Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration Numéro 65, Juin 2021
Pentecôte (en grec Pentikosti) signifie cinquantième jour. C’est le jour de la Pentecôte que le Saint–Esprit est descendu sur les Apôtres sous forme de langues de feu, cinquante jours après la Résurrection du Christ. Souvenons–nous du récit de la Pentecôte raconté dans les Actes des Apôtres, au chapitre 2. Alors que les Apôtres se trouvaient tous réunis en un même lieu, un vent violent entra dans la maison et le Saint–Esprit s’empara de chacun d’eux, leur donnant le pouvoir de parler toutes les langues et d’être compris par tous les hommes.
L’icône de la Pentecôte
Comparons ce récit à l’icône que nous vénérons en cette fête, les douze Apôtres recevant les langues de feu. Nous trouvons une grande différence entre le texte des Actes et l’icône. Dans le récit, l’événement de la Pentecôte se fit avec un grand tumulte, ce fut un profond bouleversement. Alors que sur l’icône, nous voyons les apôtres sur deux rangées, siégeant dans un calme hiératique, comme pour juger les douze tribus d’Israël, selon la parole du Christ (Matthieu 19, 28). Ils ne sont que douze sur l’image, alors qu’il nous est précisé dans le texte que de nombreux frères étaient réunis, environ cent vingt personnes et quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus. Le calme des apôtres contraste totalement avec la description qui parle d’une agitation si forte qu’elle fut prise pour de l’ivresse. Les douze apôtres que nous voyons sur l’icône forment le collège apostolique. Le collège apostolique, c’est le fondement de l’Église, douze colonnes sur lesquelles repose l’édifice, bâti sur la pierre angulaire, c’est à dire le Christ. L’icône de la Pentecôte n’est pas l’illustration d’un événement historique, mais elle est le symbole de l’Église.La présence du Saint–Esprit est indiquée par les flammes qui viennent du ciel et reposent sur chaque apôtre. Alors que l’absence du Christ, absence nécessaire pour que vienne l’Esprit (Jean 16, 7), est indiquée par une place vide. En effet, on remarque que l’arc de cercle ne se referme pas en haut du fer à cheval que forment les apôtres, laissant un espace libre. C’est la place du Christ attendu pour le Second Avènement.Ce que les apôtres ont reçu le jour de la Pentecôte ne s’arrête pas au cercle apostolique, le Saint–Esprit est destiné à tous les peuples. Ce personnage couronné représente le Cosmos, l’univers dans son ensemble. La descente du Saint–Esprit sur les apôtres est un événement cosmique, la création tout entière sera pénétrée des rayons lumineux, les Énergies divines que Dieu communique. Le linge étendu signifie l’attente du monde, prêt à recevoir les dons de l’Esprit. C’est de l’Église, centre du monde, que part le feu qui va embraser l’univers. Le Christ et l’Esprit sont envoyés du ciel par le Père pour transfigurer la terre.Le roi couronné, tenant le linge, représente les nations réunies, prêtes à recevoir l’enseignement chrétien. Les langues de la Pentecôte font naître la compréhension entre les membres de l’Église, même s’ils sont de race, de pays et d’époques différents. Car tous partagent la « Bonne Nouvelle » du Christ ressuscité, « Bonne Nouvelle » annoncée et transmise de siècle en siècle, à partir des apôtres jusqu’à nos jours.L’aspect calme et ordonné des apôtres, formant un cercle harmonieux, représente la Communion des saints faisant de l’Église un seul corps, le Corps du Christ animé par l’Esprit Saint. Que deux ou trois soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux (Matthieu 18, 20). Dans l’Esprit Saint, les apôtres sont unis, mais ne se confondent pas, car chacun garde son identité, sa diversité. Ils sont l’image de Dieu, Trinité–Unité : les trois Personnes divines toujours unies et jamais confondues. De même les apôtres sont unis, mais ils ne sont pas uniformes. Le miracle des langues reçues par chaque apôtre personnellement, chacun parlant une langue différente, c’est le miracle de l’accord parfait dans la variété. C’est comme un orchestre jouant une symphonie: les instruments les plus divers s’accordent entre eux pour ne former qu’un seul son.De cette vision des douze apôtres unis dans l’Esprit Saint par le feu de la Pentecôte découle toute l’histoire de l’Église avec ses conciles, proclamant toujours et partout la même foi catholique et apostolique. L’union des apôtres avec le Saint–Esprit se perpétue dans toute l’Église, en commençant par les évêques, successeurs des apôtres. Cette concorde permet aux Pères de l’Église de dire, à chaque concile, la formule prononcée par les apôtres à Jérusalem : II a plu au Saint–Esprit et à nous (Actes des Apôtres 15, 28).
D’après Catéchèse orthodoxe, les fêtes de la vie de Jésus–Christ,2. La résurrection, éd. Cerf, pages 223–234