L’anarchiste avec une crête verte.

L’anarchiste avec une crête verte. Histoire de la guérison d’une âme sur la Sainte Montagne

Cela s’est passé au monastère de Vatopaidi, alors que le staretz Joseph « le Jeune» y vivait encore. C’était fin novembre. Je remplissais alors l’obédience d’hôtelier. À l’époque, il y avait des conflits à l’Université polytechnique d’Athènes entre les étudiants et la police. Certains étudiants anarchistes voulurent se cacher des autorités et ils se déplacèrent vers le Mont Athos. L’un d’eux, anarchiste qui arborait une crête verte, avait un oncle qui était moine au monastère d’Esphigmenou. Ce jeune homme suggéra que tout le monde s’y rende pendant un certain temps.
Naturellement, ils n’avaient aucune permission pour visiter l’Athos. [1] Ils n’avaient même aucune idée de la façon dont ils y arriveraient. Ils essayèrent de voyager sur un navire mais ils furent expulsés. Ensuite, ils décidèrent d’y aller à pied.
Finalement, ils atteignirent Esphigmenou. Il faut dire que c’est un monastère très strict, et donc, lorsqu’ils virent ce groupe de jeunes avec des tempes rasés et des boucles d’oreilles dans leurs oreilles percées, ils les expulsèrent. Tenant à peine debout à cause de la fatigue, le soir, ils arrivèrent à Vatopaidi. Le portier s’était déjà préparé à fermer les portes du monastère quand il vit ces enfants. Naturellement, il fut aussi effrayé par leur apparence sauvage : vous ne verrez pas trop de gens de ce type sur le Mont Athos. Il fut obligé de parler d’eux à l’higoumène.
« Père, que dois-je faire avec eux ? Dois-je les renvoyer ? Mais où iront-ils ? Où iront-ils passer la nuit ? Après tout, tous les monastères se ferment à présent pour la nuit ! »
Le Père a répondu : «La Mère de Dieu nous les a amenés. Mettez-les seulement dans une seule pièce, et ne laissez pas les autres pèlerins les voir. Et surveillez-les. »
J’étais l’hôtelier et je veillai à ce qu’ils soient installés dans leur chambre. Pour moi, ils semblaient effrayés, surpris par la situation qui les entourait, et épuisés de leurs nombreuses heures de marche. Lorsque les étudiants se furent un peu reposés, ils furent emmenés au réfectoire pour reprendre quelque force. Les moines parlèrent avec eux pendant un court moment et ils dirent qu’ils devaient partir le lendemain, car le monastère ne recevait les pèlerins que pour une nuit. L’higoumène a dit aux jeunes hommes que Dieu est amour, et que peu importe ce qu’ils avaient fait dans leur vie, ils pouvaient encore se repentir.

Le lendemain, celui avec la crête verte m’a dit : « Père, j’aimerais rester ici un autre jour. C’est possible ? »
Les autres ne voulaient pas rester. J’ai demandé à l’higoumène une bénédiction et il a permis au jeune homme de rester un autre jour, mais il était censé mettre un chapeau afin que les pères et les pèlerins ne soient pas scandalisés par son apparence.

Pierre, cet étudiant aux yeux verts se nommait ainsi, est resté deux jours, puis un troisième. Un jour pendant les services du soir, j’ai entendu pleurer fort dans le narthex de l’église, même pas pleurer mais une lamentation. Je suis allé découvrir ce qui se passait et j’ai vu Pierre dans le narthex, pleurant à genoux.
Je me suis approché de lui et j’ai demandé ce qui s’était passé. Je pensais que quelqu’un l’avait blessé.
« Non, rien ne s’est passé, » a-t-il répondu. « Père, je veux parler avec toi »
Après la fin des Vêpres, nous avons quitté l’église.
« Père, le salut est-il possible aussi pour moi ? »
« Pierre, il est possible que tous soient sauvés. Le larron sur la croix s’est repenti et le Christ l’a sauvé ».
Alors Pierre s’est ouvert à moi. Il m’a dit que sa famille s’était séparée ; Son père battait sa mère, et c’était vraiment pénible pour Pierre de voir cela. À l’âge de douze ans, il quitta son domicile, vécut dans les rues du quartier de l’Exarchia, fut embrigadé par les anarchistes, commença à prendre de la drogue et tomba dans toutes sortes d’autres péchés graves. Sa vie n’était qu’un long stress.
En dépit de tout cela, l’âme du jeune homme était belle.

Frères, je vous dis cela afin que nous ne nous détournions pas du pire pécheur ! Parce que le Seigneur « rassemble » vers Lui ceux dont nous nous détournons. Nous faisons une grande erreur lorsque nous nous nous considérons comme meilleurs qu’eux. Le staretz Païssios a déclaré que, au Jugement Dernier, nous serons tous très surpris, parce que ceux que nous prévoyons voir dans le paradis n’y seront pas trouvés, et ceux dont nous n’avions aucune idée de voir là-bas, nous les verrons dans le Royaume des cieux. Que cela ne nous arrive pas ! Nous souhaitons que tous soient sauvés et espérons que grâce à l’amour du Christ, nous serons sauvés.
Après ce changement chez Pierre, qui arriva par les prières de la Mère de Dieu, nous lui avons dit qu’il devait se confesser. À la confession, il a été saisi d’une telle contrition qu’une flaque de larmes se forma sur le sol sous lui.
Pierre resta dans le monastère pendant une bonne période. L’higoumène lui dit qu’il devait au moins couper sa crête. Mais Pierre répondit : « Non, je ne vais pas la raser avant d’être arrivé à la ville afin que les gars ne disent pas que les moines me l’ont rasée. Quand je retournerai dans le monde, je la couperai moi-même. »
Alors il s’est déplacé dans le monastère avec un bonnet sur la tête.

Pierre a quitté le monastère et a commencé à vivre une vie spirituelle. Il est revenu ici une fois, avec alors une apparence différente et normale. Puis il disparut.
Nous savions qu’il n’avait pas vu sa mère depuis le jour où il était parti de chez lui, qu’il ne lui avait jamais rendu visite, et nous essayâmes de réparer les relations de Pierre avec sa mère. Nous avons cherché son numéro de téléphone et l’avons appelée, lui racontant tout. Sa mère avait perdu tout espoir de le voir de nouveau en vie et elle fut très touchée par notre histoire. Pour nous, ce fut un événement très joyeux.

Deux ans après ces événements, plusieurs autres pères et moi-même, avons assisté à une fête d’église dans un autre monastère sur le Mont Athos. Avec nous était le bienheureux Métropolite Grégoire de la ville de Castoria. Son Eminence nous dit de ne dire à personne qu’il était évêque : il ne voulait pas qu’on lui manifeste un honneur spécial, ou que les frères du monastère se mettent en peine pour lui.
Nous sommes venus au monastère, et nous avons apporté les friandises Athonites traditionnelles. Lorsque nous étions prêts à repartir pour notre monastère, un moine s’approcha de moi et me demanda : « Père Niphont, ne me reconnaissez-vous pas? »
Je l’ai regardé et j’ai dit : « Non, je ne te reconnais pas ».
« Regarde un peu plus attentivement. »
Et qu’est-ce que j’ai vu ? Ces grands yeux verts qui me regardaient ! C’était Pierre.
Pierre était devenu novice de ce monastère du Mont Athos. Bien sûr, nous nous sommes embrassés avec joie. Nous étions tous deux émus jusques aux larmes ! Je remercie la Très Sainte Mère de Dieu pour ses grandes bénédictions et ses grands miracles accomplis pour nous ! Je vous ai seulement parlé de l’un d’entre eux. Pour nous, son changement de vie était un véritable miracle.

[1] Les visiteurs du Mont Athos doit d’abord recevoir l’autorisation officielle de l’administration monastique de la Sainte Montagne avant leur arrivée.

Version française Claude Lopez-Ginisty dans son excellent site « Orthodoxologie » :
http://orthodoxologie.blogspot.fr/

 

Une parabole orthodoxe sur le divorce

PARABOLE SUR LE DIVORCE

Une fois, une femme est venue voir un starets (un moine ancien qui peut donner des conseils spirituels) et lui a dit : «Tu nous as marié mon mari et moi il y a deux ans. Et maintenant, divorcez-nous. Je ne veux plus vivre avec lui ».
– Quelle est la raison de votre désir de divorcer ?  Demande le starets. Et la femme s’explique :

– Tous les maris rentrent à la maison à l’heure, mais mon époux est constamment en retard. Pour cette raison, nous nous disputons tous les jours.

Le starets fut surpris et demanda :
– Est-ce la seule raison ?
– Oui, je ne veux pas vivre avec un homme avec un tel désavantage – répondit la femme.
– Je vais vous accorder le divorce mais à une condition. Rentrez chez vous maintenant, préparez un gros pain savoureux et apportez-le-moi. Mais quand vous allez faire votre pain, ne prenez rien de ce qui se trouve dans votre maison ! Demandez à vos voisins le sel, l’eau, les œufs la farine. Et expliquez-leur bien le motif de votre demande », précisa le starets.

La femme rentra chez elle et se mit au travail.
Elle alla chez sa voisine et lui dit:
– Ma voisine, prête-moi un verre d’eau.
– N’as-tu pas d’eau à la maison? N’y a-t-il pas un puits creusé dans la cour ?
«Il y a de l’eau, mais je suis allée me plaindre auprès d’un starets et j’ai demandé le divorce ».              Et aussitôt qu’elle eut fini, la voisine poussa un grand soupir: – Ah, si tu savais comment est mon mari !Et elle a commencé à se plaindre de son époux.

Ensuite, la femme est allée chez une autre voisine pour demander du sel.
– Êtes-vous à court de sel et  vous ne demandez qu’une seule cuillère?
«Il y a du sel, mais je me suis plaint à mon starets au sujet de mon mari, j’ai demandé le divorce», dit la femme, et avant qu’elle ne puisse finir, la voisine s’exclama:
«Oh, si tu savais comment est mon mari! – et elle a commencé à se plaindre de son époux.

Ainsi, cette femme venue demander divers ingrédients, a entendu de la part de toutes ses voisines  des plaintes concernant leurs maris.

Finalement, elle a pu cuire un grand pain savoureux et elle l’a apporté au starets et le lui a donné avec ses mots: – Je vous remercie, goûtez à mon travail. Seulement je ne veux plus divorcer de mon mari.
– Pourquoi, qu’est-ce qui s’est passé, ma fille ? lui a demandé le starets.
– Mon mari s’avère être le meilleur ! Lui a-t-elle répondu.

Orthodoxe Parables and Stories

Bulletin du mois de mars 2019 de l’Eglise Orthodoxe à l’Ile Maurice

 

 

Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration

 

 

Numéro 40, mars 2019

 

 

Les quatre dimanches qui précèdent le Carême, – qui tombent dans la période du Triode, d’où son nom – de même que les dimanches du grand Carême, ont chacun une signification particulière qui concerne des aspects importants de l’Église. D’une manière simple je décrirai chaque dimanche et sa signification. Les dimanches du Triode sont axés sur la pénitence, le repentir, le Jugement dernier et l’expulsion du paradis :

Le premier dimanche [qui tombe cette année le 17 février] s’appelle le Dimanche du Publicain et du Pharisien, il nous apprend dans quelle attitude le repentir doit se faire. Nous voyons le Pharisien se glorifier de ses  œuvres de justice et Dieu le rejette à cause de son orgueil. Le Publicain, lui, avec un cœur contrit implore humblement le Seigneur et Celui-ci le justifie malgré ses péchés. Voici un chant de l’office qui illustre cela :

Frères, ne prions pas comme le pharisien. Car celui qui s’élève lui- même sera abaissé. Abaissons-nous devant Dieu, en implorant par le jeûne comme le douanier (le publicain). Dieu Tu pardonneras nos fautes. (Vêpres du Samedi)

Le deuxième dimanche du Triode (donc le 24 février cette année) est celui du Fils prodigue. Le fils prodigue est chacun de nous. Tous nous sommes pécheurs et la pénitence nous attend. Après une vie dissipée dans le péché, retournons vers le Père de miséricordes.

Kondakion de ce dimanche: « J’ai délaissé insensé, la gloire paternelle et dissipé dans les vices le trésor qui me fut confié. Par la voix du prodigue je crie vers Toi: j’ai pêché contre Toi, ô Père des miséricordes, accueille-moi pénitent et traite-moi comme l’un de Tes serviteurs. »

Le Triode se termine avec la semaine qui suit le dimanche du Jugement dernier (dimanche du carnaval, 03 Mars, dernier jour où l’on mange de la viande avant le Grand Carême), – image de notre vie qui nous amène à ce jour redoutable. Dieu est un Père plein de miséricorde et Il est également un juste Juge. Nier un de ces deux aspects équivaut à ignorer l’Écriture sainte et nos hymnes sacrées que nous chantons ce dimanche-là :

Quand je considère l’heure du Jugement et du terrible avènement du Maître qui aime l’homme, je tremble et j’appelle, très juste Juge. Tu recevras mon repentir, par l’intercession de la Mère de Dieu.

Kondakion: « Ô Dieu quand Tu viendras en gloire sur la terre, toute la création tremblera, un fleuve de feu coulera devant Ton tribunal. Les livres seront ouverts et les choses cachées dévoilées. Alors, délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de Ta droite, ô Juge équitable. »

Enfin le dernier dimanche avant le Carême (le 10 Mars) le dimanche des laitages ou encore de l’Expulsion d’Adam ou encore dimanche du Pardon, traite de l’expulsion du paradis. La rupture du jeûne (Tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre), eût pour conséquence l’expulsion, mais il nous reste une seconde chance par le jeûne du Carême. Ce dimanche est le dernier jour où l’on peut manger des laitages avant le Grand Carême qui débute le soir même.

Aux vêpres de ce dimanche (en pratique juste après la Divine Liturgie) on effectue le rituel du pardon devant le prêtre après avoir vénéré l’icône de ce dimanche et puis les fidèles doivent se pardonner mutuellement. On dit également la prière de Saint Ephrem qui sera reprise tous les jours du Grand Carême (sauf les samedis et dimanches):

Seigneur et maître de ma vie, ne m’abandonne pas à l’esprit d’oisiveté, d’abattement, de domination et de vaines paroles.

Mais accorde-moi l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et d’amour, à moi ton serviteur. Oui, Seigneur mon Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

Les dimanches du Carême ont pour sujet des thèmes fondamentaux de l’Église. Le premier dimanche (le 17 mars) est celui du Triomphe de l’Orthodoxie et du rétablissement des saintes icônes, célèbre la victoire de la vraie foi, en parole et en image sur les hérésies. Pourquoi ce dimanche figure au début du Carême et non à la fin ? Parce que la saine doctrine est la base de toute vie spirituelle authentique.

Le second dimanche est celui de saint Grégoire Palamas. Saint Grégoire a parfaitement défini, comme porte-parole des hésychastes et de toute l’Orthodoxie, l’expérience de la vie spirituelle sans laquelle la doctrine resterait morte. La nature divine est inconnaissable, mais nous communions à ses énergies qui ne sont pas créées mais sont des manifestations de Dieu, dit-il en substance.

Le troisième dimanche est celui de la vénération de la sainte Croix qui est au centre du Carême de même que le mystère de la Croix est au centre de notre foi et autour duquel gravit l’économie du salut.

À saint Jean Climaque est dédié le quatrième dimanche. Saint Jean est pris comme modèle du maître de la vie spirituelle. C’est lui qui par ses écrits nous enseigne comment arriver à l’expérience de Dieu. Si saint Grégoire décrit le but, saint Jean indique le chemin.

Le cinquième et dernier dimanche (le 14 Avril) commémore sainte Marie l’Égyptienne. C’est elle qui par sa vie montre la réalisation de ce que les maîtres enseignent. La vie et l’exemple l’emportent sur la parole. C’est pour cela qu’elle est mise en dernier pour achever le cycle.

Le Carême finalement débouche sur la passion et la résurrection du Christ.

+Père Lazare (Ile de la Martinique)

 LA DIVINE LITURGIE (A MAURICE) A LIEU CHAQUE DIMANCHE A 9h30

Adresse:  Eglise Orthodoxe de la Sainte Transfiguration

Grande Rivière N-O

derrière le garage Bala

Site web: http://orthodoxchurchmauritius.org

 

Le publicain et le pharisien dans le train

Le triode du Grand Carême débute avec le dimanche du Pharisien et du Publicain qui tombe cette année 2019 le 17 février. L’histoire suivante s’est déroulée il y a peu de temps dans un train reliant Moscou à la bourgade de Petushki située à 120 km vers l’est.

Une personne (dénommée Mikael) a récemment [l’année dernière]  posté une nouvelle dans un réseau social qui a été instantanément reprise par beaucoup. L’histoire est la suivante (en laissant de côté les gros mots):

«J’étais dans le train électrique entre Moscou et Petushki. Tout à coup, un vagabond entra dans la voiture, tout meurtri, le visage bouffi et boursouflé. Il avait environ trente ans. Regardant autour de lui, il dit : «Vous tous mes chers, je n’ai rien mangé depuis trois jours. Je suis honnête. Je ne veux pas être un voleur parce que je ne pourrai pas fuir si on  essaie de m’attraper. Mais j’ai tellement faim ! Donnez-moi autant d’argent que vous pouvez. Ne regardez pas mon visage;  J’avoue que je bois beaucoup. Et l’argent que vous me donnez, je le dépenserai aussi pour boire ! » Puis il se déplaça le long du compartiment du train.

Ici, en Russie, les gens sont très généreux. Ils ont rapidement collecté environ cinq cents roubles (environ 7 euros). Le clochard s’arrêta au bout du compartiment, se retourna face aux gens, s’inclina et dit: «Merci! Que Dieu vous accorde le salut à vous tous ».

Un homme à l’air méchant, assis à la fenêtre à l’arrière du compartiment – il ressemblait à un scientifique et portait une paire de lunettes – éclata de colère soudain en hurlant vers le vagabond: «Toi, l’ imbécile! Tu mendies, tu demandes de l’argent ! Et moi je n’ai pas assez d’argent pour nourrir ma famille. Et si j’avais été viré il y a peu ?! Je ne suis pas un mendiant comme toi ».

Après avoir entendu tout cela, le clochard a sorti de ses poches tout ce qu’il avait réussi à recueillir ce jour-là (environ deux mille roubles, billets et pièces de monnaie) et a tendu la main pour donner l’argent à l’homme :

« Prenez le. Vous en avez besoin. »

« Quoi ? » Répondit l’homme abasourdi.

« Prenez le. Vous en avez plus besoin que moi. Les gens sont très gentils ! » a insisté le clochard, il lui a remis l’argent dans ses mains, puis il s’est retourné pour quitter le wagon.

« Toi, arrête-toi maintenant ! » Cria l’homme qui se leva aussitôt de son siège avec l’argent entre ses mains. Il a suivi le vagabond. Les gens dans tout le compartiment étaient tous silencieux. Durant les cinq minutes suivantes, nous avons écouté attentivement leur dialogue dans le vestibule du train . L’homme criait que les gens étaient pourris, alors que le clochard était convaincu que les gens étaient généreux et merveilleux. L’homme a essayé de rendre l’argent au clochard mais il ne l’a pas accepté. Finalement, le clochard est allé plus loin dans le train et l’homme est resté seul dans le vestibule. Il semblait hésiter à retourner à sa place. Il a allumé une cigarette.

Le train est arrivé à une gare. Des passagers sont montés et descendus du train. L’homme a éteint la cigarette, est revenu et a repris place à la fenêtre. Personne ne lui prêtait une attention particulière : le compartiment vivait sa propre vie. Le train est arrivé à certaines gares ; certains passagers sont descendus et d’autres sont entrés.

Nous avions passé cinq stations et le train approchait de la mienne. Je me suis levé et me suis dirigé vers la sortie. En passant, j’ai jeté un coup d’œil à l’homme. La tête tournée vers la fenêtre, l’homme malveillant était assis là à pleurer.

Il aurait été préférable que nous laissions une histoire comme celle-ci (et je crois que c’est une vraie histoire) sans aucun commentaire. Mais le dimanche du publicain et du pharisien peut être un motif de réflexion sur ce qui s’est passé dans cette histoire. Dans la parabole que nous entendons à la Divine Liturgie le dimanche du publicain et du pharisien (Luc 18: 10-14), le Seigneur rejette intentionnellement les stéréotypes existants sur le bien et le mal, sur ceux qui sont bons et ceux qui sont méchants. Et c’est certainement pour une raison bien précise que les personnages de la parabole sont deux individus diamétralement opposés dans leurs vues morales. Pour la société, le pharisien est un homme parfaitement juste, car il est parfaitement conscient des aspects les plus subtils de la loi et sait comment s’y conformer. Le publicain est définitivement un pécheur, un pécheur par définition, car il doit travailler pour un gouvernement oppressif ; profitant de cet avantage honteux, il prend illégalement de l’argent à ses compatriotes. Reprenant cela, le Christ dirige notre attention sur deux points. Premièrement, ce n’est pas une obéissance méticuleuse à la loi, mais une vision du monde adéquate des choses qui est le fondement de la justice véritable. Par conséquent, un mode de vie pécheur peut rendre un individu juste pour le Seigneur (à condition que l’individu rejette le péché, bien sûr) ; ou bien  au contraire, une vie apparemment juste peut conduire à une barrière presque insurmontable entre l’homme et le Seigneur, lorsque l’homme ignore la véritable source de la justice et grandit dans sa complaisance de soi. La deuxième conclusion à laquelle nous parvenons est morale. Nous devons éviter tout type de jugement : le simple fait de penser à juger ne nous donne aucune chance de connaître la vérité, elle est trop superficielle. Cela équivaut à notre tentative d’imaginer la taille d’un iceberg par son sommet surplombant l’eau.

Cette histoire dans le train illustre parfaitement la véracité de la parabole du Christ concernant l’homme contemporain : elle dévoile les faux stéréotypes et nous conduit à des conclusions morales. Comment la société a-t-elle considéré l’homme méchant qui hurlait envers le vagabond ? C’était un homme qui ne montrait aucun signe de péché – un homme d’âge moyen bien habillé, il ne semblait être ni un buveur ni un mendiant. Nous ne pouvons pas le comparer avec le clochard, qui a passé toute sa jeunesse à boire et qui a ensuite sombré dans la mendicité. Ce vagabond n’avait même pas honte de dire qu’il n’était pas un voleur, car il serait incapable de fuir et qu’il gaspillerait l’argent que les gens lui donneraient dans l’alcool. Quel pécheur !

Ne négligeons pas le fait que nous, chrétiens, nous faisons parfois des jugements similaires ! Par conséquent, ce qui est arrivé dans l’histoire devrait être une leçon pour nous, avant tout. En fin de compte, les passagers se sont émus pour le clochard meurtri, qui se comportait plus justement que l’homme qui                        « ressemblait à un scientifique et portait une paire de lunettes ». Mais pourquoi s’est-il comporté de la sorte ? Je crois que nous pouvons trouver un indice à partir du comportement du « publicain » de ce train à travers ses propres mots. Apparemment, il réalise à quel point il est esclave de sa passion. Il se rend compte qu’à ce moment précis il ne pourrait pas résister à la tentation. Il en parle ouvertement et franchement. Néanmoins, les passagers sympathisent avec lui et lui donnent de l’argent, ce qui ne peut que lui inspirer un sentiment de gratitude. Dans son cœur, la gratitude portait la réponse révélée par sa miséricorde désintéressée. De plus, il était conscient que « les gens étaient généreux et merveilleux », que la prochaine fois, ils lui donneraient aussi de l’argent ! Le         « méchant homme » ressemble plus au pharisien, ce qui est révélé par ses propres mots, pleins de complaisance apparente et de condamnation sévère du mendiant.

Que Dieu nous préserve de juger qui que ce soit! Nous ferions mieux de nous demander si nous nous comportons comme un « homme à l’air méchant ». Avant de crier sur le clochard, il a fallu que le clochard arrive au bout du compartiment. Seul Dieu sait combien de personnes parmi celles qui n’ont pas donné d’argent au clochard l’ont jugé, mais elles n’ont pas osé crier après lui. Combien d’entre eux l’ont jugé sans même lui donner un centime. Ce faisant, ils se sont privés de la possibilité de prendre part à l’acte de miséricorde que le clochard allait bientôt accomplir. J’espère qu’au moins l’un d’entre eux a appris la leçon et a fait la promesse à Dieu et à lui-même qu’il ne jugerait plus jamais personne.

Je suppose que le pharisien est celui qui a appris la leçon la plus précieuse de l’histoire. Ce que le vagabond a fait impressionne même ceux qui viennent de lire cette histoire, sans parler de celui à qui le vagabond a fait miséricorde. La larme qui coule sur sa joue à la fin de l’histoire prouve la vérité du Christ: le bien triomphe du mal. Ce doit être la conclusion principale à laquelle nous devrions arriver pour lire cette histoire étonnante, moderne et vraie.

Demain, je voyagerai de Moscou à Petushki. Qui veut venir avec moi ?

P. Dimitry Vydumkin

 

http://orthochristian.com/119382.html

L’encensoir

encensoir

L’encensoir :

Un encensoir se compose d’une moitié inférieure et d’une moitié supérieure. La moitié inférieure représente la terre tandis que la moitié supérieure représente les cieux. Le charbon qui se trouve dans la moitié inférieure représente tous les pécheurs. Le feu qui brûle de l’encens symbolise le Saint-Esprit qui fait briller le charbon. La fumée provenant de la combustion de l’encens représente la Sainte Trinité et, à mesure que la fumée s’élève, elle représente nos prières s’élevant vers le ciel. L’encensoir a trois à quatre chaînes qui ont douze cloches. Les chaînes symbolisent la Sainte Trinité. La première chaîne représentant Dieu le Père, les deuxième et troisième chaînes représentent la double nature de Dieu le Fils et la quatrième chaîne représente Dieu l’Esprit. Les douze cloches sur ces chaînes symbolisent les douze apôtres. Les chaînes contiennent soixante-douze liens qui symbolisent les soixante-douze évangélistes.