Cette homélie résume avec force l’essence du christianisme.
Source: http://stmaterne.blogspot.com/
Condamnés à l’immortalité
L’homme a condamné Dieu à mort. Par Sa Résurrection, Il a condamné l’homme à l’immortalité. En échange des coups, Il l’embrasse. En échange de la trahison, une bénédiction. En échange de la mort, l’immortalité. L’homme n’a jamais montré autant de haine envers Dieu que lorsqu’il L’a crucifié. Et Dieu n’a jamais montré autant d’amour pour l’homme que lorsqu’Il est ressuscité. L’homme avait même voulu réduire Dieu à n’être qu’un mortel, mais par Sa Résurrection, Dieu a rendu l’homme immortel. Le Dieu crucifié est Ressuscité et a tué la mort. Et la mort n’est plus. L’immortalité s’est emparée de l’homme et du monde entier.
Par la Résurrection du Dieu-Homme, la nature humaine a été menée irréversiblement sur le chemin de l’immortalité, et est devenue redoutable pour la mort elle-même. Car avant la Résurrection du Christ, la mort était redoutable pour l’homme, mais après la Résurrection du Christ, l’homme est devenu redoutable pour la mort. Lorsque l’homme vit dans la Foi au Dieu-Homme ressuscité, il vit au dessus de la mort, hors de son atteinte. Elle lui est un marche-pied : « O Mort, où est ton aiguillon? O Hadès, où est ta victoire? » (1 Co 15,55).
Lorsque meurt un homme qui appartient au Christ, il ne fait que laisser de côté son vêtement de chair, dans lequel il sera à nouveau vêtu au Jour du terrible Jugement.
Avant la Résurrection du Dieu-Homme, la mort était la seconde nature de l’homme: la vie première, la mort seconde. Mais par Sa Résurrection, le Seigneur a tout changé : l’immortalité est devenue la seconde nature de l’homme, elle est devenue naturelle pour l’homme; et la mort lui est devenue non-naturelle. Comme avant la Résurrection du Christ, il était naturel pour l’homme d’être mortel, ainsi après la Résurrection du Christ, il est devenu naturel pour l’homme d’être immortel.
Par le péché, l’homme est devenu mortel et passager. Par la Résurrection du Dieu-Homme, il est devenu immortel et perpétuel. Telle est le pouvoir, la force, la toute puissance de la Résurrection du Christ. Sans elle, il n’y aurait pas de Christianisme. De tous les miracles, c’est là le plus grand. Tous les autres miracles y trouvent leur source et y mènent.
C’est de là que grandit la Foi, l’Espérance, l’Amour, la prière, et l’amour pour Dieu. Voyez donc : les disciples fugitifs, ayant abandonné en hâte Jésus alors qu’Il mourrait, reviennent vers Lui parce qu’Il est ressuscité. Voyez donc : le centurion confessant le Christ comme Fils de Dieu après avoir vu la Résurrection du tombeau. Voyez donc : tous les premiers Chrétiens qui sont devenus Chrétiens parce que le Seigneur Jésus était ressuscité, parce que la mort avait été vaincue. Ca, aucune autre religion ne l’a. C’est ça qui élève le Seigneur Christ au dessus de toute les autres divinités et tous les autres humains. C’est ça qui, de la manière la plus irréfutable qui soit, montre et démontre que Jésus-Christ est l’Unique Vrai Dieu et Seigneur du monde entier.
A cause de la Résurrection du Christ, à cause de Sa victoire sur la mort, des hommes sont devenus, continuent à devenir, et continueront à devenir Chrétiens. Tout l’histoire du Christianisme n’est rien d’autre que l’histoire d’un unique miracle, à savoir la Résurrection du Christ, qui tisse un lien ininterrompu à travers le coeur des Chrétiens, d’un jour au suivant, d’une année à l’autre, à travers les siècles, jusqu’au Jour du Jugement.
En fait, l’homme ne naît pas lorsque sa mère le met au monde, mais lorsqu’il en vient à croire au Christ Ressuscité, car alors il naît pour la vie éternelle, tandis qu’une mère fait naître des enfants pour la mort, pour la tombe. La Résurrection du Christ est notre mère à nous tous, tous les Chrétiens, la mère des immortels. Par la foi en la Résurrection, l’homme est né de nouveau, né pour l’éternité. « C’est impossible! » dit le sceptique. Mais écoutez donc ce qu’en a dit le Dieu-Homme Ressuscité : « Tout est possible à celui qui croit! » (Mc 9,23).
Le fidèle est celui qui vit, de tout son coeur, de toute son âme, de tout son être, conformément à l’Évangile du Seigneur Jésus Ressuscité.
La Foi est notre victoire, par laquelle nous conquerrons la mort; mais la Foi au Seigneur Jésus Ressuscité. Ô Mort, où est ton aiguillon? L’aiguillon de la mort, c’est le péché. Le Seigneur a enlevé le dard de la mort. La mort est un serpent; le péché est son croc. Par le péché, la mort introduit son poison dans l’âme et dans le corps de l’homme. Au plus un homme a de péché, au plus il est mordu, au plus la mort lui injecte son poison en lui.
Lorsqu’une guêpe pique un homme, il utilise toute sa force et son habilité pour enlever le dard. Mais lorsque le péché le blesse, ce dard de la mort, que faudrait-il faire? Il faut en appeler au Seigneur Jésus Ressuscité, dans la foi et la prière, afin qu’Il puisse arracher l’aiguillon de la mort planté dans l’âme. Dans Sa grande bonté et philanthropie, Il le fera, car Il est débordant de miséricorde et d’amour. Lorsque nombreuses sont les guêpes qui ont attaqué le corps de l’homme et l’ont blessé de nombre de dards, alors l’homme est empoisonné et meurt. C’est ce qui arrive aussi avec l’âme de l’homme, lorsque nombre de péchés l’ont blessé de leurs dards : elle est empoisonnée et elle meurt d’une mort sans résurrection.
En gagnant contre le péché en soi par le Christ, l’homme défait la mort. Si vous avez vécu le jour sans avoir vaincu le moindre de vos péchés, sachez que vous vous êtes engourdi. Vainquez un, deux ou trois de vos péchés, et voyez donc : vous êtes devenu plus jeune que la jeunesse qui jamais ne se fane, jeune dans l’immortalité et l’éternité. N’oubliez jamais que croire en la Résurrection du Seigneur Christ signifie mener un combat perpétuel contre les péchés, le mal, la mort.
Si un homme combat effectivement péchés et passions, cela démontre qu’il croit en effet au Seigneur Ressuscité. S’il les combat, il lutte pour la vie éternelle. S’il ne combat pas, sa foi est vaine. Si la foi d’un homme n’est pas une lutte pour l’immortalité et l’éternité, alors dites-moi, qu’est-elle? Si la foi en Christ ne nous amène pas à la résurrection et à la vie éternelle, à quoi nous sert-elle? Si le Christ n’est pas ressuscité, cela signifie que ni le péché ni la mort n’ont été vaincus, alors pourquoi croire au Christ?
Pour celui qui, par la foi dans le Seigneur Ressuscité, combat chacun de ses péchés, s’affermira graduellement en lui le sentiment que le Christ est en effet ressuscité, qu’Il a vaincu la blessure mortelle du péché, qu’Il a effectivement vaincu la mort sur tous les fronts du combat. Le péché diminue graduellement l’âme dans l’homme, la menant à la mort, d’immortelle, la faisant devenir mortelle, de l’incorruption, la faisant tomber dans la corruption. Au plus il y a de péchés, au plus l’homme est mortel. Si l’homme ne ressent pas l’immortalité en lui-même, sachez qu’il est dans les péchés, dans les mauvaises pensées, dans les sentiments indolents. Le Christianisme est un appel : combattez la mort jusqu’au dernier souffle, combattez jusqu’à ce que la victoire complète aie été atteinte. Chaque péché est une désertion; chaque passion acceptée, c’est comme battre en retraite; chaque vice, c’est une défaite.
Il ne faut pas être surpris que les Chrétiens meurent aussi corporellement. C’est parce que la mort du corps est ensemencement. Le corps mortel est semé, dit l’Apôtre Paul, et il croît, et il se relève dans un corps immortel (1 Co 15,42-44). Le corps se dissout, comme une graine semée, afin que l’Esprit Saint puisse accélérer la croissance et la perfectionner. Si le Seigneur Christ n’avait pas été ressuscité corporellement, qu’est-ce que cela aurait pu Lui apporter? Il n’aurait pas sauvé l’humain entièrement. Si Son corps ne s’est pas relevé, alors pourquoi Se serait-Il incarné?
Pourquoi aurait-Il assumé la chair en Lui, s’Il ne lui avait rien donné de Sa divinité?
Si le Christ n’est pas ressuscité, alors pourquoi croire en Lui? Pour être honnête, je n’aurais jamais crû en Lui s’Il n’avait pas ressuscité et n’avait dès lors pas vaincu la mort. Notre plus grand ennemi a été tué, et nous avons reçu l’immortalité. Sans cela, notre monde n’est qu’un étalage bruyant de stupidité révoltante et de désespérance, car nulle part au Ciel ou sous le Ciel on ne trouve plus grande stupidité que dans ce monde, s’Il n’y avait eu la Résurrection. Et il n’y a pas de plus grande désespérance que cette vie-ci sans l’immortalité. En un mot, il n’y a rien de plus misérable en ce monde que quelqu’un qui ne croie pas en la résurrection d’entre les morts. Pour une telle personne, mieux aurait valu de ne jamais naître.
Dans notre monde humain, la mort est le plus grand tourment, la plus inhumaine horreur. La liberté par rapport à ce tourment et cette horreur, c’est le salut. Un tel salut a été donné à la race humaine par le Vainqueur de la mort – le Dieu-Homme Ressuscité. Il nous a tous reliés au mystère du salut par Sa Résurrection. Être sauvé, cela signifie assurer à nos corps & âmes l’immortalité et la vie éternelle. Comment y parvenons-nous? D’une seule et unique manière, en menant une vie théanthropique, une nouvelle vie, une vie dans le Christ Ressuscité, dans et par la Résurrection du Seigneur.
Pour nous Chrétiens, notre vie sur terre est une école où nous apprenons comment nous assurer nous-mêmes la résurrection et la vie éternelle. Car à quoi bon cette vie, si nous ne savons acquérir par elle la vie éternelle? Mais afin de ressusciter avec le Seigneur Christ, l’homme doit d’abord souffrir avec Lui, et vivre Sa vie comme si c’était la sienne. S’il le fait, alors à Pâques, il saura dire avec saint Grégoire le Théologien : « Hier, j’ai été crucifié avec Lui; aujourd’hui, je vis avec Lui; hier j’ai été enseveli avec Lui; aujourd’hui, je ressuscite avec Lui » (Tropaire 2, ode 3 des Matines de Pâques).
Les Quatre Évangiles du Christ sont résumés en ces quelques mots : « Le Christ est Ressuscité! En vérité, Il est Ressuscité! »
Chacune de ses 2 phrases est un Évangile, et dans les Quatre Évangiles se trouvent toute la signification de toute la création de Dieu, du monde visible et invisible. Quand toute la connaissance et toutes les pensées des hommes sont concentrées dans l’acclamation de la salutation pascale, « Le Christ est Ressuscité! », alors la joie immortelle embrasse tous les êtres, et dans la joie ils répondent « En vérité, Il est Ressuscité! »