Mar Abraham de Naptar: préceptes

Abraham de Naptar (vers 600) est originaire du village de Naptar dans la région d’Erbil (actuellement le Kurdistan irakien). Ses parents étaient chrétiens et ont été martyrisés par Sâhpurh (Sapor) roi de Perse. Il a été élevé par une vieille femme de sa parenté et quand l’enfant a grandi un peu, il a commencé à étudier les Saintes Ecritures et ayant réfléchi  il se consacra à la vie de moine. Il se rendit en Egypte où il apprit des saints moines du désert égyptien. Ensuite il retourna dans son pays. Il a été également l’évangélisateur de contrées situées aujourd’hui dans l’Azerbaïdjan. Il vécut trente ans dans une grotte dans une montagne avec un proche disciple appelé Ayoub (Job). Il fonda des églises et était très respecté par les gens du pays.  A sa mort, Denha, prince de l’Adiabène (qui se situe dans la région d’Erbil) enleva en grande pompe le sarcophage du saint et le ramena en Adiabène : il fut alors exposé dans le sanctuaire bâti par Mar Ayoub dans sa grotte en son couvent.

 

Avant tout, qui se soumet au joug du Christ doit avoir une fois affermie : qu’il s’applique au jeûne et à la prière ; mais surtout qu’il ait un amour ardent pour le Christ et soit humble, doux et prudent.

Il faut encore que sa parole soit véridique et bienveillante avec tout le monde, que son âme soit pure ; qu’il parle avec mesure, mette une haie à sa bouche pour y arrêter les paroles injurieuses ainsi que le rire inconsidéré.

Il faut qu’il évite toute recherche dans le vêtement, l’élégance de la chevelure, et surtout il ne doit pas l’oindre de parfums.

Qu’il ne prenne nulle part aux beuveries ; qu’il ne porte pas de vêtements ornés ; qu’il n’use de vin qu’avec modération.

Loin de toute parole superbe ; qu’il n’use jamais d’une langue rusée, ainsi échappera-t-il à l’envie et aux disputes.

Qu’il écarte de lui lèvres perfides et propos malveillants, surtout qu’il n’accepte pas d’entendre parler de lui-même ou de ce qui se dit contre lui.

Plus que la mort, est l’odieuse ironie ; que jamais elle ne lui monte au cœur. Qu’on lui fasse tort à lui, soit ; mais pas lui aux autres, ainsi évitera-t-il le trouble.

Que jamais il ne dise de plaisanteries, et surtout qu’il ne se moque pas du frère qui fait pénitence de ses péchés. Qu’il ne rie pas du frère qui jeûne, ni ne fasse honte à qui ne peut jeûner. Là où on l’accepte, qu’il fasse des remarques ; là où on ne l’accepte pas, qu’il apprenne à se connaître lui-même. Si on accepte sa parole, qu’il parle ; sinon qu’il se taise.

Qu’il ne s’avilisse pas aux convoitises de son ventre ; c’est à qui le craint que le Seigneur révèle son mystère.

Qu’il prenne garde au Malin : qu’il ne dise donc de mal de personne, même pas de son ennemi : ainsi verra-t-on qu’il n’a pas d’ennemi.

Surtout si on le jalouse beaucoup, doit-il augmenter encore ses bienfaits ; objet de jalousie, qu’il ne se laisse pas vaincre par les manœuvres des autres.

S’il a et qu’il donne aux indigents, qu’il s’en réjouisse ; qu’il ne se désole pas s’il n’a rien.

Nulle conversation avec les méchants ; qu’il ne parle pas avec celui qui a toujours l’injure aux lèvres de peur que le Seigneur ne soit blasphémé à cause de lui.

Fuyons la calomnie et n’aimons pas un homme pour ses belles paroles.

Voilà ce qui doivent pratiquer les solitaires qui, prenant sur eux le joug du Christ se font « pénitents » ; voilà comment ils doivent imiter le Maître qui « étant riche s’est fait pauvre » ; étant le Très-Haut, s’est abaissé et qui, possédant le ciel et la terre, en vint à n’avoir plus où reposer la tête. Eveille-toi ô mon cher, ô mon âme, aime cette part céleste, la virginité qui te fait participer à la vie des anges. Rien ne lui est comparable : c’est en des gens de telle sorte qu’habite le Christ.

Source : Mar Abraham de Naptar. Sa vie et ses écrits. Editions du Désert. www.editionsdudesert.com

 

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