Extraits d’une homélie de Saint Jean Maximovitch (source : Orthodox Heritage, Vol.08, Issue 11-12).
Il y a beaucoup de gens qui pensent que pratiquer les commandements de Dieu et vivre selon la foi constitue quelque-chose de vraiment très difficile. En réalité c’est tout le contraire, c’est plutôt quelque chose de très facile. Il suffit de faire attention aux petits détails et d’éviter de faire le mal dans les choses les plus banales. C’est le moyen le plus simple et le plus sûr pour entrer dans le monde spirituel et de se rapprocher de Dieu.
Les gens pensent souvent que le Créateur exige de grands exploits, que l’Evangile insiste sur le sacrifice de soi le plus total, qu’il demande d’anéantir sa propre personnalité etc. Les gens sont alors tellement effrayés par ces « exigences » que par la suite l’idée de se rapprocher de Dieu se révèle comme une perspective inquiétante. Alors ils se cachent de Dieu, ne désirant pas jeter un regard sur Sa parole. « Si je ne peux rien faire d’important pour Dieu, il vaut mieux alors que je me tienne à l’écart des questions spirituelles, d’arrêter de penser à l’Eternité, et vivre de façon normale ».
Il se trouve que lorsque l’on commence la vie spirituelle, on éprouve une sorte d’attraction qui pousse à réaliser de grands exploits. On pense qu’il faut faire quelque-chose de très remarquable ou alors ne rien faire du tout. Et ainsi les gens ne font plus rien pour Dieu et ne s’occupent plus de leurs âmes ! Pourtant il faudrait que chacun adopte une attitude juste dans ses actions s’il y a le désir de se rapprocher du Royaume des Cieux.
« Désirer de se rapprocher du Royaume des cieux »….Ces termes résument la difficulté de la vie spirituelle. On souhaite souvent enter au Royaume de façon soudaine par un moyen « magique » ou alors en réalisant un grand exploit. Mais ce n’est pas ainsi que l’on trouve le chemin pour le monde d’En Haut.
On ne rentre pas au Royaume des cieux par un moyen extraordinaire alors que par ailleurs on est indifférent à ce que demande le Royaume, et on ne peut non plus acheter les Trésors du Ciel par un acte de portée éternelle même s’il s’agit d’une grande action.
Ce qui est nécessaire ce sont les bonnes actions, les saintes actions, pour que la personne puisse croître vers une vie plus élevée : il faut une volonté lumineuse, un désir bon, une psychologie céleste, un cœur pur et droit.
« En vérité je vous le dis, celui qui offrira à l’un de ces petites ne serait-ce qu’un verre d’eau, ne perdra pas sa récompense ». Ces paroles du Seigneur contiennent une haute estime du très petit bien ». Un verre d’eau…ce n’est vraiment pas beaucoup.
Dans tout dialogue entre les gens, il faut qu’il y ait un bon état d’esprit. Cet esprit est celui du Christ, qu’il soit ouvertement manifeste ou bien caché.
En tant que disciple- c’est la première étape pour dialoguer avec une autre personne au nom du Christ Lui-même. Beaucoup de gens, bien que ne connaissant pas le Seigneur et la chose merveilleuse que d’être appelé à Sa suite du nom de chrétien, possèdent au fond d’eux-mêmes une solidarité avec les autres hommes dénuée d’égoïsme ce qui les amène tout près de l’Esprit du Christ.
A ce propos, le « moindre bien » est plus nécessaire à l’humanité que le « plus grand bien ». Les gens peuvent mener leurs vies sans « le plus grand bien », mais sans le « moindre bien » ils ne pourraient pas survivre ! L’humanité dépérit non par manque de « grand bien » mais parce-que les biens qui sont « moindres » ne sont pas en nombre suffisant. Le grand bien n’est pas davantage qu’un toit qui s’appuie sur les murs en briques qui représentent la multitude des « petits biens ».
Le « moindre bien » nous a été laissé sur cette Terre par le Créateur Lui-même qui a pris sur Lui « le grand bien ». Celui qui fait le « moindre bien » fait acte de création et à travers lui c’est le Créateur lui-même qui crée pour en faire le « grand bien ». De nos petites bonnes actions c’est le Créateur Lui-même qui réalise le très grand bien. Car Notre Seigneur est le Créateur qui a fait toutes choses à partir du néant, Il est donc capable de réaliser le grand bien à partir du petit.
A partir de ces petits biens que l’on peut faire simplement, l’homme s’habitue à ce qui est bon et commence à agir en conséquence de tout le fond de son cœur. Ainsi peu à peu il entre dans une atmosphère qui est bonne et s’enracine dans une nouvelle terre, la terre du bien. Les racines de la vie humaine s’habituent très vite à cette bonne terre et bientôt la personne ne peut plus vivre autrement. Et ainsi l’homme est sauvé : du petit vient ce qui est grand. Etre fidèle dans les petites choses s’avère être fidèle dans les grandes.
Mettez de côté les grandes considérations de principe comme par exemple qu’il est interdit de massacrer des millions d’êtres humains ; contentez-vous de manifester votre sens moral en ne tuant pas la dignité de celui que vous côtoyez, que ce soit en paroles ou par certaines attitudes.
Ne vous mettez pas vainement en colère contre votre frère pour des choses peu importantes, et dans votre vie de tous les jours, ne racontez pas des choses fausses sur ceux qui vous sont proches. Ce sont des changements qui sont faibles en importance, mais agissez ainsi tous les jours et voyez ce qui en résultera !
Il est difficile de prier durant la nuit ; alors essayez de prier le matin. Et si vous ne pouvez pas prier chez vous, faites-le au moins sur le trajet pour vous rendre à votre travail. Dîtes un Notre Père en laissant les paroles de cette prière résonner dans votre cœur. Et le soir, remettez-vous entièrement dans les mains du Père Céleste. Cela est vraiment d’une grande facilité.
Ensuite donnez, donnez un verre d’eau fraîche à toute personne qui en a besoin ; donnez un verre rempli à raz-bord avec amitié à toute personne qui en manque, qui manque surtout d’une chaleur humaine.
Entourez-vous mes chers amis des petits actes de bonté comme une chaîne simple formée d’une suite de pensées claires et de sentiments lumineux. Laissons de côté ce qui est grand et difficile. Ces derniers sont pour ceux qui veulent les faire et non pour nous qui sommes encore incapables de réaliser ce qui est grand mais que le Seigneur dans Sa miséricorde nous a donné en abondance de pouvoir montrer partout « le petit amour » librement comme l’eau et l’air.
Saint Jean Maximovitch (1896-1966) a été successivement évêque de Shangai, d’Europe Occidentale puis de San Francisco. Homme de grande foi, il a été un pasteur remarquable. Beaucoup de témoignages circulent à son sujet, en voici un qui remonte à l’époque où il se trouvait à Shangai dans les années 1934-1948. Une dame avait été mordue par un chien enragé. Elle a négligé de prendre des injections contre la rage et elle contracta la maladie. L’évêque Jean l’ayant appris il vint pour donner la Sainte Communion à la dame qui était mourante. Quand elle prit les Saints Dons elle commença à baver et cracha les Saints Dons qu’elle venait de recevoir. Mais on ne crache pas les Saints Dons ! Alors l’évêque Jean les ramassa et les avala. Les personnes présentes ont dit à l’évêque que cela n’est pas possible car la maladie est très contagieuse. Mais lui leur répondit : « Il n’arrivera rien, ce sont les Saints Dons ». Et effectivement, il ne se passa rien.