EXTRAITS DU 85eDISCOURS DE SAINT ISAAC LE SYRIEN
A propos de Saint Isaac le Syrien :
De l’homme lui-même, on ne sait presque rien, sinon qu’il fut, au viie siècle, évêque nestorien de Ninive. Né dans l’actuel Qatar (Golfe Persique), avec son frère, il devint moine alors qu’il était très jeune. Son renom de sainteté se répandit dans l’Empire perse, au point que les habitants de Ninive le réclamèrent comme évêque. Il fut consacré, vers 660, par le catholicos (patriarche suprême) de l’Église chaldéenne, Georges Ier (658-680). Il abdiqua seulement cinq mois plus tard pour se retirer comme anachorète au mont Matout parmi les ascètes du Nord (plus probablement Khuzistan, Iran, une région à forte population nestorienne jusqu’à la conquête musulmane). Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_de_Ninive
Question : quelle entrave empêche l’homme de courir au mal ?
Réponse : Il lui faut suivre continuellement la sagesse et se consacrer avant tout à l’enseignement de la vie. Il n’est pas d’autre entrave qui soit plus forte, pour empêcher le désordre des pensées.
Question : Jusques à quand celui qui suit la sagesse, doit-il la chercher ? Et où s’achève l’enseignement de celle-ci ?
Réponse : En fait il est impossible d’atteindre un tel terme quand on est en chemin. Les saints eux-mêmes n’accèdent pas à la perfection de la sagesse. On n’a jamais fini de marcher vers elle. Le chemin de la sagesse monte jusqu’à unir à Dieu celui qui la suit. Et tel est son signe : sa compréhension est infinie. Car la sagesse est Dieu Lui-même.
Question : Quel est au commencement le premier chemin qui nous fait approcher de la sagesse ?
Réponse : Rechercher de toute notre force la sagesse de Dieu. Nous y efforcer de toute notre âme jusqu’à la fin. Ne pas manquer, quand il le faut, de nous dépouiller de notre vie elle-même et de la rejeter pour l’amour de Dieu.
Question : quel est l’homme dont on peut justement dire qu’il est intelligent ?
Réponse : Celui qui a compris en vérité qu’il est un terme à cette vie, celui-là est capable de mettre un terme à ses fautes. Quelle connaissance ou quelle intelligence des choses est en effet plus grande que celle-ci : avoir eu la sagesse de sortir de cette vie en état d’incorruptibilité sans s’être laissé souiller par son agrément ? Si un homme affine ses pensées jusqu’à pénétrer le mystère de toutes les natures, s’il est riche de ce qu’il découvre et comprend en toute connaissance, mais si son âme est souillée par le pêché, s’il n’a pas témoigné de l’espérance de son âme, et s’il pense qu’il parviendra au port de confiance, il n’y a pas au monde plus insensé que lui. Car ses œuvres ne l’auront mené qu’à l’espoir de ce monde qu’il aura recherché tout au long du chemin.
Question : Quel dommage éprouve-t-on quand on chemine vers Dieu, si l’on délaisse les œuvres bonnes pour aller vers les tentations ?
Réponse : Sans affliction il n’est pas possible d’approcher Dieu. Et sans affliction il n’est pas possible de garder sa justice inaliénable. Si un homme ne fait pas les œuvres qui accroissent la justice, il refuse également ce qui la garde, et il se retrouve comme un trésor que rien ne protège plus, comme un combattant dépouillé de ses armes, comme un navire qui n’a plus son gréement, comme un paradis privé de la source des eaux.
Source : 85e discours d’Isaac le Syrien. Extraits de : Œuvres Spirituelles. Editions DESCLEE DE BROUWER. Traduction de Jacques Touraille. 1981.