GERONDISSA GAVRILIA
Gavrilia retourne en Grèce en 1945. Elle commence par enseigner le français et l’anglais…mais elle finit par s’installer définitivement à Athènes où elle acquiert rapidement une notoriété. Les malades venaient chez elle pour les soins et pour ses conseils. Elle était à la fois une confidente et une conseillère. Elle gagnait entre 500 et 600 drachmes par jour mais une fois de retour chez elle il ne lui restait plus un sou. Elle payait le loyer pour un aveugle, elle achetait des vêtements pour des chômeurs, elle payait les frais d’étude pour des étudiants…et elle travaillait de 9h à 18h, elle mangeait peu…et durant cette période de vie professionnelle on faisait appel à elle pour des missions de charité, ou pour accompagner des malades. Elle disait oui…
Gavrilia a accroché sur le mur de son cabinet l’icône du lavement des pieds qu’elle regardait pendant qu’elle soignait les malades. Le travail était aussi une occasion pour prier. Elle récitait dans son cœur la prière pendant qu’elle écoutait les problèmes de ses patients.
En 1954 sa mère décède. Elle avait avec sa mère un lien d’amour excessivement fort et c’est sur la base de ce lien d’amour qu’elle a appris à aimer Dieu et toutes les personnes. Cette mère qu’elle aimait tant donnait à chaque fois sa bénédiction à sa fille lui disant : « Pars mon enfant. Je t’attendrai. Ne t’inquiète pas. Pars ». Le jour où sa mère est décédée, Gavrilia a vécu une nouvelle expérience spirituelle. Elle a écrit à une amie en ses termes : « Je me suis trouvée brusquement morte, mais morte pour le monde ». Cette nuit-là elle l’a passée éveillée, une lumière indescriptible émanait de l’icône du Christ, et Gavrilia n’osait pas lever ses yeux…elle entendait une voix intérieure lui dire de tout vendre et de tout donner aux pauvres, et cette voix lui disait « Viens et suis-moi ». Mais où ? …En Inde !!! Mais elle ne connaissait personne en Inde et ignorait encore plus ce qu’elle ferait sur place. Gavrilia pria et demanda un signe du Seigneur pour s’assurer que Sa volonté est bien qu’elle aille en Inde et que cette pensée n’est pas une illusion. Elle reçut le signe demande trois jours après : un jeune homme d’une trentaine d’années se présenta chez elle, il était de nationalité britannique et d’origine indienne. Il lui rendait visite sur le conseil d’amis communs et il était de passage à Athènes pour quelques jours en attendant la poursuite de son voyage pour l’Inde…Gavrilia a compris que cette personne était le signe demandé au Seigneur.
Elle vend alors tout ce qu’elle possède…au point que ses connaissances ont cru qu’elle avait un peu perdu la raison à cause du décès de sa mère. Mais lorsqu’elle avait tout vendu voilà qu’elle est invitée à une conférence à Vienne. Alors elle part pour Vienne avec comme bagages deux livres : la Bible et un livre écrit par un indien qu’elle devait rencontrer par la suite. Et après Vienne elle est appelée comme volontaire bénévole, d’abord en Suisse, puis en Italie, ensuite à Haifa, puis à Chypre où elle reste un mois à soigner des gens. Fin novembre 1954 elle se rend au Liban, d’où elle part en Jordanie, puis en Irak. Elle part par la route jusqu’à Téhéran, puis vers les pays du Golfe…dans ses notes personnelles on trouve les noms de centaines personnes qu’elle a rencontrées dans ces déplacements…
Finalement elle arrive en Inde le mois de mai 1955 ; sur le conseil de ses amis elle passe sa première nuit en Inde dans une dépendance de la mission diplomatique britannique à Delhi. Et quelle surprise à son réveil pour son premier matin indien…elle entend quelqu’un jouer dans la rue avec un instrument une mélodie grecque bien connue à cette époque ! Elle ouvre sa fenêtre et voit un jeune indien qu’elle avait connu en Grèce et qu’elle avait soigné…Ce jeune homme avait entendu qu’une dame grecque se trouvait dans l’établissement et il voulait la rencontrer à sa façon. Gravilia a eu le sentiment qu’à travers ce jeune homme c’était toute l’Inde qui lui souhaitait la bienvenue.
Gravilia est restée plusieurs années en Inde où elle a soigné les lépreux. Elle avait trouvé un nouveau moyen de les soigner…les mains des lépreux retrouvaient grâce à Gavrilia (que les lépreux appelaient Layla la grecque) leur souplesse et retournaient à la vie. La méthode trouvée par Gavrilia est utilisée aujourd’hui par les médecins.
( à suivre)
Source : Bulletin numéro 29 daté du 8 novembre 2007 du monastère Mar Mikhael -Nahr Baskinta- Liban