Sur la patience de Dieu (Saint Paissios l’Athonite)

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Si nous pouvions comprendre la patience de Dieu!…En quelques secondes, Dieu peut bouleverser le monde et faire de tout le monde des croyants, et même des super croyants. Comment? Tout ce qu’il a à faire est d’appuyer sur le bouton « tremblements de terre »… A 8 sur l’échelle de Richter, les immeubles élevés s’écrouleront comme des ivrognes. A 10, tout le monde sera en train de hurler « Nous sommes pêcheurs, sauve-nous »; il se peut qu’ils disent aussi « nous allons devenir des moines ». Mais aussitôt que le tremblement de terre aura pris fin, alors qu’ils en sont encore tout secoués,  mais encore debout, ils retourneront aux clubs de bouzouki. Car leur retour vers Dieu n’était pas le résultat d’un repentir véritable, leur appel à Dieu était juste provisoire, le temps d’être sauvé du désastre.

La Fête de la Nativité: homélie de notre père parmi les saints, Saint Grégoire Palamas

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L’icône de la Nativité

 

Source: http://talitakum.over-blog.com/article-homelie-nativite-selon-la-chair-de-notre-seigneur-dieu-et-sauveur-jesus-christ-122235160.html

 

Homélie de la Nativité selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ

Aujourd’hui nous fêtons l’accouchement virginal; et mon discours s’élèvera, par nécessité, conformément à la grandeur de cette fête, et pénétrera dans le mystère, autant qu’il est possible, qu’il est permis, et que le temps s’y prêtera, pour que moi aussi je révèle une part de la puissance qui réside en ce mystère. Pour vous, frères, je vous en prie, tendez et élevez tous ensemble votre intelligence ; afin qu’enflammée depuis les lieux très-hauts de la divinité, elle s’attache parfaitement, avec plus de force, la lumière de la divine connaissance ; car aujourd’hui je vois le ciel et la terre recevoir un même honneur, et la voie qui monte d’ici-bas à ce qui se trouve au-delà de l’univers, rivaliser avec la condescendance du monde supérieur. Oui, s’il existe un ciel des cieux, si des eaux très élevées recouvrent les étendues célestes, et s’il existe un lieu, ou un état, ou encore un ordre par-delà ce monde, rien de tout cela n’est plus admirable, ni plus honorable, que la grotte, la crèche, les vases pour les ablutions, et les langes de nourrissons, car rien, parmi les événements qui se sont déroulés depuis les siècles sous le regard de Dieu, n’est plus profitable à chacun, ni plus divin, que ce qui touche à la Naissance du Christ, que nous fêtons aujourd’hui.

Oui, le Verbe prééternel, incirconscrit, le Maître de l’univers, comme un vagabond, un sans-abri, un sans-demeure, est aujourd’hui enfanté dans une grotte ; comme un nourrisson. Il est déposé sur une crèche, Il est vu par des yeux, il se laisse toucher par des mains. Il est enveloppé de langes ; ce n’est pas une substance intelligente qui n’existait pas encore, qui vient dans la création, ce n’est pas une chair destinée à se dissoudre peu après, qui est introduite dans le devenir, ce ne sont pas une chair et un intellect qui se joignent l’un à l’autre dans l’unité et l’organisation d’un être vivant, mais Dieu et la chair mêlés sans confusion par un intellect dans l’existence d’une seule hypostase divino-humaine, qui jusque-là était cachée dans le sein virginal en qui, et à partir de qui, par la bienveillance du Père et la coopération de l’Esprit, le Verbe suressentiel est venu à l’être. A présent, Il est délivré du ventre et engendré comme nourrisson, n’effaçant pas, mais au contraire gardant incorruptibles les signes de la virginité. Enfanté sans passion car conçu sans passion; en effet, celle qui L’a enfanté s’est révélée supérieure au plaisir passionnel durant la gestation ainsi qu’aux pénibles douleurs pendant l’enfantement: « avant que le travail des douleurs vînt sur elle, elle leur échappa » (Is 66,7), selon la parole d’Isaïe, et elle enfanta dans la chair le Verbe prééternel, de la divinité duquel, non seulement on ne peut découvrir les traces, mais encore dont le mode d’union avec la chair est inconcevable, la condescendance insurpassable; enfin, la sublimité divine et ineffable de son adjonction à notre chair dépasse toute intelligence et toute parole, au point de ne pouvoir admettre la moindre comparaison avec le créé. Car bien que l’on puisse regarder avec des yeux de chair Celui qui a été enfanté d’une jeune femme n’ayant pas connu l’homme, l’Écriture refuse toute comparaison en ces termes : « tu es éclatant de beauté parmi les fils des hommes » (Ps 44,2) ; il n’est pas dit, en effet : ‘plus éclatant », mais simplement « éclatant », pour ne pas comparer l’incomparable, la nature divine, avec le commun des mortels. Continuer la lecture de La Fête de la Nativité: homélie de notre père parmi les saints, Saint Grégoire Palamas

Faire du bien dans un monde mauvais

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Hortensias à petites fleurs

 

Source:http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2015/12/08/doing-good-in-a-bad-world/ Fr. Stephen Freeman

Un homme mauvais ne peut pas faire un monde bon.

« Il faut faire quelque chose ». S’il y avait un slogan qui convient pour le monde moderne, ce serait celui-ci. Son pouvoir réside dans sa vérité. Certaines choses sont tragiques et injustes, brisées et dysfonctionnelles. Toute analyse qui pourrait suggérer que rien ne doit être tenté va tomber dans l’oreille d’un sourd – et il devrait en être ainsi. Toutefois, c’est ici que la grande tentation de la modernité commence. Quelque chose doit être fait. Mais quoi ?

La modernité regorge de solutions et l’Amérique est la terre des solutions. Chaque Américain est un « mécanicien » de cœur. Nos arguments les plus forts et les plus durables sont sur la façon de réformer les choses : il faudrait plus de ceci, moins de cela ou plus ou moins de cela et davantage.

La première grande tentation de la modernité est l’illusion de la puissance et de la puissance efficace. Le pouvoir de faire une chose n’est pas le pouvoir de tout faire. Pour chaque exercice de la puissance vers une fin particulière, une foule de nouveaux problèmes inattendus et imprévus surgissent. Plusieurs fois, nous arrangeons les choses seulement pour découvrir que la solution est pire que le mal. Nous sommes nos pires ennemis.

La séduction exercée par la possibilité de contrôler est presque irrésistible. Chaque anxiété est une supplique pour avoir les moyens de contrôler l’objet de la peur. Et si nous pouvons faire beaucoup de choses, nous ne pouvons jamais tout faire. Le plus souvent, nos échecs et nos catastrophes opèrent au-delà de nos intentions et sont à l’extérieur de notre portée.

L’exemple du Christ se présente comme une contradiction à notre envie de contrôler. Car, bien que comme Dieu, Il aurait clairement pu faire tout, Il a fait seulement un nombre limité de choses. Tout son ministère a eu lieu dans un rayon de 100 km. A son achèvement, il avait rassemblé seulement quelques centaines de disciples. Il a été largement silencieux sur le sujet de la puissance romaine, et n’a dit presque rien sur les structures sociales. Bien qu’Il ait guéri quelques-uns, la plupart des malades sont restés malades. Nous entendons le cri du   « New York Daily  News », « Dieu ne résout pas ces problèmes ».

 

Bien sûr, l’hypothèse sous-jacente du « New York Daily News » (et de la plupart des gens) est que quelqu’un doit résoudre ces problèmes. Si Dieu ne le fait pas, alors nous le ferons ! D’autres concluent que Dieu pouvait le faire, mais que pour une certaine raison il veut que nous le fassions à sa place. Et d’autres encore diront que si Dieu ne le fait pas c’est parce qu’il n’y a pas de Dieu.

Toutes ces réponses sont fondées sur la croyance que quelque chose peut être fait et que, par conséquent il faut faire quelque chose (je ne pense pas spécifiquement au problème du terrorisme – car «ce quelque-chose qui doit être fait» que Dieu ne fait pas pourrait concerner presque tout). Aucune de ces réponses ne considère la possibilité que Dieu en fait, est en train de faire quelque chose, mais quelque chose de tout à fait inattendu et non envisagé.

La foi chrétienne enseigne que l’homme est lui-même le problème. Elle ne nous enseigne pas que les êtres humains sont mauvais, mais que nous sommes brisés, imparfaits et mal orientés dans nos vies. Le projet humain s’est égaré. Le Christ Lui-même est la première réponse : Il est l’Homme Nouveau.

Saint Séraphin de Sarov a dit «Acquiers l’esprit de paix et les âmes par milliers autour de toi seront sauvées ». Séraphim de Sarov ne peut pas être accusé de n’avoir rien fait. Il a immergé sa vie dans la prière et le jeûne et il a acquis l’Esprit de Paix. En tant que tel, il est devenu le salut de milliers d’âmes.

Le Christ a dit une fois à ses disciples, « Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous. » Cela pourrait être pris (à tort) pour signifier, qu’il n’y a rien que vous pouvez faire pour les pauvres. Cependant il est vrai que beaucoup a été fait pour les pauvres en Son nom plutôt que pour une autre raison. Mais les pauvres sont toujours présents. Ils sont toujours présents parce qu’ils vivent au cœur du problème qui est celui de l’humanité brisée, imparfaite et mal orientée. Et même si la pauvreté devait disparaître pour quelque temps, elle reviendrait assez rapidement. Ses causes ne sont pas uniquement économiques : elles sont existentielles.

La vie chrétienne dans le monde moderne est un art. Son cœur se soucie à juste titre pour le monde et même couve ses problèmes. Mais cet art n’est pas plus grand que le Christ. Nous ne pouvons pas réaliser nous qui sommes mauvais, ce que le Christ Lui-même ne cherchait pas, Lui qui est l’Homme bon. Car, à la fin, la perfection réalisée grâce au contrôle ne peut fonctionner que grâce à ce contrôle. La perfection absolue signifie un contrôle absolu. Cela devient le centre de quelque chose de démoniaque. Il est cependant vrai que nous cherchons seulement une amélioration relative et non pas l’absolue perfection. Ceci est quelque chose que nous pouvons, de temps à autre, faire réellement. Mais plus ce qui est envisagé est grand et plus la nécessité d’un contrôle s’impose. L’art de faire du bien exige de l’humilité.

Ceci est également vrai lorsque l’on veut traiter le mal. Nous ne pouvons pas débarrasser le monde du mal, peu importe sa forme. Nous ne pourrons pas détruire le terrorisme. Nous pouvons chercher à limiter sa portée et ses effets. La volonté de l’éradiquer complètement créerait inévitablement soit plus de terreur, ou encore des conséquences imprévues (tout comme le terrorisme contemporain est lui-même une conséquence imprévue).

Cela est particulièrement vrai dans nos vies personnelles. Beaucoup de gens dans le monde contemporain substituent les opinions et les sentiments à propos de problèmes situés ailleurs à l’action réelle dans un domaine particulier. C’est une existence imaginaire dans lequel nous nous livrons à du vide. Elle est principalement motivée par la rhétorique politique de la droite ou de la gauche et n’a que peu de conséquence.

 

Mais la véritable action  importante est en profondeur. La foi sans les œuvres est morte.

 

L’action véritable vient avec l’intégrité. La modernité veut faire du monde un endroit meilleur. L’action chrétienne reconnaît que moi-même je suis le premier de tous les problèmes. Si rien ne change en moi, alors rien de vrai n’est arrivé. C’est cela que saint Séraphim décrit comme « l’acquisition de l’Esprit de la Paix. »

Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse-moi ôter la paille de ton œil toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite ! Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’œil de ton frère. (Mat 7: 3-5)

Beaucoup traitent cette parole comme un avertissement pour éviter de juger les autres. Mais elle est aussi une description de la véritable action. Je peux aider mon frère concernant la paille dans l’œil, mais seulement si je suis occupé avec le problème plus vaste de ma propre poutre. Le péché entraîne le péché. Seule la justice guérit. Le monde a besoin de guérison et non pas de réforme.

«Faire du monde un endroit meilleur » est un discours prétentieux… Un starets plein de sagesse a dit une fois, « je n’ai pas besoin d’aller plus loin que mon propre cœur pour trouver la source de toute violence dans le monde. »

C’est là, dans mon propre cœur, que quelque chose doit être fait.

Doing Good in a Bad World

 

 

Pourquoi jeûner?

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L’Eglise orthodoxe prépare la fête de la Nativité de Notre Seigneur par une période de jeûne qui commence le 15 novembre.

POURQUOI NOUS JEUNONS

Le jeûne n’est pas très vivant et ne se porte pas bien dans le monde chrétien. Une grande partie de ce monde a depuis longtemps perdu toute relation vivante avec la mémoire historique du jeûne chrétien. Ce monde se comporte comme des juifs qui auraient entendu (pour la première fois) qu’il y avait une telle chose que la nourriture casher et qui décideraient de faire des règles pour savoir quoi manger et quoi ne pas manger parce que personne ne savait ce qu’était effectivement la nourriture casher.

Il y a d’autres segments de la chrétienté qui ont gardé de minuscules vestiges du jeûne chrétien traditionnel, mais face au monde moderne ils ont réduit la tradition à un presque insignifiant sacrifice personnel.

Je lisais récemment (bien que je ne me souviens pas où) que le rejet de l’Hésychasme était la source de toute hérésie. En termes moins techniques, nous pouvons dire que la connaissance de Dieu en vérité, en participant à Sa vie, l’union avec Lui par l’humilité, la prière, l’amour des ennemis et le repentir avant toute chose et pour tout, est le but de la vie chrétienne. L’hésychasme (du grec Hésychasme=silence) est le nom donné à la tradition orthodoxe de prière continue et de calme intérieur.

Mais cela peut être mal compris si c’est séparé de la connaissance de Dieu et de la participation à Sa vie, l’union avec Lui par l’humilité, la prière, l’amour des ennemis et le repentir avant toute chose et pour tout.

Et c’est le même chemin de la connaissance intime de Dieu (avec toutes ses composantes) qui est le contexte approprié du jeûne. Si nous jeûnons mais nous ne pardonnons pas nos ennemis – notre jeûne n’est d’aucune utilité. Si nous jeûnons et que nous ne rapprochons pas de l’humilité – notre jeûne n’est d’aucune utilité. Si notre jeûne ne nous rend pas encore plus conscients du fait que nous sommes pécheurs devant tous et responsable de tous, alors il n’est d’aucune utilité. Si notre jeûne ne nous unit pas avec la vie de Dieu – qui est doux et humble – il n’est alors à nouveau d’aucune utilité.

Le jeûne n’est pas un régime amaigrissant. … Le jeûne est à propos de la faim et de l’humilité (qui croît alors nous nous autorisons à devenir un peu faible physiquement). Le jeûne c’est pour permettre d’avoir un cœur brisé (cf.Ps50).

J’ai vu un plus grand bien accompli dans les âmes qui ont échoué dans la garde de leur jeûne que dans les âmes de ceux qui «ont jeûné selon les règles ». Les Publicains entrent dans le royaume de Dieu avant les pharisiens à chaque fois.

Pourquoi jeûnons-nous ? Peut-être la question la plus pertinente est «pourquoi mangeons-nous ? » Le Christ a cité l’Ecriture lorsqu’Il a été tenté par le diable et a dit : «L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nous mangeons comme si notre vie en dépendait alors que ce n’est pas le cas. Nous jeûnons parce que notre vie dépend de la parole de Dieu.

J’ai travaillé deux ans comme aumônier d’hôpital. Pendant ce temps, j’étais assis tous les jours à côté du lit de patients mourants – j’ai appris un peu plus sur la façon dont nous mourons. Il est un fait médical que beaucoup de gens deviennent « anorexiques » avant la mort – c’est-à-dire qu’ils cessent de vouloir s’alimenter. Plusieurs fois, la famille et même les médecins en sont très inquiets et essaient d’alimenter de force un patient qui ne survivra pas. Fait intéressant, il a été constaté que les patients qui sont devenus anorexiques avaient moins de douleur que ceux qui, étant devenus anorexiques, ont été contraints de prendre de la nourriture. (Rien de tout cela n’est valable pour l’anorexie psychologique qui afflige beaucoup de nos jeunes. Cela est une tragédie)

C’est comme si au moment de la mort, notre corps a une sagesse qui nous aurait échappé la plupart du temps. Notre corps sait que ce qu’il faut n’est pas la nourriture – mais quelque chose de plus profond. L’âme cherche et a faim du Dieu vivant. Le corps et la douleur peuvent nous détourner de Dieu. Et cela est atténué par la miséricorde de Dieu.

Le Christianisme en tant que religion – c’est-à-dire en tant que système théorique d’explications concernant le ciel et l’enfer, la récompense et la punition, est tout simplement le christianisme qui a été déformé de sa vraie nature. Soit nous connaissons le Dieu vivant soit nous n’avons rien. Soit nous mangeons Sa chair et buvons Son sang ou bien nous n’avons pas la vie en nous. Le rejet de l’Hésychasme est la source de toute hérésie.

Pourquoi jeûnons-nous ? Nous jeûnons pour que nous puissions vivre comme un homme qui meurt – et, qu’en mourant, nous naissons à la vie éternelle.

Fr. Stephen Freeman

Source : http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2015/11/12/why-we-fast-4/

 

Un témoignage

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Conférence sur le monachisme donnée par un prêtre de paroisse devant des moines. C’est un témoignage très intéressant qui aide le chrétien qui cherche à croître dans la foi.

 

Qu’est-ce qu’un monastère ?

Le monastère est semblable à une place forte qui combat le diable car les moines sont sa propriété (du moins c’est ce qu’il considère). Il est le prince de ce monde et les moines ont décidé de le quitter et de servir le Roi du Ciel qui est le Christ. Le diable vous veut à lui et vous lui avez déclaré la guerre, c’est pourquoi il considère que vous êtes arrogants et il va vous attaquer. C’est pourquoi on dit que la vie monastique est pleine de combats car les démons veillent sur ce qui leur appartient mais qui en réalité appartient à Dieu. Vous êtes l’armée du Ciel.

Quel est le projet des moines et moniales ? En ce qui concerne ma vie spirituelle alors que je demeure dans la cité, j’ai pris la décision qu’elle soit imprégnée de l’esprit monastique, pour que je retrouve le calme et que n’aie plus la colère. Cela veut dire que j’ai pris la décision de retourner à Dieu. Nous nous attachons aux choses mondaines, aux passions, aux plaisirs sans faire attention, non pas parce-que nous n’aimons pas Dieu, mais parce-que nous avons été éduqués ainsi dans nos familles et que nous ne connaissons Dieu qu’en paroles. Nous avons été éduqués de façon classique, routinière, Dieu étant absent (de nos préoccupations) bien qu’il y avait une partie consacrée à l’Eglise : le dimanche on nous mettait nos plus beaux habits et on nous prenait à l’église où nous passions une partie du temps à jouer, et ensuite au moment de la communion nous demandions au prêtre de nous en donner une bonne quantité car le vin était doux ! Nous n’en savions pas davantage, et puis nous avons grandi et nous n’en savions pas davantage pour autant. Mais en quoi consiste ce projet (des moines) ? De quoi s’agit-il ?

J’ai commencé à lire de nombreux livres spirituels jusqu’à ce que j’aie commencé à trouver des clés qui m’ont ouvert à la compréhension. Par exemple quand j’ai lu la phrase suivante « celui qui est né de l’Esprit est esprit et celui qui est né de la chair est chair » j’ai tout de suite pensé : je suis né de la chair puisque ma maman est chair. Mais qu’est-ce que la naissance de l’Esprit ? Et j’ai commencé à réfléchir là-dessus. Le saint apôtre Paul nous dit : « La chair et le sang (et donc la naissance selon la chair) ne peuvent hériter du Royaume des Cieux, et la corruption ne peut hériter l’incorruptibilité » et encore : « Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres, et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes ». Comment puis-je devenir à l’image de Dieu pour que je devienne céleste ?

Alors je me suis mis à la recherche à étudier et à lire pour apprendre comment devenir à l’image de Dieu, comment devenir céleste. Alors j’ai commencé à rechercher, à étudier, à lire pour essayer de comprendre ce qu’est la nature de Dieu. C’est quelque-chose de très difficile. A la fin, le Seigneur Jésus-Christ m’a éclairé. Le Christ qui est la Parole de Dieu, le Logos, nous a montré beaucoup de choses nous demandant de les comprendre en profondeur. J’ai commencé à lire les Pères de l’Eglise et les Pères qui nous ont précédé et qui ont donné beaucoup et plein d’explications…jusqu’à ce je comprenne comment parvenir à Dieu, comment devenir céleste et partager Sa divinité. Et j’ai compris que je ne pouvais atteindre cet objectif (la divinisation ou encore la sanctification) qu’en appliquant un projet de type monastique. En effet, je vous ai observé : je ne dois rien convoiter (ou désirer passionnellement quelque-chose), je dois pratiquer le jeûne et la prière, je dois consacrer ma vie à la prière, au repentir (métanoïa), aux demandes de supplication, dans le cadre d’une règle monastique, en obéissance totale et en renonçant à soi-même…je n’ai plus désiré vivre pour moi-même car c’est le Christ qui doit vivre en moi. Mais comment empêcher que les désirs passionnels jaillissent de moi ? Ces désirs passionnels ont leur origine dans ma chair, c’est la chair qui désire. « Tel est le terrestre, tels seront aussi les terrestres ». Tout ce qui est terrestre m’épuise. Je ne dois pas avoir un regard de convoitise, je ne dois pas entendre des paroles grossières, il ne faut pas que je désire manger beaucoup…comment mettre un frein à mes sens ? Alors je vous ai observé : vous fermez vos oreilles avec votre habit car vous ne souhaitez pas entendre des paroles qu’il est inutile d’entendre, lorsque je voulais vous saluer lorsque je ne connaissais pas encore ce qu’est le monachisme, j’ai remarqué que vos yeux étaient toujours baissés…Vous ne voulez pas vous mêler (aux troubles) qui viennent de la cité. Vous vivez à l’intérieur de votre monastère. Vous ne souhaitez pas entendre ce qui n’est pas de Dieu. Nous jeûnons 50 jours et vous vous jeunez de tout toute l’année : vous ne mangez pas de viande, vous n’utilisez pas les épices dans les plats…Telle est la vie monastique : je ne veux rien, je ne souhaite rien, c’est seul Dieu que je veux. Tout cela est bien beau ! Alors j’ai commencé à réfléchir là-dessus, ayant gouté à Dieu je ne pouvais plus envisager vie sans Lui, et je veux Lui devenir semblable.  Alors j’ai réalisé qu’il ne s’agissait pas seulement de prier, jeûner, supplier, verser des larmes et éprouver des sentiments ; mais qu’il s’agit d’un projet gigantesque : je dois changer (me renouveler : « métanoïa »), je dois chasser le vieil homme, l’ancien esprit qui provient du diable et qui peut être en moi sans que je ne fasse attention ! Lorsque j’étais à l’école puis à l’université je ne faisais pas attention. Lorsqu’une belle jeune femme passait à côté, je la regardais car j’étais un jeune homme. On ne m’a pas dit ce qu’il fallait faire. Je me suis demandé : qu’est-ce que l’esprit impur ? Quelle est la nature de Dieu ? J’ai fait des comparaisons et j’en suis arrivé à une conclusion : je veux être céleste comme les célestes. En d’autres termes, j’ai compris qu’il ne faut pas regarder une femme d’une façon qui ne convient pas : il faut la regarder comme si elle était ma sœur, et qui plus tard va avoir des enfants qui sont pour Dieu. Ou bien qu’elle sera une moniale qui va donner son cœur et son âme à Dieu devenant servante et épouse du Christ…Et pour que je ne la regarde pas de façon qui ne convienne pas, il faut que je veille à mon regard et le tienne ferme m’inspirant du comportement des moniales qui baissent les yeux lorsque je les salue.

Nous jeûnons cinquante jours par an et vous, vous jeunez toute l’année. Alors, qu’est-ce que le jeûne ? Le jeûne c’est renoncer à beaucoup de choses afin de recevoir les grâces, de se remplir de la grâce de Dieu. Le monachisme est donc un projet céleste : c’est le projet qui m’amène au Christ. Que je tienne en bride la chair et ses passions et que je m’emplisse de l’Esprit céleste, de l’Esprit Saint, du fait de mon amour au Christ. Je suis quelqu’un d’important ! Je suis un universitaire ! Je peux faire des conférences ! Mais en réalité, je ne suis rien du tout. Je peux être parmi des gens importants et ne pas savoir comment parler. Qui suis-je ? Le Christ Dieu a reçu des coups, il a renoncé à ce qu’Il est, et nous savons qu’Il est Dieu, et Il a obéi jusqu’à la mort sur la croix. Vous pouvez me demander : comment se peut-il que le Christ soit obéissant ? Lui qui as dit « Lazare, sors » et à qui les vents ont obéi, comment Lui peut Il obéir ?

Je ressens à l’intérieur de moi-même quelque-chose qui met en mouvement mes passions : par le jeûne j’ai limité ma gourmandise, par l’attention je refuse d’entendre des paroles salissantes, par la vue, je refuse de regarder de façon inconvenante. J’ai maîtrisé tout cela mais il y a toujours quelque-chose qui réveille mes passions ! Il y a donc quelque-chose enfoui à l’intérieur de moi et qui provient du prince de ce monde, il me fait réagir, il exerce une influence sur moi, et par un moyen étudié avec soin il agit sur moi en adaptation avec mon tempérament afin que je ne fasse pas attention à lui. La vie selon l’esprit monastique a été conçue afin de casser son emprise, et c’est pourquoi j’ai décidé de vivre ma vie selon l’esprit monastique autant qu’il m’est possible, malgré les difficultés dans ma vie quotidienne, car je n’accepte plus d’être amputé de ma nature spirituelle qui est à l’image de Dieu et à Sa ressemblance. Je ne veux plus être séparé de Celui qui a donné le Souffle de vie à Adam, Souffle qui est également en moi. Je ne veux pas que ce Souffle me soit extérieur ! Je dois Le retrouver, m’unir à Lui afin de rester avec Lui. Pour cela il n’y a que le projet monastique. Je suis prêtre, je suis donc supposé avoir lu les Evangiles. Comment me comporter dans ma paroisse ? Comment sauver des personnes qui se sont éloignées du chemin et qui sont tombés ? Le Christ qui est mort sur la croix pour eux m’a donné la mission de les aider vers le salut. Est-ce que je suis capable de parler et d’expliquer les versets (de l’Evangile) ? Est-ce que je suis capable de transmettre ce que j’ai appris à l’université ? Non, cela n’est pas suffisant. L’Esprit est nécessaire pour cela. Je dois me laver intérieurement afin que ce que je transmets soit marqué du sceau de l’Esprit. Afin de capter le cœur de ceux qui m’écoutent pour qu’ils ressentent l’enseignement et qu’ils quittent l’église en ayant acquis quelque-chose. De quoi ai-je donc besoin ? Que mon cœur soit semblable à celui d’un moine, que je ne désire rien posséder, que je ne regarde pas de façon inconvenante, que je ne reste pas en la compagnie de gens qui parlent de façon méprisante…

Une fois j’ai été invité à un repas, il y avait un énorme poisson de grand prix avec des fruits de mer délicieux à voir. Je regardai cela et j’étais à l’époque en plein milieu de ma recherche spirituelle vers Dieu. Et au lieu d’avoir envie de manger ces mets et de me dire que je n’aurai peut-être plus l’occasion d’en manger à nouveau je me suis dit : « Malheur à moi ! » Car j’avais vu quelques jours avant à la télé des images d’enfants qui mouraient de faim, des enfants à la tête squelettique et aux ventres enflés. L’image de ces enfants me revenait pendant que je regardais cette nourriture délicieuse, alors j’ai décidé de ne pas goûter à ce qui était sur la table. Mais que faire ? Il ne fallait pas causer de la peine à ceux qui m’avaient invité. Je me devais de paraître de bonne humeur. Je suis parti à la salle de bains et j’ai pleuré en demandant le secours de Dieu, le priant de me rendre malade afin d’avoir un prétexte pour fuir le repas. Sans doute qu’il s’agit d’un moment d’émotion injustifiée. Mais je ne pouvais faire autrement que de penser aux gens qui n’ont pas à manger. Je ne suis pas devenu prêtre pour jouir mais pour que les autres jouissent du Christ. Ou alors mieux vaut renoncer à la prêtrise et retourner chez moi ! Je ne pouvais plus supporter le mot de prêtre à cause des fautes commises par des prêtres : c’est comme tuer les gens, se glorifier de la croix affichée sur nos poitrines et se prendre pour des gens importants … Je me suis rendu chez le Père Elias Marcos (higoumène du monastère de Deir El Harf au Liban et endormi dans le Seigneur en 2011) ; et je lui ai parlé de cette invitation à ce repas copieux et de ce que j’avais ressenti et que je n’avais jamais ressenti avant. Il m’a dit : « c’est très bien ». Je lui ai dit : « Cela m’a épuisé, j’ai eu mal à l’estomac, j’ai eu des crampes d’estomac et j’ai fait semblant de manger. Je ne les ai pas laissés remarquer que je ne mangeais pas et j’avais pris la ferme décision de ne pas manger. Qu’en pensez-vous, vous qui êtes mon père spirituel ? ».

Il m’a répondu : « votre attitude a été une erreur ».

–  Mais pourquoi ?

– Et pourquoi toutes ces complications ? »

– Que fallait-il faire ?

-Est-ce que c’est toi qui avais préparé le repas ?

– Bien sûr que non !

– Est-ce que c’est toi qui a acheté ce poisson coûteux avec les fruits de mer ?

– Non !

–  Dieu a permis ce repas. Tu devais manger et rendre grâce. Peut-être que tu n’auras pas d’autre occasion de partager un repas comme celui-là. Dieu a permis que tu sois présent, alors mange et remercie le Seigneur. Ne complique pas les choses.

J’ai appris de cette expérience qu’il fallait manger de ce qui était offert ; que cela nous plaise ou pas. Ne pas refuser ce qui est offert, ne pas demander autre chose, et remercier le Seigneur pour Ses dons.

Toutes ces luttes pour imprégner mon cœur de l’esprit monastique étaient très dures ; elles sont aléatoires, je vis au gré de mes circonstances alors que la vie du moine obéit à une règle précise. J’ai beaucoup souffert et je suis arrivé à la conclusion que pour atteindre ce qui est céleste je dois en finir avec ce qui est terrestre et que je sois obéissant jusqu’à la mort. Ainsi, même si le P. Touma me réprimande, ce n’est pas moi qu’il réprimande mais le diable qui me poursuit et m’épuise en mon intérieur. Le P. Touma m’aime, c’est mon père (spirituel), c’est lui qui m’enseigne, il voit comment j’avance et comment le diable arrive pour me retenir et me faire marche arrière. Alors le P. Touma accourt pour l’arrêter et le réprimander, et moi dans mon manque d’intelligence, je crois qu’il me réprimande ce qui m’attriste ! Il en est de même avec Mère Myriam… (P. Touma et Mère Myriam sont respectivement higoumènes de deux monastères situés à Douma au Liban).

En fin de compte le projet monastique est un projet audacieux contre le diable car de son point de vue nous tous lui appartenons. Il nous mène et nous domine et en adhérant à l’esprit monastique nous prenons la décision de nous affranchir de lui. Alors il nous fait la guerre, mais : « Mon Dieu, c’est Ta face que je cherche ». Je ne désire pas autre que Toi. Je veux être céleste comme les célestes qui ont plu à Dieu depuis le commencement. Ma fonction de prêtre, si elle est dénuée de l’esprit monastique, est un échec. Et ma vie avec le Christ est un échec si mon cœur ne s’imprègne pas de l’esprit monastique et s’il n’est pas disposé à obéir jusqu’à la mort.

J’ai observé que le diable nous attaque le plus lorsque notre esprit cesse d’agir, de prier ou de lire. Par exemple, lorsque la Divine Liturgie se termine et que nous nous rendons à la cuisine pour préparer le repas et faire un peu de ménage…alors nous ne prions pas. Alors le diable vient et nous parle. Nous devons nous protéger pour rester avec Dieu par le moyen de la prière de Jésus, et si quelqu’un me fait une remarque désagréable, ne pas lui répondre directement mais dire « Seigneur Jésus Christ aie pitié de moi pêcheur » afin qu’il comprenne. Nous devons toujours demander la miséricorde car notre objectif est merveilleux et très élevé, il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Il est dommage de perdre les années. Le Royaume des cieux se trouve en nous et il est dommage de perdre le temps. Mon objectif est la sainteté, pourquoi dois-je attendre 40 ans pour cela ? Pourquoi je ne peux pas atteindre cet objectif en 10 ans et l’avoir en abondance ? Pourquoi perdre mon temps et m’occuper de futilités qui n’ont aucune espèce d’importance ?…Chaque fois que je fais quelque-chose qui peut me distraire je dois dire « Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi pêcheur » ; nous ne devons pas perdre même une seule minute afin de ne pas céder à la tentation car le diable ne se fatigue pas surtout avec les moines et les prêtres. La lutte que mènent les moines est encore plus dure que celle des prêtres.

Le père Antoun de Deir El Harf m’a dit lorsque je me suis entretenu avec lui à ce sujet : « Mais pourquoi tu penses au diable ? Tu lui donnes ainsi de l’importance et il t’attaque. Ne pense qu’au Christ et ne t’occupes pas du diable. Il ne peut rien nous faire ».

-Je lui ai alors dit : « Comment cela ? Comment lui donner de l’importance s’il ne peut pas m’attaquer ? »

– Le diable est pareil au commerçant qui décore la devanture de son magasin, il y expose des vêtements, des chaussures etc. Il ne force pas le consommateur à pénétrer dans son magasin. Il propose et si çà plait on entre et on achète. Le diable agit pareillement, il propose mais ne force personne car il est incapable de forcer qui que ce soit. Job a été tenté sur la permission de Dieu. Le diable a demandé la permission à Dieu de tenter Job. Il ne peut rien faire par lui-même. Lorsque le Christ est passé par celui qui était possédé par une multitude de démon, une légion, alors cette multitude s’est prosternée devant le Christ et a crié d’une voix forte : pourquoi es-Tu venu avant les temps fixés pour nous tourmenter ? Cela signifie que Dieu suscite la crainte, et que le diable ne peut rien contre Lui. Ne pensez pas au diable, ne lui accordez aucune importance. Ayez votre pensée tournée vers le Christ et le salut qu’Il offre car Il veut que tous soient sauvés, que tout le monde parvienne à la connaissance de la Vérité et obtienne le Royaume.

 

Père Youhanna Habib. Le 29 octobre 2015.

Source : http://holytrinityfamily.org/ahadeeth-talks?var=AVNsxNlFecdALMhJNgtjb7r3iWPmZEQYL-drv6syuKU