoire prendra fin ; dans ce fleuve de feu , tout ce que nous avons fait en Christ sera gardé pour la vie éternelle. Tout ce qui a été fait sans le Christ sera voué à la destruction. Que Dieu nous garde dans la vraie confession de Foi et dans les vrais actes qu’implique la vraie confession ! Puissions-nous être dignes d’entendre cette voix : «Venez ! Vous tous les bénis de mon Père, héritez du Royaume que je vous ai préparé avant tous les siècles !»

Source:http://orthodoxie-libre.actifforum.com/t35-sur-le-jugement-dernier