Le chant de Dieu (P. Steven Freeman)
Source:http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2012/01/19/the-song-of-god/
L’homme est une composition musicale, un hymne merveilleusement composé à l’activité créatrice puissante.
Saint Grégoire de Nysse1 (PG 44, 441 B)
Dans la pensée de saint Grégoire de Nysse, l’homme n’est pas seulement un chanteur, mais un chant. Nous ne sommes pas seulement chant, mais le chant de Dieu. En effet, dans un thème des Pères (de l’Eglise), toute la création est le chant de Dieu, parlé (ou chanté) et venu à l’existence. «Que la lumière soit», est plus que l’expression d’un commandement : c’est la prononciation d’une phrase qui organise l’univers comme un morceau musical. Dieu chante. Toute la création chante. Le chant de louange qui naît de la création est offert à Dieu, l’Auteur de toutes choses. C’est aussi le chant de la création elle-même, une révélation de la vérité de son être. La musique n’est pas un divertissement : si elle est réalisée correctement, elle est le cœur même de la création.
Les anges dans la vision d’Ésaïe (chapitre 6) s’écriaient mutuellement dans le chant : «Saint, saint, saint, est le Seigneur, Dieu des armées …» Le chant de l’un appelle le chant de l’autre. L’adoration est l’offrande de tout notre être, appelant le chant de toute la création en union avec le chant que Dieu Lui-même chante.
Pour se comprendre comme le chant de Dieu, il y a une phrase dans son hymne à la création, qui affirme tant notre unicité que notre union avec le tout. Notre prière, notre culte, notre vie, sont une offrande du chant que Dieu lui-même a soufflé.
Nos habitudes de pensée fournissent des moyens par lesquels nous nous concevons. Il me semble intéressant de noter que notre concept moderne de l’existence humaine a minimisé le rôle de la musique. La musique est quelque chose que nous faisons, une industrie par laquelle nous gagnons de l’argent. C’est un instrument pour la glorification des ego. La musique est déformée.
Dans le même temps, notre culture a fait de la musique un vaste secteur financier, les gens eux-mêmes sont devenus moins musicaux. La capacité de jouer d’un instrument (autre que l’air-guitare) a diminué profondément. Les programmes de musique au sein des écoles sont jugés trop coûteux à financer. Le nombre de jeunes sans formation ou expérience musicale continue d’augmenter. Les gens chantent rarement ensemble (une coutume autrefois universelle avant la modernité), sauf dans les environnements les plus structurés. La musique folklorique (la musique des peuples) disparaît rapidement (ces choses sont peut-être plus vraies en Amérique qu’en Europe).
Je ne devrais jamais prédire une disparition de la musique – car les êtres humains sont un chant et le chant ne disparaîtra pas. Mais vivre d’une manière qui nous aliène de notre qualité d’être le chant de Dieu est vivre avec un vide existentiel. Si l’homme est un chanteur, alors il doit chanter – et il doit chanter à Dieu.
Source ; http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2012/01/19/the-song-of-god/
1 Grégoire de Nysse (vers 331 à 394) est un intellectuel passionné de rhétorique qui enseigne la philosophie. Son épouse l’adore et c’est réciproque. Quand son grand frère, saint Basile de Césarée, le consacre évêque de Nysse, une petite bourgade rurale de Cappadoce, cet intellectuel le ressent comme un exil, mais il l’accepte par devoir dans un monde si peu chrétien. Il se heurte à l’empereur qui soutient l’arianisme et qui l’exile. Il reviendra dans son diocèse à la mort de Valens et se fait le champion de la foi en la Trinité. Il sera l’un des principaux artisans de la victoire de l’orthodoxie au concile de Constantinople en 381. Saint Grégoire de Nysse est sans aucun doute l’un des plus grands théologiens spéculatifs, d’une ouverture d’esprit rarement égalée. Ce maître de la théologie contemplative par ses grands traités spirituels, est en même temps un pasteur et un catéchète soucieux de se faire comprendre par tous.
Source : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/5103/Saint-Gregoire-de-Nysse.html