Le carême de Noel

LA TRADITION DU JEÛNE ET DE L’ABSTINENCE PENDANT LE CARÊME DE NOËL OU AVENT

Le carême de la Nativité, appelé également « carême de Noël », « carême de saint Martin » (à cause de la fête de saint Martin le 11 novembre) ou « carême de saint Philippe » (à cause de la fête du saint apôtre Philippe le 14 novembre), est un temps de préparation physique et spirituelle pour accueillir le Verbe incarné. Il appartient à la tradition ancienne de l’Eglise universelle. Il dure quarante jours et a toujours une date fixe : du 15 novembre ou 25 décembre. On commence le soir du 14 novembre, mais si ce jour est un mercredi ou un vendredi on commence le 13 au soir.

C’est un carême plus léger que les autres. Nous nous abstenons de viande, d’œufs et de fromage. Le lundi, le mercredi et le vendredi on s’abstient de vin et d’huile. Mardi et jeudi on prend du vin et de l’huile ; le samedi et le dimanche on prend du poisson, de l’huile et du vin. Le poisson est consommé seulement jusqu’à la fête de saint Nicolas (6 décembre) inclus.

La veille de Noël on mange seulement le soir des céréales, des fruits et des légumes. Le jour de Noël, quel qu’il soit, on rompt tout jeûne et toute abstinence.

Le 21 novembre, mémoire de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple, on mange du poisson. Il en est de même les lundis, mercredis et vendredis, s’il y a une fête.

Pendant le carême de Noël, on ne célèbre pas de mariage.

Pendant cette période, nous pouvons lire davantage la Parole de Dieu. Nous pouvons prier davantage. Nous pouvons nous confesser plus souvent. Nous pouvons nous exercer à être miséricordieux avec notre entourage humain et avec toutes les créatures. Nous nous préparons ainsi au grand mystère de Noël : Dieu devenu un être humain parmi d’autres, assumant tout ce qui est humain, et habitant parmi les humains pour changer son monde de l’intérieur et le sauver.

Source: https://www.sagesse-orthodoxe.fr/

Sur le jugement particulier à l’heure de la mort

 

Extraits de 2 homélies données par l’Ancienne Makrina, Supérieure du monastère de la Panagia (la Toute Sainte), Portaria, Volos, Grèce. (+1995).

(…) nous qui devons énormément à Dieu est-ce que nous n’aurons pas à rendre compte avec précision de nos actes ? Le Seigneur veut que nous soyons droits en tout et Il va nous demander ce qu’il en a été le jour du jugement. Tout ce que nous avons fait de bien a été donné par Dieu et tout le reste – la désobéissance et le désordre- vient du mauvais. Quand nous aurons à passer à travers les « péages »1, le mauvais (le diable) va nous montrer tous les péchés que nous avons commis. Nous verrons notre vie se dérouler comme dans un film et nous verrons toutes nos erreurs. Soyez très prudents concernant les conversations, la colère, les mots qui sont durs, le fait de se plaindre. Que votre esprit (votre âme) soit le Ciel, votre cœur le trône de Dieu et votre bouche une église. Gardons le précepte de l’Evangile qui dit : « ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés » (Mathieu 7 :1). Celui qui garde ce précepte ne sera pas jugé et ira directement vers Dieu. Il n’aura pas à passer à travers « les péages » pour rendre compte de tout. Dieu ne le jugera pas.

Enfin toute chose supplémentaire que nous faisons quand nous sommes seuls sera versée à notre « capital » spirituel. Toute prière, lecture ou bien quelques prosternations que nous aurions faites. Disons une petite prière avec des larmes quand nous sommes seuls et tout ceci sera pris en compte (dans notre « capital » spirituel). Et quand l’heure de notre mort se présentera, nous prendrons avec nous nos petites économies (spirituelles) et les démons se tiendront loin de nous. Notre Ange Gardien nous recevra joyeusement…Les démons nous regarderont de loin, et lorsqu’ils ouvriront le livre de nos vies ils n’y trouveront rien qui puisse nous accuser. Ce qu’ils diront ne sera que mensonge et nous monterons vers notre Créateur sans aucun empêchement. Aussi soyons prudents : agissons selon la volonté de Dieu.

 1[L’enseignement des Péages aériens (appelés aussi « télonies », du grec: τελωνεία / telonia, douanes), concerne le voyage de l’âme après sa séparation du corps, et est lié au jugement particulier. Dans sa forme la plus générale, cet enseignement illustre l’idée selon laquelle, après la mort, les démons essaient de retenir l’âme et de l’entraîner en enfer, tandis que les âmes et les prières des vivants défendent l’âme et l’aident à s’élever. L’issue du voyage, si l’âme parvient à s’élever jusqu’au Paradis ou si l’âme est prise par les démons, dépend de l’état de celle-ci au moment de la mort. Voir :https://fr.orthodoxwiki.org/P%C3%A9ages_a%C3%A9riens]  (Cet enseignement est celui pratiquement de tous les Saints et Pères de l’Eglise orthodoxe aussi bien contemporains que ceux du passé…).

Source : « The Departure of the Soul ». St Anthony’s Greek Orthodox Monastery (Arizona). 2017; First Edition. www.thedepartureofthesoul.org

Les Saints Pères : sur la maladie (6)

 

La maladie et le travail de la perfection.

 

Le Père du désert, saint Dorothée de Gaza (VIème siècle), exhorte ses disciples à « prendre la peine de savoir où ils se trouvent : avez-vous quitté votre ville ? Mais (peut-être) que vous êtes encore juste à l’extérieur des portes de votre ville ! Est-ce que vous restez près de la décharge des ordures ? Ou bien vous avez avancé un peu dans votre voyage, ou même beaucoup, ou bien vous êtes encore à mi-chemin, vous avez peut-être parcouru deux milles, puis vous êtes revenus en arrière de deux milles, voire de cinq milles, ou bien vous avez voyagé jusqu’à la Ville Sainte et que vous êtes entrés dans Jérusalem, ou bien vous êtes restés à l’extérieur (de Jérusalem) et que vous ne pouvez pas entrer « (sur la vigilance et la sobriété).

 

La maladie nous aide à voir «où nous sommes» sur le chemin de la vie : «La maladie est une leçon de Dieu et sert à nous aider dans notre progrès si nous Lui rendons grâce» (Sts. Barsanuphe et Jean de Gaza VIème siècle, Philocalie) ; « car la seule règle que nous devons observer est de supporter chaque maladie avec gratitude, car elle nous est envoyée à cause de nos péchés » (Saint Jean Chrysostome, Homélie 38 sur Saint-Jean).

 

Personne ne peut utiliser la maladie comme excuse pour se reposer du travail de la vie spirituelle. « Peut-être que certains pourraient penser que la maladie et la faiblesse corporelle entravent le travail de la perfection, car les œuvres et les accomplissements de ses mains ne peuvent pas continuer. Mais ce n’est pas un obstacle » (saint Ambroise, Jacob et la vie heureuse).

 

Dans la vie du moine Jean, disciple de Saint Nil de la Sora (XVème siècle), on voit comment l’infirmité corporelle n’est pas une raison pour interrompre la lutte pour le salut. Le moine Jean était handicapé ; à cause de cela, il avait été obligé de quitter le monastère de Saint-Cyrille du nouveau lac. Se sentant attristé pour lui-même, il a passé (dans la prière) une veille toute une nuit au cours de l’hiver. « Soudain, il vit un Ancien inconnu vêtu de l’habit monastique sortir de l’autel et lui dire : Eh bien, apparemment, vous ne voulez pas me servir. Si c’est le cas, retournez à Saint-Cyrille ».

« À ces mots, l’Ancien l’a frappé avec sa main droite fortement sur l’épaule. Notant que l’Ancien ressemblait exactement à St. Nil comme il est représenté sur l’icône, Jean fut rempli d’une grande joie, tout son chagrin ayant disparu, et il résolut fermement de passer le reste de sa vie dans la skite du Saint (La Thébaïde du Nord). (Un skite est un ermitage, dans lequel un groupe d’ermites vit en retrait sous l’autorité d’un monastère principal).

 

Même si nous sommes alités, nous devons continuer la lutte contre les passions en produisant des fruits dignes de repentir. Ce travail de perfection exige de nous d’acquérir la patience et la longanimité. Quelle meilleure façon de réaliser cela que lorsque nous sommes sur le lit d’infirmité ? St. Tikhon de Zadonsk (XVIIIème siècle) dit que, dans la souffrance, nous pouvons savoir si notre foi est vivante ou simplement «théorique». Le test de la vraie foi est la patience au milieu des souffrances, car «la patience est l’armoirie du chrétien». « En quoi consiste de suivre le Christ ? » demande-t-il. Suivre le Christ c’est «endurer tout, en regardant le Christ qui a souffert. Beaucoup souhaitent être glorifiés avec le Christ, mais peu cherchent à rester avec le Christ souffrant. Pourtant, non seulement par la tribulation, mais c’est même avec beaucoup de tribulations, que l’on entre dans le Royaume de Dieu.  »

 

Pour ceux qui supposent qu’ils ne peuvent progresser dans la vie spirituelle que lorsque tout est « bien », saint Jean-Cassien (Vème siècle) répond : « Vous ne devriez pas penser que vous pouvez trouver la vertu seulement quand vous n’êtes pas contrariés, car il n’est pas en votre pouvoir d’éviter que les problèmes ne se produisent. Plutôt, vous devriez chercher la patience en raison de votre humilité et de votre souffrance, car la patience dépend de votre propre volonté »(Conférences). Vers la fin de sa vie, Saint Séraphim de Sarov (XIXème siècle) souffrait d’ulcères ouverts sur ses jambes. «Pourtant, comme sa biographie nous l’apprend, « en apparence il était toujours brillant et joyeux, car, en esprit, il ressentait la paix et la joie célestes qui sont les richesses de l’héritage glorieux des saints ».

 

« Vous êtes frappés par telle maladie », disent les saints Pères, « afin que vous ne vous éloignez pas de Dieu. Si vous pouvez supporter et remercier Dieu, cette maladie vous sera considérée comme une œuvre spirituelle » (Sts Barsanuphe et Jean, Philocalie). L’évêque Théophane le Reclus (XIXème siècle) explique : «Endurant les choses désagréables joyeusement, vous approchez un peu des martyrs. Mais si vous vous plaignez, non seulement vous perdrez votre partage avec les martyrs, mais vous serez de plus à plaindre. Soyez donc joyeux !

Afin de ne pas perdre le cœur quand nous tombons malade, nous devons penser et mentalement « embrasser les souffrances de notre Sauveur comme si nous étions avec Lui pendant qu’il souffre d’abus, de blessures, d’humiliations … la honte, la douleur des clous, le coup avec la lance, le flux d’eau et de sang. De là, nous recevrons une consolation dans notre maladie. Notre Seigneur ne laissera pas ces efforts aller sans récompense « (St. Tikhon de Zadonsk).

La patience que nous pouvons apprendre sur un lit de maladie ne peut être trop soulignée. L’Ancien Macaire d’Optina (XIXème siècle) a écrit à une personne qui était malade : «J’ai été très heureux d’entendre d’une personne qui vous est proche combien courageusement vous avez porté le cruel fléau de votre lourde maladie. En vérité, alors que l’homme selon la chair périt, l’homme spirituel se renouvelle.

 

Et à un autre, il écrit : «Loué soit le Seigneur que vous acceptez votre maladie avec douceur ! Supporter la maladie avec patience et gratitude est très apprécié par Celui qui récompense souvent les personnes souffrantes de ses dons impérissables.

 

« Considérez ces mots : Bien que notre homme extérieur périsse, pourtant l’homme intérieur est renouvelé ».

 

Saint Ambroise de Milan a comparé un corps infirme à un instrument de musique cassé. Il a expliqué comment le «musicien» peut encore produire de la «musique» agréable à Dieu sans son instrument :

 

« Si un homme habitué à chanter en accompagnement d’une harpe trouve la harpe brisée, et ses cordes défaites … il la met de côté et au lieu de l’utiliser, il se réjouit de sa propre voix. «De la même manière, un homme malade permet à la harpe de son corps de se trouver hors d’usage. Il trouve du plaisir et réconfort dans son cœur en sachant que sa conscience est claire. Il se soutient avec les paroles de Dieu et les écrits prophétiques et, en les considérant comme doux et agréables à son âme, il les embrasse avec son esprit. Il ne peut rien lui arriver parce que la présence gracieuse de Dieu lui fait plaisir … Il est rempli de tranquillité spirituelle » (Jacob et la vie heureuse).

 

Souvent, la «musique» spirituelle la plus douce parmi toutes est produite dans l’anonymat, par des saints inconnus ou presque inconnus. Mais de telles « mélodies » sacrées sont d’autant plus douces qu’elles sont entendues par Dieu seul. Un tel malade contemporain qui a vécu une vie semblable à un ange malgré une maladie avancée et terrible était la sainte nouvelle martyre russe, Mère Maria de Gatchina. (XXème siècle). Son histoire n’est connue que parce qu’il a plu à Dieu que providentiellement un de ses visiteurs, le professeur I. M. Andreyev, enregistre ses souvenirs.

 

Mère Maria a souffert d’une encéphalite (inflammation du cerveau) et de la maladie de Parkinson. « Tout son corps devenait comme enchaîné et immobile, son visage était anémique et semblable à un masque, elle pouvait parler, mais elle parlait avec une bouche à moitié fermée, à travers ses dents, prononçant lentement de façon monotone. Elle était totalement invalide et avait toujours besoin d’aide et de soin. Habituellement, cette maladie s’accompagne de brusques changements psychologiques, de sorte que les patients atteints finissent souvent dans les hôpitaux psychiatriques. Mais Mère Maria, qui était une invalide physique totale, non seulement n’a pas dégénéré psychiquement, mais a révélé des qualités complètement extraordinaires de sa personnalité qui ne sont pas caractéristiques de ceux atteints par cette maladie : elle devenait extrêmement douce, humble, soumise, peu exigeante, concentrée en elle-même, elle devenait absorbée par une prière constante, portant son état difficile sans le moindre murmure.

 

« Comme récompense pour cette humilité et cette patience, le Seigneur lui a envoyé un don : celui de la consolation de la souffrance. Des gens complètement étrangers et inconnus, souffrant, de douleurs, de dépression et de découragement, ont commencé à la visiter et à discuter avec elle. Et tous ceux qui sont venus ont été consolés ressentant une illumination au milieu de leur chagrin, une pacification de leur douleur, un apaisement de leurs peurs, la guérison de la dépression et du découragement « (The Orthodox Word, vol. 13, n ° 3).

 

« Ainsi, Dieu a agi comme un Père providentiel et non comme un ravisseur, il nous a impliqué au commencement dans des choses pénibles, nous donnant à la tribulation en quelque sorte comme à des maîtres d’école. Etant alors châtiés et attristés par ces choses, et que par la suite ayant fait preuve de patience et de compréhension, toute cela étant une discipline correcte, nous devenions héritiers du Royaume des Cieux « (Saint Jean Chrysostome, Homélie 18, Sur les Statues).

 

Prière de notre saint Père saint Ambroise, évêque de Milan

 

Saint Ambroise attribua cette prière à l’apôtre Matthieu, à l’occasion de la conversion de l’apôtre.

 

Je suis seul, Seigneur Jésus, O Toi qui guérit mes blessures. Qui me séparera de l’amour de Dieu, qui est en Toi ! La tribulation, la détresse, la faim ? Je suis tenu solidement comme par des clous et je suis attaché par les liens de la charité. Tranche, Seigneur Jésus, avec Ton épée puissante, la corruption de mes péchés. Assure-moi dans les liens de ton amour ; coupe ce qui est corrompu en moi. Viens vite pour mettre fin à mes nombreuses afflictions cachées ou secrètes. Soigne ma blessure de peur que l’humeur maléfique ne se propage. Par le moyen de la purification, nettoie en moi tout ce qui est souillé. Écoutez-moi, hommes attachés à la terre, qui dans vos péchés produisent des pensées insensées : j’ai trouvé un médecin. Il habite dans le ciel et donne sa guérison à ceux de ce monde terrestre. Lui seul peut guérir mes douleurs, et personne d’autre. Lui seul sait ce qui est caché, Lui seul peut enlever la douleur de mon cœur et la peur de mon âme – Jésus-Christ. Le Christ est la grâce, Le Christ est la vie, Le Christ est la Résurrection ! Amen.

FIN

Source ; http://fatheralexander.org/booklets/english/fathers_illness.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Saints Pères : sur la maladie (5)

La vision chrétienne de la médecine.

Quand on a demandé à saint Basile le Grand si le fait de s’adresser à un médecin ou de prendre des médicaments était conforme aux voies de la piété, il a répondu :

« Tout art est un  don de Dieu pour nous, et il complète ce qui manque à la nature … Après qu’il nous a été dit de retourner à la terre d’où nous avons été tiré [à l’époque de la chute], et que nous sommes devenus attachés à la chair qui porte en elle  la douleur , destinée à mourir et soumise à la maladie à cause du péché, la science de la médecine nous a été donnée par Dieu afin de soulager la maladie, au moins dans une certaine mesure (Les longues règles) ».

« Par conséquent, nous pouvons avoir recours aux médecins et prendre des médicaments, car cette science est un don de Dieu. « Dieu a donné les herbes de la terre, et ses breuvages, pour la guérison du corps, en ordonnant que le corps qui est tiré de la terre, soit guéri par diverses choses qui proviennent de la terre.  Quand l’homme a été renvoyé du Paradis, il est tombé immédiatement sous l’influence des infirmités et des maladies de la chair. Dieu a donc donné la médecine au monde pour le réconfort, la guérison et le soin du corps et a permis son utilisation par ceux qui ne pouvaient pas placer toute leur confiance complètement en Dieu (saint Macaire le Grand, Homélie 48) ».

Quand faut-il aller chez le médecin et à quelle fréquence, cela doit être une question de bon sens. Mais quand nous allons, nous ne devrions «pas oublier que personne ne peut être guéri sans Dieu. Celui qui se consacre à l’art de la guérison doit aussi se confier à Dieu, et Dieu enverra de l’aide. L’art de la guérison n’est pas un obstacle à la piété, mais vous devez la pratiquer avec la crainte de Dieu (Sts. Barsanuphe et Jean, Philocalie) ». Continuer la lecture de Les Saints Pères : sur la maladie (5)

Les Saints Pères sur la maladie (4)

(4) Maladie et prière

Notre Sauveur nous a appris : « Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. En effet toute personne qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et l’on ouvre à celui qui frappe » (Matthieu 7: 7-8).

Par conséquent, lorsque nous souffrons, nous devons prier pour comprendre notre maladie, obtenir la patience pour la supporter ainsi que la délivrance si telle est la sainte volonté de Dieu. Nous sommes également invités à demander les prières des autres et surtout la prière de l’Église, car « la prière du juste agit avec une grande force » (Jacques 5:16).

« Quiconque est malade devrait demander la prière des autres, afin de restaurer la santé, et que par l’intercession des autres, le corps affaibli et nos pas qui chancellent puissent retrouver la santé … Apprenez, vous qui êtes malades, de retrouver la santé par la prière. Cherchez la prière des autres, demandez à l’Église de prier pour vous, et Dieu, à cause de Son égard pour l’Église, peut vous accorder ce qu’il pourrait vous refuser » (Saint Ambroise, sur la guérison du paralytique).

La grande prière publique de l’Église pour ceux qui sont malades est le Service de la Sainte Onction. Ce service, qui est long et extrêmement riche en lectures de l’Écriture, contient de nombreuses allusions aux figures bibliques qui ont été guéries par le pouvoir de Dieu, il donne, sous une forme concentrée, l’enseignement de l’Eglise sur la guérison.

Ce service identifie le Christ comme étant le «Médecin et le secours de ceux qui souffrent». Ce service invoque sur le malade, par l’onction de l’huile, la grâce du Saint-Esprit, qui guérit à la fois les âmes et les corps. Puisque Dieu «nous a donné dans Sa miséricorde envers nous le commandement d’exécuter l’Onction sacrée sur Ses serviteurs malades», le Christ lui-même est décrit comme «le chrême incorruptible» Qui, autrefois, avait choisi la branche d’olivier pour montrer à Noé que le Déluge était fini. (Depuis l’antiquité, l’huile d’olive a été utilisée dans la fabrication de l’Huile Sainte). Au moment du Déluge, la branche d’olivier symbolisait la tranquillité et la sécurité ; ainsi, le prêtre prie ainsi le Sauveur, que « par la tranquillité du sceau de Ta grâce (l’onction d’huile)», le malade guérisse ».

Reconnaissant que la maladie arrive parfois par l’activité des pouvoirs démoniaques, le prêtre demande : « Que les démons malins ne touchent pas les sens de celui qui est marqué par Ta divine onction ». Montrant ainsi que l’Église comprend également le lien entre le péché et la souffrance, le prêtre prie pour que, par cette onction, «la souffrance de celui qui est tourmenté par la violence des passions» puisse être annihilée.

Ce service de guérison explore de nombreux aspects du péché, de la souffrance et de la guérison. C’est un service profond d’intercession et de prière très élevée. Une remarque très importante devrait être faite ici : pendant la Sainte Onction, nous prions Dieu d’enlever la maladie, et qu’à la place de la maladie, nous lui demandons de donner «l’allégresse de la joie» (l’onction elle-même est décrite comme l’huile de joie dans les Psaumes), afin que celui qui était antérieurement malade puisse maintenant «glorifier Ta divine puissance». Par conséquent, l’un des buts de la guérison est de permettre à celui qui souffre de reprendre son service sain et actif envers Dieu. En signe de cela, il y a l’exemple de la guérison par le Sauveur de la belle-mère de Pierre : lorsque la fièvre la laissa, elle se leva et les servit. Il est très important pour nous d’avoir ceci en mémoire : lorsque nous sommes libérés du tourment d’une maladie corporelle, il est attendu de nous que nous emplissions nos lèvres de louanges à Dieu et que nous le servions en modifiant nos voies pécheresses et en nous limitant à Dieu et au monde à venir, comptant ce monde ici-bas pour rien.

Beaucoup ne découvrent pas la prière jusqu’à ce qu’ils soient dans la maladie. Et ceux qui ont toute leur vie participé pieusement à la prière publique de l’Église, découvrent pendant la maladie qu’ils ont malheureusement négligé les trésors de la prière intérieure. Saint Grégoire de Naziance, grand homme de prière, même si sa santé était bonne, s’écria lors de sa dernière maladie : «Le temps passe vite, la lutte est grande et ma maladie est grave, ce qui me réduit presque à l’immobilité. Que me reste-t-il sinon de prier Dieu ?  » (Lettres).

Pendant la maladie, la prière est capable de révéler des trésors véridiques et durables, « car si vous avez une force physique, les assauts de la maladie bloquent toute joie que vous ayez pu avoir de votre force physique … parce que tout ce qui appartient à ce monde est susceptible d’être perdu et est incapable de nous donner une joie durable. Mais la piété et les vertus de l’âme sont tout le contraire parce que leur joie demeure pour toujours … Si vous faites des prières continues et ferventes, aucun homme ne peut vous spolier de leurs fruits, car le fruit est enraciné dans les cieux et protégé de toute destruction parce qu’il est au-delà d’atteinte de ce qui est mortel « (Saint Jean Chrysostome, Sur les Statues).

Deux récits sur la vie des saints montrent comment une telle prière peut être simple et incorruptible. Dans la vie de l’Ancien le moine du grand habit Parthenius des Caves de la Lavra de Kiev, nous apprenons que, dans sa dernière maladie, même après avoir reçu la Sainte Onction, il a continué à faire sa règle de prière quotidienne et de lire tout le Psautier. La veille de son repos, il dit à ses enfants spirituels :

« Bientôt, bientôt je partirai. Hier, je n’ai pas pu terminer le psautier…seulement la moitié. »

« Est-il possible, mon père, que jusqu’à hier vous lisiez toutes vos règles habituelles ?»

« Oui, le Seigneur m’a aidé, après tout, je le fais maintenant par mémoire, je ne peux pas le faire avec mes lèvres car je n’ai plus de souffle, mais hier, je ne pouvais même pas le compléter même par la mémoire, car ma mémoire m’abandonne. J’ai seulement la prière de Jésus et les louanges à la Mère de Dieu auxquels je m’accroche sans cesse « (Vie orthodoxe, n ° 3, 1969).

Et dans la vie de saint Abba Dorothée (de Gaza), nous lisons la mort touchante de son disciple, saint Dosithée, qui était dans le monastère depuis seulement cinq ans, mais « qui était comme mort à cause de l’obéissance », car à aucun moment il ne faisait quelque chose selon sa volonté propre et ayant coupé tout attachement. Il avait toujours pratiqué la prière de Jésus, et quand sa maladie devint sévère, saint Abba Dorothée lui dit :

« Dosithée, prenez soin de la prière, veillez à ne pas en être privé. »

Très bien, mon père, répondit le moine, priez pour moi seulement.

Quand son état empira, saint Abba Dorothée lui dit :

« Eh bien, Dosithée, comment se porte la prière? Cela continue-t-il comme précédemment ?»

Il lui répondit : « Oui, mon père, par vos prières ».

Quand, cependant, cela devenait extrêmement difficile pour lui et que la maladie devint si sévère qu’il devait être porté sur une civière, Abba Dorothée lui demanda :

« Comment est la prière, Dosithée ?»

Il a répondu : « Pardonnez-moi, mon père, je ne peux plus continuer. » Alors Abba Dorothée lui dit :

« Eh bien laissez la prière, gardez Dieu dans votre esprit et faites comme s’il était présent devant vous » (The Orthodox Word, vol. 5, n ° 3).

De même, nous avons un exemple glorieux et inspirant de la place de la prière en période de maladie dans le récit de saint Grégoire de Naziance sur la maladie de son père :

« Il a souffert de la maladie et de la douleur corporelle. Le temps des souffrances de mon père a été la saison de la Sainte Pâques, la Reine des Jours, la nuit brillante qui dissipe l’obscurité du péché. De quelle sorte ses souffrances étaient-elles, je vais brièvement l’expliquer : tout son corps était en feu avec une fièvre élevée et brûlante, sa force l’avait abandonné, il ne pouvait pas prendre de nourriture, il ne connaissait plus le sommeil, et il était dans la plus grande détresse. Toute sa bouche était si ulcérée que c’était difficile et même dangereux d’avaler même de l’eau. La compétence des médecins, les prières de ses amis, aussi sérieuses et sincères étaient-elles, et toutes les attentions possibles, ne suffisaient pas. Dans cet état désespéré, sa respiration était courte et rapide et il n’avait plus la perception des choses présentes. Le moment de la Divine Liturgie divine était arrivé, c’est le moment de l’ordre qu’il convient de respecter et de garder le silence pour les rites solennels. A ce moment, mon père a été ressuscité par Celui qui éveille les morts. Au début, il s’est déplacé légèrement, puis plus résolument. Et d’une voix faible et indéfinie, il appela un serviteur par son nom pour qu’il lui fasse porter ses vêtements et le soutienne avec sa main. Le serviteur vint rapidement et l’attendait avec joie alors qu’il s’appuyait sur le serviteur comme sur un bâton, imitant Moïse sur la montagne et rassemblant ses faibles mains en prière  …

(Après la Divine Liturgie) Il s’est retiré à nouveau sur son lit et, après avoir pris un peu de nourriture et dormi, sa santé s’est lentement rétablie et ainsi le premier dimanche après Pâques, il était capable d’entrer dans l’église et d’offrir des actions de grâces …

« Au cours de cette maladie, la souffrance n’a pas chômé. Son seul soulagement était la Liturgie divine durant laquelle sa douleur disparaissait, comme pour un édit de bannissement » (Grégoire de Naziance : Sur la Mort de son père).

« Se reconnaître comme méritant un châtiment temporel et éternel précède la connaissance du Sauveur et conduit à la connaissance du Sauveur » (Evêque Ignace Brianchaninov).

(A SUIVRE)

 Source : http://fatheralexander.org/booklets/english/fathers_illness.htm