A propos du chemin spirituel

Nous ne devons pas dire vous devez (We must not must: Archiprêtre Michael Gillis)

Que dois-je faire pour être sauvé ? C’est une question normale lorsque nous atteignons l’étape de notre voyage spirituel au cours de laquelle nous commençons à réaliser que quelque chose cloche, que quelque chose est faux entre moi et Dieu. C’est une question naturelle, mais c’est une mauvaise question, du moins selon l’archimandrite Emilianos de Simonopetra (monastère sur le mont Athos). L’archimandrite Emilianos affirme dans une conférence intitulée «La progression de l’âme» qui a été transcrite et traduite en anglais et qu’on peut trouver dans le livre, Le chemin de l’Esprit : Réflexions sur la vie en Dieu.

« Ainsi, le premier élément dont nous avons besoin lorsque nous entamons pour notre voyage (spirituel) est le sentiment d’exil »

L’archimandrite Emilianos concède un peu plus tard que des mots comme «sentiment» sont inexacts et peut-être trompeurs parce qu’ils sont des mots que nous utilisons habituellement pour décrire une vaste gamme de passions et de sensations : j’ai faim, je me sens triste, je sens un caillou dans ma chaussure. Cependant, il fait exprès d’utiliser un mot tel que «sentiment» parce qu’il veut souligner l’expérience réelle de la vie spirituelle par opposition à une spéculation métaphysique ou philosophique sur la vie spirituelle. Il compare le voyage spirituel à un parcours vers la boutique du coin. Vous savez ce que vous rencontrerez le long du chemin vers le magasin parce que vous l’avez déjà connu avant : vous l’avez vu, entendu, senti et vécu. L’Archimandrite Emilianos dit que c’est la même chose pour le chemin spirituel, sauf que vous ne l’expérimentez pas avec les sens physiques, mais vous l’expérimentez intérieurement. Et parce que l’on fait effectivement l’expérience de la vie spirituelle, le mot «sentiment» est un mot qu’il est adéquat d’utiliser pour commencer à décrire les expériences de la vie spirituelle.

 

Et cette première expérience, ou du moins celle qui nous amène à commencer volontairement  le chemin spirituel, ce «premier élément» comme le dit Archimandrite Emilianos, c’est le sentiment d’exil, ce sentiment que tout n’est pas en règle  entre moi et Dieu, qu’il y a en quelque sorte une barrière, un mur entre moi et Dieu.

 

«Devant nous se tient maintenant l’âme ébranlée, l’âme exilée, emprisonnée par quatre murs et incapable de voir quoique ce soit. Cette même âme, cependant, cherche à briser la barrière, à briser les murs dans lesquels elle se trouve, et elle cherche à vivre avec Dieu. Comment doit-elle procéder ? »

 

L’Archimandrite Emilianos pose la question en utilisant le verbe «doit» (devoir), puis il fait aussitôt la déclaration suivante :

 

«Ici, nous devons savoir que, contrairement à nos attentes, il n’y a pas de« doit » (devoir, obligation). Un tel mot n’existe pas dans la vie chrétienne. L’idée que quelque chose «doit» être, ou «doit» avoir lieu, est un produit de l’intellect; c’est quelque chose qui résulte comme une conclusion logique, une déduction basée sur quelque chose dans les Évangiles, ou que le Christ a enseigné dans ses paraboles, ou qui concerne ses enseignements éthiques pour faire ceci ou cela. Mais le mot «doit» n’a jamais poussé personne à faire quoi que ce soit. Au contraire, il vous fait vous sentir comme un esclave et vous décourage de progresser. La force du «doit» n’émeut ni Dieu, ni le cœur [humain]. Il ne concerne que la logique de la délibération humaine, l’endurance de la détermination humaine, qui, comme nous le savons tous, est quelque chose qui s’étiole et s’évanouit très facilement. »

 

Parce que le «doit» est un produit de la délibération humaine et de la détermination, il ne peut jamais fonctionner dans le domaine spirituel parce que le cœur humain est tellement faible. Ce dont je suis convaincu aujourd’hui et déterminé avec tout mon cœur à faire, peut changer en un instant. De nouvelles informations, des circonstances différentes, des relations changeantes, tout cela et davantage influencent nos cœurs et nos esprits. L’archimandrite Emilianos le dit ainsi :

 

«La chose la plus fragile dans le monde est le cœur humain, avec toutes ses délibérations et déterminations. Les traits que vous avez et que j’aime, je peux plus tard les haïr. Et les caractéristiques   que vous avez et que je déteste maintenant peuvent plus tard faire que je vous aime. Je peux vous condamner, et en même temps proclamer que vous êtes la meilleure personne dans le monde. Je peux vous exalter jusqu’au ciel, et en même temps je peux vous souhaiter d’être en enfer. Je peux décider de devenir un saint, et au même moment je deviens un démon. »

 

Maintenant, je me rends compte que certains de mes lecteurs peuvent ne pas savoir que leur cœur est si changeant. Certains d’entre vous se disent peut-être : «Eh bien, je connais d’autres personnes qui sont inconstantes, qui ne respectent pas leurs engagements, qui n’ont pas la force intérieure ou la volonté de déterminer ce qui doit être fait et de s’en tenir jusqu’au but recherché. Mais moi je ne suis pas comme ça. »Pour ceux qui ont cette pensée, laissez-moi vous dire quelque chose que mon père spirituel m’a dit une fois. Il a dit que pour chaque péché que je vois chez les autres, si je suis capable de le voir c’est parce que le même péché existe en moi. Je peux ne pas exprimer le péché de la même manière, je n’ai peut-être pas eu, comme disent les détectives à la télévision, les mêmes «moyens, motivations et opportunités» que d’autres pour commettre de façon plus audacieuse et extérieure les péchés qui m’envahissent le cœur ; mais les péchés sont là néanmoins. Et si je suis prêt à demander à Dieu de me montrer les péchés dans mon cœur, soit dans ce cas, l’inconstance de mon cœur, de mon esprit et de ma volonté, Dieu sera probablement assez gracieux pour me les montrer. Les hymnes de l’Église nous enseignent qu’il est dangereux de dire avec le Pharisien : «Je ne suis pas comme les autres» (Luc 18, 11).

 

Mais pour l’Archimandrite Emilianos, l’inconstance ou le changement sont des caractéristiques de chaque cœur humain et esprit, c’ est pourquoi, pour lui, des mots tels que «doit» n’existent pas dans la vie chrétienne. Tout ce que je découvre sur la base de ma compréhension des manières ou principes ou «lois» de la vie spirituelle ne peut être appliqué de façon catégorique. Ni en ce qui me concerne et ni en ce qui concerne les autres. Cela ne signifie pas que nous ne découvrons pas des principes, des lois ou des lignes directrices pour la vie spirituelle, ni qu’ils ne peuvent être partagés avec d’autres. Ce que cela signifie, c’est qu’ils ne peuvent pas être appliqués, soit à moi-même ou à autrui, comme des contraintes, comme des «obligations ou devoirs» qui nous lient et nous asservissent. Quand on essaie de faire des progrès dans la vie spirituelle sous la contrainte des obligations (« on doit »), alors selon l’Archimandrite Emilianos, «cela fait que tu te sens comme un esclave et cela te dissuade de progresser».

 

Donc, s’il n’y a pas de «devoirs» dans la vie chrétienne, alors qu’est-ce que nous avons ? Comment pouvons-nous enseigner et nous guider sur le chemin spirituel ? Eh bien je pense que l’Archimandrite Emilianos dirait, que d’abord, il faut s’appuyer très humblement, avec prudence sur notre propre expérience réelle. Pour employer sa métaphore, c’est comme donner des directions pour aller à la boutique du coin. Si je n’y ai jamais été, alors je ferais mieux de garder la bouche fermée sur la façon d’y arriver, même si j’ai étudié toutes les cartes. Et si je sens que je dois parler, alors je dois parler avec attention, réalisant que beaucoup de ce qu’une personne éprouve effectivement le long du voyage ne sera pas communiqué par n’importe quelle carte. Et même si j’ai fait ce voyage moi-même une centaine de fois, il faut un grand soin pour donner les directions, car ce qui est pour moi un repère évident sur le chemin peut être complètement manqué par quelqu’un d’autre qui emprunte exactement le même chemin. Guider quelqu’un sur le chemin de son voyage spirituel vers Dieu est très semblable. Les points de repère de mon expérience avec Dieu qui se démarquent dans mon esprit comme les plus significatifs, peuvent ne pas être exactement les mêmes points de repère qu’un autre rencontre ou trouve significatif.

 

Il m’est arrivé à plusieurs reprises dans le cadre d’une conversation avec mon père spirituel ou une autre personne sage ou en lisant un livre d’un écrivain spirituel que j’ai eu le « déclic» le moment où j’ai réalisé que j’ai effectivement eu une certaine expérience intérieure que, à l’époque, je ne considérais pas significative. Mais quand j’entends ou lis quelqu’un d’autre parler de la signification de ce qui semble être la même expérience dans son voyage, alors je commence à réfléchir sur ma propre expérience et je commence à réaliser qu’il y avait en effet beaucoup plus de signification dans cette expérience que je n’avais déjà réalisé. Je ne l’ai pas vu, ou je n’ai pas remarqué son importance à l’époque. Comme marcher vers le magasin du coin, même si tout le monde prend exactement le même itinéraire, tout le monde est susceptible de remarquer les repères différents et d’apprécier les différents sites, odeurs et sons le long du chemin. C’est pourquoi «doit» est un mot si dangereux dans notre vocabulaire spirituel.

 

J’aimerais terminer aujourd’hui en soulignant que le «doit» peut être communiqué sous de nombreuses formes sans réellement dire le mot «doit». D’une manière générale, le mot «devrait (ou bien vous devriez», surtout dans le contexte de l’orientation spirituelle, porte la même force que «doit»)… C’est devenu une sorte de carton rouge pour moi, ce mot «devrait». Dès que j’entends les mots «vous devriez» se formant dans mon esprit, moi-même ou à d’autres, je le considère comme un signe que j’ai probablement cessé d’avoir une inspiration spirituelle réelle ou une orientation utile, et que je suis probablement en train de m’appuyer sur ma propre analyse rationnelle, mes propres déductions et conclusions. Quand je commence à entendre le mot «devrait» dans mon esprit, alors je me dis, «puisqu’il s’agit du conditionnel devrait », il vaut mieux probablement arrêter maintenant. Il faut se taire et prier.

 

Je ne le fais pas toujours. En fait, je ne me tais pas autant ou aussi vite que je le voudrais. Parfois, l’analyse rationnelle est tout ce que je possède ou tout ce que je semble avoir. Et quand c’est le cas et que les circonstances sont telles que je me sens obligé de dire quelque chose, alors je fais de mon mieux pour prononcer mes mots aussi librement que possible. Je ne veux pas que mon enfant spirituel ou qui que ce soit et qui vient à moi pour obtenir des conseils, se sente pris au piège, se sente asservi, ou se sent comme s’il devait faire ce que je lui dis ; p arce que s’il se sent prisonnier et esclave, parce-que dans ce cas, et selon l’Archimandrite Emilianos, il ne va pas aller de l’avant, il restera bloqué où il est. Le progrès dans la vie spirituelle, dans la vie chrétienne avec Dieu, ne se fait que dans la liberté, seulement lorsque nous apprenons «à agir et à avancer sur la base  … d’une sorte de vision, c’est-à-dire sur la base de la perception intérieure de l’âme et un sentiment pour ces choses ». Quand nous agissons de cette façon, il n’y a pas de «doit-obligation ». Il n’y a que des repères établis par ceux qui nous ont précédés, en fait des conseils de voyageurs (spirituels) chevronnés, ceux que nous appelons nos pères spirituels et nos mères.

Source:http://www.pravmir.com/must-not-must/

Juste imaginez…

Source: http://frlawrencefarley.blogspot.ru/2016/12/just-imagine-john-lennon.html

Dans l’hagiologie [ l’hagiologie traite des saints ou des choses saintes] du monde, il semble que lorsque la mort frappe soudainement avant l’heure (alors qu’on est encore relativement jeune), elle donne alors  un parfum de sainteté séculier et fait que ceux qui meurent avant leur temps sont dotés du statut de saints. Prenez par exemple la mort prématurée de la princesse Diana (…), elle a été instantanément saluée comme «la princesse du peuple» après sa mort dans un tunnel de Paris et elle a été associée avec Mère Térésa (elles sont mortes à quelques jours d’intervalle) ; certains les ont décrites comme se tenant les mains et marchant dans le Ciel comme deux saintes. Une comparaison sérieuse des vies et des choix de la princesse Diana et de Mère Teresa, bien sûr, ne peut conforter ce jumelage, ni l’idée que la Princesse Diana était du genre   de saint qu’était Mère Teresa. Mais la mort prématurée apporte avec elle une réponse émotionnelle qui submerge le discernement.

 

Nous voyons cela dans le cas de John Lennon, mort à l’âge de 40 ans en 1980, abattu alors qu’il rentrait chez lui avec Yoko Ono dans leur appartement de New York. Il est mort de ses blessures et a été déclaré mort à son arrivée dans un hôpital voisin le 8 décembre à 11 h 07. John Lennon était connu pour sa défense de la paix dans le monde, et il est devenu comme un emblème de cette cause. Ainsi que  Wikipedia le rapporte : Lennon et Ono ont utilisé leur lune de miel selon ce qu’ils ont appelé un« Bed-In pour la paix » (au lit pour la paix) à l’Hôtel Hilton d’Amsterdam. À un deuxième « Bed-In » trois mois plus tard, à l’hôtel Queen Elizabeth à Montréal, Lennon a écrit et enregistré «Give Peace a Chance». Sorti comme un solo, cette chanson a été rapidement adoptée comme un hymne anti-guerre. En décembre, ils ont payé pour des panneaux publicitaires dans 10 villes du monde qui ont déclaré, dans la langue nationale de chaque pays, «La guerre peut se terminer ! Si vous le voulez ».

Il est difficile d’échapper au message perpétuel de Lennon : chaque année à la période de Noël, nous entendons sa version de « Happy Xmas (War is Over) » sur les ondes radio. Cela me fait toujours penser à son autre succès perpétuel, « Imagine », qui s’ouvre avec la lyrique : « Imaginez qu’il n’y a pas de Ciel. C’est facile si vous essayez. Pas d’enfer en dessous de nous ; au-dessus de nous seulement le ciel. Imaginez tous les gens qui vivent aujourd’hui. Imaginez qu’il n’y ait pas de pays. Ce n’est pas difficile à faire. Aucune cause pour tuer ou mourir, et pas de religion non plus. Imaginez tous les gens vivant en paix… ».     Le dédain de Lennon pour la religion est ici associé à l’enthousiasme de sa génération pour la paix, et la combinaison a trouvé une grande résonance dans l’esprit et le cœur de beaucoup. La disparition prématurée de John Lennon a servi à placer sa vie et ses vues au-delà de toute critique si timide soit elle.   «Saint John (Lennon) » ne peut pas être facilement contredit.

La question peut cependant être posée : qu’est-ce que John Lennon savait réellement des véritables causes de la paix et de la guerre et pourquoi les nations se livraient la guerre les unes aux autres ? Plus important encore, pourquoi les nations sont-elles parfois dissuadées d’aller à la guerre ? Il est peu probable que quelqu’un ait jamais été dissuadé de ses propres impulsions guerrières parce que John et Yoko se sont fameusement permis d’être photographiés au lit ensemble ou en lisant leurs panneaux annonçant «La guerre est finie ! Si vous le voulez ». Il est également peu probable que l’abolition de la religion et des pays fasse l’affaire, car les personnes partageant le même pays et n’ayant aucune religion discernable se livrent encore à la guerre les uns contre les autres. Bien sûr, quand cela se produit dans le même pays, on l’appelle non pas «guerre», mais «crime», mais l’impulsion guerrière est la même néanmoins. La guerre existe dans le cœur humain, et ni les   « bed-in » ni les slogans ne peuvent l’éliminer de ce coeur. Y at-il quelque chose qui puisse le faire ?

Si John Lennon avait pu vraiment imaginer et penser en dehors du cadre du politiquement correct de sa génération (ou peut-être s’il avait lu une certaine théologie chrétienne), il aurait trouvé qu’il y a quelque chose qui peut supprimer la guerre du cœur humain et permettre à tous les peuples de vivre en paix. C’est mentionné par saint Justin le Martyr dans son dialogue avec Tryphon. Dans cette œuvre, saint Justin écrit : «Nous qui sommes saturés de guerre et de massacres mutuels et de toute méchanceté, nous avons échangé nos armes de guerre, nos épées en charrues et nos lances en faucilles d’élagage, et nous cultivons la piété, la droiture, la bonté envers le prochain, la foi et l’espérance que nous avons du Père Lui-même à travers Celui qui a été crucifié ». En d’autres termes, le sentiment religieux que Lennon dédaignait comme cause de guerre était en réalité le seul capable de surmonter la pulsion guerrière. Le scénario sécularisé que John Lennon nous propose d’«imaginer» n’a jamais produit la paix tellement désirée même si certaines personnes l’ont souhaité.

Il est évident que c’est trop demander que John Lennon soit familier avec les écrits de saint Justin Martyr car c’était en dehors de son champ d’intérêt. Par contre la chanson « Snoopy’sChristmas » de la Garde Royale interprétée en 1967 comme suite à leur précédente chanson populaire « Snoopy vs. The Red Baron », lui est sans doute plus familière. Dans cette chanson de Noël, le baron rouge est sur le point de tirer sur Snoopy dans un combat aérien de la Première Guerre mondiale lorsque soudain il entend sonner les cloches des églises en-dessous annonçant la veille de Noël. Ému par cela et par ce que cela implique pour la paix sur la terre, le Baron Rouge décide de ne pas abattre son adversaire, mais plutôt de le forcer à débarquer derrière les lignes ennemies. Bien que Snoopy s’attendait à ce que ce soit la fin, il voit plutôt le baron rouge lui souhaitant un Joyeux Noël et lui offrant un toast pour les fêtes. La chanson se termine avec les deux qui volent dans des directions opposées, refusant de se battre la veille de Noël.

La chanson n’est pas entièrement fantaisiste. Elle est basée sur la trêve historique de Noël de 1914. Ce soir-là, les soldats allemands commencèrent à chanter des chants de Noël et furent rejoints par les soldats «ennemis» chantant à quelques centaines de mètres de à travers la ligne de front. Aussitôt ils ont abandonné leurs tranchées respectives et se sont rencontrés au milieu, conversant, partageant des boissons et des cigarettes et des objets personnels, montrant les uns aux autres des photos des personnes aimées laissées à l’arrière. Certains ont même joué un match de foot ensemble. Les généraux des deux côtés n’étaient pas contents, et plusieurs soldats furent ensuite jugés pour avoir pris part à la camaraderie. Vous pouvez comprendre pourquoi : il est difficile de persuader les hommes de tirer sur des personnes avec qui quelques instants auparavant ils avaient partagé une cigarette et échangé des objets personnels. Il est difficile de persuader les soldats dans les tranchées de faire des épouses des autres soldats des veuves et de leurs enfants des orphelins quand quelques instants avant ils avaient vu des photos de ces épouses et de ces enfants. Maintenant, grâce à leur célébration commune de la naissance du Christ, les autres soldats à travers la ligne de front n’étaient plus simplement des ennemis ou des monstres déshumanisés, mais simplement des hommes comme eux. La guerre avait éclaté en 1914 quand le patriotisme sain dégénéra en nationalisme malsain et fiévreux. La trêve s’est étendue tout au long de la ligne de front peu après en 1914, quand les hommes se sont souvenus de l’origine de leur foi chrétienne et de leur amour commun pour le Christ. L’engagement pour la paix en tant qu’abstraction politique n’a joué aucun rôle dans ce domaine. C’est la dévotion au nouveau-né qui l’a réalisée.

Voici le seul véritable espoir de paix et de guerre. La paix vraie et durable ne peut jamais venir de la politique, des «  bed-ins » ,des slogans, des plans et des politiques, car l’homme n’est pas fondamentalement un animal politique, et la politique ne peut pas guérir le cœur humain. L’homme est un animal spirituel, et la guérison du cœur humain ne peut venir que de causes spirituelles. Seul le Christ peut guérir le cœur humain, et la naissance du Christ annonce le seul espoir pour que tous les hommes vivent ensemble dans la paix. Saint Justin Martyr le savait. Même les gardes royaux et Snoopy et le Baron rouge le savaient. John Lennon ne le savait pas. Juste Imaginez s’il le savait.

Source : http://frlawrencefarley.blogspot.ru/2016/12/just-imagine-john-lennon.html.

Saint Jean Chrysostome: homélie sur la Nativité de Notre Seigneur

 

Image: Saint Mary Nativity 4 Magi 27 صورة

 

Ta naissance,ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de l’intelligence. Ceux qui servaient les astres sont instruits par l’astre de T’adorer, Soleil de justice et de Te contempler, Orient venant des hauteurs. Seigneur, gloire à Toi! (Tropaire)

La Vierge aujourd’hui met au monde l’Éternel et la terre offre une grotte à l’Inaccessible. Les anges et les pasteurs Le louent et les Mages avec l’étoile s’avancent. Car Tu es né pour nous , petit enfant, Dieu éternel! (Kondak)

 

Je vois un mystère nouveau et admirable!

La voix des bergers retentit à mes oreilles, différente des doux accords de la flûte, mais telle le puissant chant des hymnes célestes!

Les Anges chantent!

Les archanges font entendre leurs accords!

Les chérubins laissent éclater leurs cantiques!

Les séraphins rendent gloire!

Tous célèbrent cette fête dans laquelle ils contemplent un Dieu sur la terre et l’homme dans les Cieux. Celui qui était élevé, pour notre Salut, S’est abaissé par Son Incarnation; et celui qui était abaissé est élevé par la divine miséricorde!

Aujourd’hui, Bethléem imite le Ciel: les astres de son firmament sont les anges qui chantent leurs cantiques; son soleil est le Soleil de justice qui ne peut être circonscrit.

Ne cherchez pas comment cela a pu être accompli, car lorsque Dieu veut, l’ordre de la nature doit céder. Il a voulu, Il a eu la puissance, Il est descendu. Il nous a sauvés. La volonté de Dieu s’accomplit en toutes choses.

Celui qui Est aujourd’hui est né! Celui qui Est devient ce qu’Il n’était pas. Car tout en étant Dieu, Il devint homme, sans abandonner Sa divinité […] Des rois arrivèrent, et c’était pour vénérer le Roi céleste Qui venait sur la terre, non pas accompagné des Anges, des Archanges, des Trônes, des Dominations, des Puissances, des Principautés; mais traçant un chemin nouveau, une route non frayée, et sortant d’un sein immaculé.

Cependant, Il n’abandonnait pas le gouvernement de Ses Anges, ni ne Se dépouillait de Sa divinité du fait de Son Incarnation : les rois vinrent L’adorer comme le céleste Roi de gloire; les femmes Le vénérèrent comme né de la femme et changeant les douleurs de la femme en joie et en allégresse; les vierges Le proclamèrent comme fils d’une Vierge[..]; les enfants L’ont vu devenir petit enfant afin que de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle sortît Sa louange parfaite; les enfants ont vu en Lui l’enfant qui S’est servi de la fureur d’Hérode pour donner à leur âge la gloire du martyre; les hommes faits ont reconnu Celui qui S’est fait homme pour apporter remède aux maux de ceux qui vivaient sous le joug.
Pour les bergers, Il est le bon Pasteur qui donne Sa vie pour Ses brebis; pour les prêtres, Il est le Grand Prêtre selon l’ordre de Melchisédech; pour les serviteurs, Il est Celui qui a pris la forme de l’esclave afin de nous racheter de la servitude.

Pour les pécheurs, Il est le Pécheur de l’Humanité.

Pour les publicains, Celui qui a choisi un publicain afin d’en faire un évangéliste.

Pour les femmes de mauvaise vie, Celui dont les pieds furent arrosés des larmes d’une prostituée repentante.

Et, pour tout dire en un mot, les pécheurs ont tous pu voir en Lui l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde! Dès lors, puisque tous se réjouissent ainsi, je veux aussi me réjouir, je veux partager avec les choeurs, je veux célébrer une fête! Mais je ne participerai aux choeurs non en pinçant la cithare, non en agitant le thyrse, non en m’accompagnant de la flûte, non en portant des torches allumées, mais en portant dans mes bras les linges du Christ!

Car tout cela est mon espérance!

Tout cela est ma vie!

Tout cela est mon Salut!

Voilà ma flûte, ma harpe!

C’est pourquoi je m’avance en les portant, afin que leur puissance soit toute la force de mon discours et que je puisse, dire avec les Anges et les bergers : « Gloire à Dieu dans les Cieux! Et paix sur la terre, bienveillance parmi les hommes! »

Christ est né! Glorifiez-Le!

Amen.

http://stmaterne.blogspot.com/2007/12/saint-jean-chrysostome-sermon-sur-la.html

Critiquer quelqu’un cela est parfois comme si on le tapait…

Critiquer les autres peut être semblable à leur taper dessus….

En nous concentrant sur les péchés des autres, nous nous fixons comme mission de les corriger. Nous nous voyons appelés à aider ces pauvres malheureux en signalant leurs péchés et en leur disant comment ils peuvent devenir de meilleures personnes. Nous affirmons ne pas vouloir critiquer pour critiquer mais nous voulons être utiles. «Ne vous offensez pas», disons-nous, car «Je ne cherche qu’à vous aider à voir vos défauts, afin que vous puissiez devenir une meilleure personne. Je ne fais que signaler votre erreur parce que je vous aime, et comme une personne bienveillante je souhaite pour vous le meilleur ».
En vérité, l’esprit de jugement risque selon toute probabilité d’être contre-productif, car nos corrections peuvent être comme si nous frappions la personne, et notre analyse critique de leur comportement, de leur personnalité, ou même de leurs péchés, peut causer plus de dommages que de bien. Si nous voulons vraiment les aider, nous ferons mieux d’offrir  des pensées bonnes et aimables, de parler avec des mots d’amour et d’encouragement, et de prier pour ces personnes. Nous ne leur faisons pas une faveur en faisant office de thérapeute, en jugeant leur comportement et en les corrigeant comme si nous étions un fonctionnaire nommé par le tribunal. Les mots d’encouragement sont beaucoup plus susceptibles d’aider la personne, qu’une action négative et critique.

Refléter l’amour du Christ est beaucoup plus profitable pour ceux que nous aimerions aider, car lorsque nous vivons le Christ, la grâce abonde. D’autres voient l’amour que nous avons pour eux, et sont à leur tour attirés vers ce que nous avons. Seul le Christ peut changer le cœur, conduire le pécheur à la repentance, et apporter la guérison. Nous  ne pouvons qu’être l’agent de cette transformation en permettant à l’amour du Christ de briller à travers nous, et en démontrant sa grâce transformationnelle par la façon dont nous vivons, et comment nous aimons, et comment nous ne jugeons pas.

Cela dit, il y a certainement des moments où les gens doivent être corrigés pour leur propre bien. Lorsque ces occasions se produisent, nous devons nous assurer que la correction est donnée dans un esprit  d’amour, de sorte que la façon dont  le message est délivré  n’entrave pas son objectif. Des prêtres, des parents, des patrons et parfois même des amis peuvent être appelés à offrir de tels conseils, mais l’esprit d’amour doit toujours rester au centre du message.

C’est le Saint-Esprit qui nous donne le pouvoir de vivre en Christ et d’aimer les autres. Seule la grâce de Dieu peut changer les cœurs, et nous ne devons pas permettre à notre propre esprit critique d’entraver l’action de l’Esprit Saint chez les autres.

 

http://www.pravmir.com/correcting-others-can-like-hitting/

Source: The Morning Offering

Hegumen Tryphon, Abbot of All-Merciful Saviour Monastery

 

Sur le fils prodigue…(Saint Justin Popovitch)

 

Seul l’Evangile du Christ connaît dans sa plénitude le mystère du péché, la nature du péché, et tout ce qu’il recèle en lui-même. Le Fils prodigue de l’Evangile est l’exemple parfait du pêcheur repenti (Luc 15 :11-32). C’est par l’intermédiaire de sa libre volonté que le ciel et la terre, le diable et Dieu, l’enfer et le Paradis interviennent dans sa vie. Le péché appauvrit progressivement l’homme et tout ce qui est de Dieu en lui ; il paralyse en lui tout ce qu’il peut y avoir de divin en lui comme tout ce qui est nostalgie de Dieu. Mais le péché ne laisse pas l’homme définitivement abandonné à la répugnante étreinte du diable. Alors il garde les pourceaux de son patron –le diable- et ces pourceaux sont les passions toujours insatiables. La vie de l’homme n’est pas autre chose qu’une telle vie, c’est une vie où l’esprit s’égare et se brise, car dans cet émouvant récit, le Seigneur dit du fils prodigue : « et quand il revint à soi » (Luc 15 :17). Comment put-il revenir à soi ? Par le repentir. Oui, c’est le péché qui pousse l’homme à l’errance. Tout péché, fut-ce le moindre d’entre eux, représente toujours un égarement de l’âme, une aliénation de l’âme. Par le repentir l’homme reprend son esprit, revient à soi. Et sitôt rentré en soi il s’écrie vers Dieu, il hurle vers le ciel : « Père, j’ai péché vers le ciel et contre Toi » (Luc 15 :21). Et son Père des cieux ? Toujours mû par son immense amour de l’homme, il aperçoit son fils repentant qui se hâte vers Lui, il le plaint, il accourt, il l’embrasse et le baise, puis il ordonne à ses serviteurs célestes, les saints Anges : « Sortez la plus belle robe et revêtez l’en, et mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras et tuez-le : mangeons et réjouissons-nous car mon fils qui voici était mort et il revit ; il était perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à se réjouir » (Luc 15 : 21-24). Il en va ainsi de chacun d’entre nous comme de chaque pécheur repenti : c’est une réjouissance au ciel pour le Dieu tout –ami de l’homme et pour ses anges. Tout péché qui a fait l’objet d’un repentir conduit l’homme vers l’étreinte de Dieu, vers l’éternel Royaume du repentir de notre Père des Cieux. Mais tout péché qui ne fait pas l’objet d’un repentir produit la mort dans l’âme de l’homme, pour ensuite le projeter dans l’enfer éternel du diable. Seigneur, accorde-nous le repentir.

6ème centurie ascétique. Saint Justin Popovitch,(1894-1979).Les Voies de la connaissance de Dieu. Editions L’AGE D’HOMME. (1998).