RECONNAITRE LA VOLONTE DE DIEU
« Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? »
Aucune autre question sortant de la bouche d’un chrétien n’est plus déchirante ou qui peut mal orienter. Elle marque profondément car elle est souvent posée par des jeunes ou bien par des personnes qui pensent s’égarer sur leurs voies. Cette question est erronée qu’elle sous-tend un certain nombre d’assertions fausses aussi bien sur la nature de notre relation avec Dieu que sur la capacité humaine à savoir ce que Dieu veut. Cette question jaillit dans un milieu chrétien piétiste et qui se trouve dans un contexte de culture séculière qui exige (parfois) des décisions absurdes de la part des individus.
Le milieu piétiste
Le protestantisme classique, marquée par la pensée de Luther, Calvin et Zwingli a des choses bien définies à dire à propos de l’autorité des Ecritures et de notre salut. Cependant aucun d’entre eux n’avait une expérience personnelle intense ou des révélations particulières. Leurs disciples ont eu la tendance de systématiser leurs pensées dans des expressions doctrinales bien cadrées. Le but était de faire un catéchisme et de former les gens à la doctrine saine…Cette façon de faire a produit de bons luthériens, calvinistes et Zwingliens. Mais elle a également produit une réaction venant de directions diverses. Cette réaction consistait en le rejet du dogme « aride » et en la promotion d’une religion du cœur. Ce qui compte est la dévotion sentimentale au Christ…(vivre) une expérience religieuse. Le mouvement piétiste a des branches dans le monde protestant et même chez les catholiques. Ce mouvement est devenu progressivement la base du mouvement évangélique moderne (Pentecôtistes, charismatiques…).
Un aspect de l’expérience pieuse individuelle est de se conformer à la volonté de Dieu. Les libertés qui accompagnèrent l’effondrement du monde médiéval, en particulier les grandes possibilités ouvertes en Amérique, ont revalorisé le sentiment d’une orientation personnelle privée venant de Dieu. Le succès de beaucoup de gens, sur le plan de la fortune ou de l’innovation ainsi que d’autres aspects de la vie, ont servi de base pour suggérer que certains ont été mieux guidés que d’autres.
Les mouvements de renouveau évangéliques aux Etats Unis ont développé un modèle du « succès » (ou de la réussite) au sein du christianisme. De grandes foules et des méga-églises, une large influence populaire, tout cela n’était pas considéré comme unique mais comme le résultat d’une bonne direction dans la voie choisie, ainsi que de l’obéissance (à Dieu). « Si vous faites ce qui est juste, il en résultera de bonnes choses ».
Dans les Ecritures on trouve des récits de personnes qui ont été guidées par Dieu. Il s’agit le plus souvent de prophètes chargés de missions précises par Dieu… Le nouveau testament ; surtout les Actes, donnent des exemples d’intervention divine…
Non pas que les chrétiens n’ont pas toujours souhaité d’être guidé par Dieu dans leurs décisions… Wesley a admis que lorsqu’il cherchait quelle voie suivre, il ouvrait la Bible au hasard pour tomber sur un verset qui puisse lui indiquer la décision à prendre (mais il n’en n’était pas fier). De telles pratiques peuvent être comme des fétiches. Mais est-ce qu’une personne est supposée connaître la volonté de Dieu ?…L’écriture nous enseigne ceci :
Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. (1 Th 5 :18)
Certains peuvent être déçus de cela. La culture chrétienne populaire souscrit à de nombreux mythes de notre époque. Ceux qui sont relatifs au succès et au bonheur sont ceux qui ont pénétré le plus les esprits. On nous fait savoir qu’en effectuant le bon choix (dans le travail, le mariage…) et en s’impliquant avec persévérance (par l’éducation, l’effort) nous serons récompensés par une réussite et une bonne perspective. On nous dit « qu’est-ce qui peut être meilleur que de vivre en faisant ce que vous aimez ? ». Mais il y a une erreur dans cette façon de penser. Imaginez-vous que vous dites à un enfant « Quoi de mieux que d’avoir comme cadeau de Noel un jouet que tu aimes ? » Et nous savons tous qu’un jouet peut devenir ennuyeux avec le temps. De même, toutes les activités professionnelles deviennent du travail (au sens qu’ils deviennent une charge à assumer n’ayant pas toujours un aspect léger et agréable). Attention, cela ne veut pas dire que tous les travaux sont équivalents ou bien que nous ne devrions effectuer que certains types de travaux et pas d’autres ; mais le bonheur n’est pas le résultat de nos choix et de la récompense de ces choix.
Le message sous-jacent au piétisme moderne dans ses diverses formes (y compris orthodoxes) et qu’il n’y a rien parmi ce qui ne va pas bien en nous que les choix judicieux et les récompenses qui en découlent ne puissent corriger. Ce qui est requis est seulement l’information adéquate. Mais cela n’est pas ce qu’enseigne la foi chrétienne. C’est ce qui m’amène au point central de cet article : nous ne connaissons pas généralement la volonté de Dieu parce-que nous sommes des pêcheurs, nous sommes des êtres désorientés ou désarticulés, remplis d’orgueil, de colère et des autres passions. Nous ne connaissons pas la volonté de Dieu parce-que nous ne Le connaissons pas. Et la mesure de la connaissance de Dieu qui peut nous être donnée vient comme le fruit de notre repentir (repentir au sens originel de métanoia qui est transformation) ce qui se manifeste par la bonté, l’humilité, le détachement…
Certains essaient de contourner cette incapacité spirituelle (à connaître la volonté de Dieu) en se tournant vers quelqu’un de « saint ». Ainsi on cherche la direction d’un « Ancien » (un père spirituel reconnu pour sa piété et la profondeur de sa vie spirituelle) un peu comme dans l’antiquité lorsque l’on se tournait vers les oracles. La parole de confiance d’un Ancien peut effectivement réaliser des merveilles dans nos vies mais pas en tant qu’information [obtenir des connaissances], ce n’est pas par l’acquisition d’informations que nous sommes sauvés (mais en nous transformant). La parole d’un « Ancien » peut déclencher dans nos vies une chaîne d’évènements qui contribuent à notre salut. Dans ce cas c’est bon ; sinon nous n’en tirons aucun profit. Notre salut est la volonté de Dieu :
Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification. (1 Th : 4 :3)
Bien entendu, il y a dans nos vies de nombreuses situations pour lesquelles nous cherchons la bonne direction à prendre. « Devrais-je épouser cette personne ? » ou bien : « Quelle université choisir ? Pour quelle matière majeure je dois opter ? ». En tant que prêtre les gens viennent me voir avec de telles questions et j’en tremble. Qui suis-je pour donner les réponses à ces questions ? Parfois je pense ceci : « Si vous avez besoin d’un signe de Dieu pour épouser telle personne, peut-être que vous n’êtes pas prêts pour le mariage ». Il serait préférable que vous receviez un signe de Dieu pour ne pas épouser telle personne.
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En fin de compte quelle est la volonté de Dieu dans nos vies ? Elle est de garder les commandements et de rendre grâce en toutes choses. En appliquant ceci vous serez transformés de gloire en gloire à la ressemblance du Christ.
Extraits de : glory2godforallthings.com/2014/09/05/knowing-gods-will/